Troisième volet (après les deux "Un justicier dans la ville") de la lutte violente du justicier urbain Paul Kersey contre la délinquance gangrenant les grandes villes américaines, ce "Le justicier de New-York" se débarrasse de tout ambiguïté pour nous offrir un spectacle définitivement décomplexé et résolument tourné vers l'action.
Le script suit donc une nouvelle vengeance de Paul Kersey qui cette fois-ci va être confronté à une bande de voyous dégénérés régnant en maître sur un quartier défavorisé de New-York et ayant eu le malheur de tuer un des amis du justicier.
Après un générique indiquant le retour du personnage principal à New-York (théâtre des premières exploits de notre homme), le métrage va suivre l'agression mortelle d'un vieil homme dans un immeuble délabré par quelques délinquants en voulant à son argent, la victime se révélant très vite être un ami de Paul Kersey, celui-ci lui rendant justement visite et ne pouvant qu'assister à la mort de son compère avant d'être arrêté et présumé coupable par la police appelé par des voisins apeurés. Cette introduction aura déjà le mérite de placer l'intrigue du métrage dans ce quartier dégradé complètement sclérosé par une horde de voyous hantant les rues à la recherche du moindre larcin, tout en permettant d'entrée au réalisateur Michael Winner ( déjà auteur des deux précédents titres de la franchise) de fustiger l'individualisme de ses concitoyens qui vont faire la sourde oreille face à l'agression d'un de leurs voisins de palier.
une fois rendu au poste de police et après un début d'interrogatoire musclé, Kersey va rencontrer le commissaire, Richard Shriker, l'ayant reconnu malgré un changement de nom, celui-ci ne sachant trop que faire devant cet individu gênant pour finalement l'envoyer au trou où Kersey va se retrouver en compagnie de délinquants stéréotypés avec qui il va avoir maille à partir et notamment avec Fraker, un personnage ambigu et potentiellement dangereux, bien plus que les brutes épaisses présentes dans la cellule.
Après l'avoir laissé mariner quelques temps, Shriker va recevoir Kersey et lui proposer de le libérer en échange de son aide armée dans sa lutte contre la délinquance galopante dans le quartier ou vivait son ami assassiné.
Ayant accepté, Kersey va donc retourner dans cet endroit mal famé pour y rencontrer et sympathiser avec les habitants de l'immeuble, tous des personnes âgées ou vulnérables, avant de commencer à guetter les activités des voyous, pour rapidement se rendre compte que ce Fraker croisé en cellule est le chef du gang terrorisant le quartier.
Toute la partie centrale du métrage va donc suivre conjointement quelques meurtres isolés perpétrés par un Paul Kersey toujours en forme lorsqu'il s'agit de tuer des truands de manière graphique et parfois même exagérée, et la vie difficile dans ce quartier défavorisé, encore plus sujet à la violence après ces meurtres de voyous, tandis que les deux adversaires, Kersey et Fraker vont se livrer à une guerre larvée, qui va finir par exploser littéralement dans un dernier acte incroyable sous forme de véritable guérilla urbaine dévastatrice, entre Kersey, secondé par les habitants du quartier, et le gang de Fraker, celui-ci ayant appelé d'autres bandes en renfort.
Si les deux premiers volets de la franchise jouaient encore sur l'ambiguïté dans ce sous-genre qu'est le "vigilante movie" en justifiant sans vraiment condamner la vengeance sanglante de Paul Kersey, ici aucun doute possible, les délinquants ne sont que des rebuts inutiles, tout juste bons à se droguer et à attaquer les honnêtes citoyens, et même la police demande l'aide du justicier pour délivrer le quartier. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Michael Winner n'ira pas par quatre chemins dans l'agencement d'une violence toujours terriblement stéréotypée, notamment lors des agressions commises par les délinquants, alors que les méthodes expéditives de Kersey seront ici plus variées, surtout dans l'aide qu'il apportera à ses nouveaux amis pour empêcher les intrus de venir les dépouiller.
Mais bien entendu, ce sera dans sa dernière partie que le métrage deviendra ouvertement jouissif, avec cette bataille rangée improbable prenant des allures de "cartoon" débridé tournant au jeu de massacre lorsque le personnage principal s'armera d'une mitrailleuse pour dégommer du voyou ou carrément d'un lance-roquettes.
Mais ce que le métrage gagnera en action jubilatoire, il le perdra en suspense et en émotions, définitivement absents du métrage, Paul Kersey ne devenant qu'un pantin démastiquant du délinquant, et même l'ébauche de bluette initiée tournera à vide et semblera presque hors-sujet, surtout que la mort "accidentelle" de sa nouvelle conquête laissera le justicier froid et sans réaction véritable.
L'interprétation est assez convaincante, même si Charles Bronson adoptera son monolithisme habituel, les seconds rôles seront plus loquaces entre le commissaire extrémiste joué par un Ed Lauter excellent et les habitants de l'immeuble typés et pittoresques, tandis que les voyous seront par contre exagérés et seul leur chef sera un minimum inquiétant. La mise en scène de Michael Winner est dynamique et parvient sans mal à donner du rythme à l'ensemble, notamment en orchestrant parfaitement les cascades et autres explosions parcourant le métrage.
Donc, ce "Le justicier de New-York" ne fera pas dans la dentelle pour délivrer son message d'auto-défense, mais sera suffisamment jouissif et excessif pour se faire apprécier !
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