Nous sommes tous des voleurs :
Réalisé en 1974 par Robert Altman, Nous sommes tous des voleurs (Thieves like us de son titre original) est une sorte de drame romantique sur fond de dépression économique. En effet, le film nous montre une Amérique des années 30 qui subit de plein fouet la récession économique. On suit au début du film les aventures de trois criminels qui se sont évadés de prison. Tous n'ont qu'un seul but : dévaliser des banques pour disposer d'une belle somme d'argent. Mais les personnages savent qu'ils ne pourront pas indéfiniment s'en sortir de cette façon. C'est d'ailleurs très justement que l'un des protagonistes déclare : « J'aurais dû voler les autres avec ma tête et pas un flingue. » Nous sommes tous des voleurs est une histoire d'autant plus tragique que l'on suit l'histoire d'amour entre l'un de ces évadés, Bowie (joué par un jeune et néanmoins excellent Keith Carradine) et Keechie (jouée par une Shelley Duvall tout en nuances), une jeune femme dévouée et très simple. On notera que cette histoire d'amour naît au moment où l'on entend dans le film une émission radiophonique du Roméo et Juliette de William Shakespeare. D'ailleurs, ceci est un indice très clair de la part d'Altman. La destinée de ce couple sera tout aussi tragique que celui de Roméo et Juliette. Bénéficiant d'une excellente distribution et d'un scénario efficace, Robert Altman signe avec Nous sommes tous des voleurs un bon film (même s'il tire un peu en longueurs) tout à la fois social (une Amérique qui se cherche sur le plan des valeurs) et intimiste (l'histoire d'amour de Bowie et Keechie). A voir.
8/10
Le privé :
Réalisé par Robert Altman, le privé permet au cinéaste de donner forme au détective Philip Marlowe, créé par Raymond Chandler. Robert Altman se sert d'ailleurs de ce personnage pour donner au spectateur un polar avec les codes habituels (enquête, femme fatale, personnages troubles, etc.) pour mieux les détourner. L'acteur Elliott Gould incarne parfaitement le personnage de Philip Marlowe en étant tout à la fois décontracté, moqueur, branleur, dépassé par les événements mais finalement détective très sérieux qui ne cherche qu'à résoudre l'enquête qu'il mène. Le film de Robert Altman bénéficie par ailleurs d'une mise en scène très fluide, d'une belle photographie et d'une musique quelque peu jazzy parfaitement dans le ton du film. Le suspense est constant dans le film, les événements étant particulièrement imprévisibles pour le spectateur qui, comme Marlowe, découvre les éléments les uns après les autres. Robert Altman en profite dans le film pour critiquer une Amérique des années 70 (le film date de 1973) où tout part en vrille et où finalement les gens ne recherchent plus qu'une chose : l'argent. Les valeurs morales semblent avoir disparues. D'ailleurs, Marlowe, qui est trahi à de nombreuses reprises, ne fait finalement que son boulot. Son personnage paraît quelque peu anachronique (mais cela est voulu) par rapport au reste de la société (voir par exemple les voisines babas cool de Marlowe). Sous son apparence de polar atypique et cool, Le privé est également une brillante étude psychologique. C'est un film essentiel dans l'oeuvre abondante de Robert Altman.
9/10
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