Nouvelle variation sur le thème du "Yéti" ou "Bigfoot", ce "Abominable" parvient au-delà des apparences trompeuses à ménager un suspense constant et ainsi à captiver son spectateur de bout en bout, en se dotant d'une intrigue intelligente et originale dans ce contexte.
Le script confronte une bande de jeunes femmes et leur voisins handicapé à une sorte d'abominable hommes des neiges affamé et dévastateur.
Après une séquence d'introduction bien maîtrisée et déjà pleine de suspense suivant un couple alerté par des bruits nocturnes qui va se retrouver face à une ombre gigantesque plus que menaçante, le métrage va mettre en avant son personnage principal, Preston, un homme visiblement perturbé à l'idée de se rendre dans son chalet, dont nous découvrirons peu à peu les tourments liés à un accident d'alpinisme qui a coûté la vie à son épouse et l'a rendu paralysé des jambes et ainsi "prisonnier" d'Otis, l'infirmier rustre l'accompagnant, pour une mise en situation s'intéressant essentiellement à nous faire découvrir son personnage dans le but aussi évident qu'atteint de nous le rendre attachant, aussi bien au travers de son passé douloureux que par son handicap le rendant complètement dépendant.
Une fois installé dans ce chalet, et alors qu'Otis se sera absenté pour une course en ville, Preston va suivre l'arrivée dans un chalet proche de quelques demoiselles bruyantes en week-end, tandis qu'il tentera de reprendre ses "marques" chez lui tout en finissant par trouver le temps long et l'absence d'Otis démesurément prolongée, créant de la sorte un suspense qui va monter peu à peu, surtout qu'une des jeunes voisines va vraisemblablement disparaître et que, cloué dans son fauteuil roulant, il ne pourra pas faire grand-chose.
Ensuite, l'intrigue va hélas quelque peu bifurquer de ce climat tendu, bien entendu déclenché par l'isolement de Preston et la menace rôdant le laissant sans défense dans ce chalet d'où il ne peut s'enfuir, pour précocement nous dévoiler sa créature qui va d'abord s'en prendre à trois hommes (dont celui de l'introduction) cherchant justement à voir le monstre et qui vont être largement servi, avant de s'attaquer aux demoiselles, sous le regard impuissant de Preston.
Mais au lieu d'amener simplement les attaques de la créature, le métrage va emprunter la dynamique du "Fenêtre sur cour" d'Alfred Hitchcock pour faire de Preston le témoin privilégié des assauts du monstre, celui-ci tentant comme il le pourra d'alerter ses malheureuses voisines, tout en rencontrant une incrédulité (due à son passif de personne quelque peu dérangée depuis son accident) des personnes qu'il pourra contacter.
Par contre, le dernier acte rentrera progressivement dans la norme pour amener des rebondissements plus communs, mais quand même dynamiques et palpitants, jusqu'au final hélas peu crédible, avant qu'un clin d'oeil énorme et savoureux ne vienne clore le métrage sur une note excellente et jouissive.
Si les personnages féminins du métrage n'apporteront pas grand-chose et resteront basiques (et parfois énervants), la personnalité de Preston sera largement mise en avant et contribuera aisément à rendre l'ensemble prenant et différent du commun des métrages du genre, tout en tirant remarquablement partie de son handicap pour générer une tension diffuse et oppressante dans la première partie du métrage.
La créature du film, intelligemment cachée au départ, sera par contre peut-être trop rapidement dévoilée, nous révélant un faciès assez original et graphique, certainement pas assez utilisé puisque celui-ci ne bénéficiera pas d'un temps de présence à l'écran important, mais suffisamment pour parvenir à apporter quelques effets de surprise réussis.
L'interprétation est convaincante, presque entièrement porté par un Matt McCoy très crédible, et on retrouvera avec plaisir Jeffrey Combs dans un second rôle croustillant, et alors que Lance Henriksen sera à nouveau confronté au yéti après un "Traque sauvage" guère probant. Enfin, Tiffany Shepis, une des égérie de la firme "Troma" viendra apporter un peu d'érotisme pour une séquence de douche ici détournée.
La mise en scène du réalisateur est dynamique, mais pêche parfois à trop vouloir utiliser l'effet de caméra subjective sans conséquence.
Les effets spéciaux sont globalement réussis, pour l'animation de la créature qui restera rarement visible, mais le métrage restera très "soft" au niveau gore, pour laisser le monstre tuer le plus souvent en hors-champ.
Donc, ce "Abominable" s'avérera être une bonne surprise, séduisante par son approche et généreuse en suspense et en tension !
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