|
Obscur film suisse traitant de la nécrophilie, ce "Bloodlust, the vampire of Nuremberg" ne sera pas forcément facilement abordable, mais osera affronter son sujet sans trop de fioritures au travers du portrait de son personnage principal.
En effet, le script suit les agissements d'un sourd muet qui passe son temps libre à se rendre dans les chapelles ardentes pour boire le sang des cadavres et "s'amuser" avec les cadavres qu'il mutile selon ses inspirations du moment.
D'entrée, le métrage va se focaliser sur son personnage principal, un jeune comptable que nous commencerons par découvrir sur son lieu de travail où il sera félicité par son chef pour ses bons et loyaux services, avant que nous ne retrouvions ce jeune homme au physique assez dur avec son voisinage pour une intervention dans une bagarre entre son voisin ivre avec le fils de celui-ci, donnant l'opportunité au réalisateur de faire revivre à son personnage l'origine de son traumatisme ayant débouché à son handicap, au cours d'un flashback direct nous montrant son père alcoolique le battre méchamment avant de pratiquer des attouchements à la limite de l'inceste sur sa soeur.
Petit à petit, au fur et à mesure que nous découvrons l'intimité de ce personnage très spécial, le malaise va commencer à monter, d'abord en découvrant l'intérieur de son appartement peuplé de poupées, puis au travers de sa frustration sexuelle lorsqu'il va "lever" une prostituée, tout en appréhendant l'amour secret qu'il porte à l'une de ses voisines, une jeune femme passant son temps à danser dans le jardin commun.
Cette mise en situation ne sera effectivement guère palpitante en terme de rythme, s'attachant à laisser le spectateur s'imprégner de l'univers trouble du personnage principal avant de véritablement lancer sa dérive macabre qui donnera lieu à de nombreuses séquences malsaines au possible.
En effet, passée cette première partie, le métrage va multiplier les scènes suivant notre homme entrer par effraction dans des chapelles ardentes pour s'attaquer à des cadavres de femmes qu'il va décapiter ou taillader dans un premier temps, avant de commencer à boire leur sang, en donnant l'impression qu'à chaque méfait, l'homme va de plus en plus loin dans l'horreur et la décadence, jusqu'à ce que la mort accidentelle de sa bien-aimée ne le plonge dans un dernier excès de folie le poussant cette fois-ci directement au meurtre.
Ce sera donc en se moquant ouvertement des tabous que le métrage va dérouler le parcours de son personnage principal, n'hésitant à suivre celui-ci saccageant une tombe pour en sortir le cadavre de celle qu'il aimait en cachette, ou encore à insister sur les diverses mutilations qu'il va infliger à des cadavres plutôt réalistes, entre ces yeux arrachés qu'il va ensuite garder dans du formol et cette tête qu'il va décapiter, créant de la sorte une ambiance foncièrement malsaine et sordide qui transpirera tout au long du métrage, même lorsque celui-ci cherchera à se montrer plus léger au travers de blagues obscènes faites par ses collègues de travail, par exemple.
En plus, l'intrigue s'épanchera également sur le côté sexuel de la déviance du personnage, jamais montrée avec un cadavre, mais plus explicite et érotique lorsque ce dernier ira acheter les services de prostituées qu'il préférera regarder se livrer à des actes saphiques, annonçant ainsi le côté voyeur qui explosera lors du final brutal par le double meurtre d'un couple en plein ébat dans une voiture.
Mais hélas, l'ensemble de l'action se jouera sur un faux rythme languissant, ne parvenant jamais à créer le moindre suspense, même quand l'homme va s'introduire dans ces lieux interdits au risque de se faire surprendre à tout moment, puisque le réalisateur optera pour une orientation globale uniquement centrée vers les faits et gestes de ce "vampire" dont l'attirance pour le sang se limitera à cette volonté de boire à la paille le fluide des cadavres qu'il visitera.
L'interprétation est cohérente, avec un acteur principal crédible et intrigant, tandis que la mise en scène du réalisateur est naturaliste, sans jamais rechercher le moindre effet, sauf lors des séquences oniriques s'essayant à une poésie simpliste.
Les effets spéciaux sont globalement probants, avec quelques plans assez épicés, mais le film ne versera pas dans le gore franc.
Donc, ce "Bloodlust, the vampire of Nuremberg" s'avérera être une oeuvre spéciale, directe et malsaine qui laissera une impression étrange !
|
