Oeuvre testament de l'immense cinéaste russe Andrei Tarkovski réalisé en Suède en 1986, Le sacrifice récapitule dans un magnifique geste cinématographique tous ses thèmes favoris, comme la foi, la déshumanisation de la société et la mort. Le film présente un personnage fêtant son anniversaire en famille qui se trouve soudain plongé dans un monde en proie à la guerre nucléaire. Afin de sauver les siens, il décide de se sacrifier lui-même, lui qui n'a jamais cru en Dieu. Superbement photographié par Sven Nykvyst, notamment dans le mouvement central du film où le monde est entre-deux et donc en couleur sépia, ponctué de symboles chrétiens (le film s'ouvre sur le superbe tableau de Leonard De Vinci, L'adoration des mages ; le personnage de Maria, sorcière ou sainte ; l'arbre en forme de croix, etc), Le sacrifice est une oeuvre certes difficile d'accès mais d'une beauté époustouflante. Et la dernière scène du film est l'une des plus belles de l'histoire du cinéma : ce petit garçon qui répète chaque jour le geste d'arroser un arbre mort qui refleurira ou pas. Tarkovski nous donne sa définition de la foi : la foi, c'est d'avoir la force de répéter le geste chaque jour, même si c'est en vain, donc de croire en quelque chose en dépit de tout.
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