C'est en mélangeant quelque peu les genres que ce "Primeval" vient nous conter une nouvelle histoire de crocodile géant, mais ici agrémentée d'une toile de fond politique intéressante et donnant un peu plus d'envergure au métrage, même si l'originalité ne sera pas forcément au rendez-vous lorsque que le monstre entrera en action.
Le script envoie une équipe de reporters pour une chaîne de télévision américaine dans la jungle du Burundi pour y traquer un crocodile géant et essayer de le capturer avec l'aide d'un spécialiste de ces animaux.
Après une séquence d'introduction au fond classique mais mettant tout de suite en avant le contexte politique du métrage en suivant une équipe de l'ONU découvrant un charnier pour que finalement ce soit une jeune femme qui se fasse attaquer et emportée par un gigantesque crocodile, et un générique nous révélant l'existence de ce "Gustave", nom donné à un légendaire saurien géant responsable de la mort de plus de cent personnes, l'intrigue va pénétrer dans un studio de télévision américain où un journaliste mis à mal dans une affaire politico-judiciaire à cause de fausses preuves va devoir accepter l'"invitation" de son rédacteur en chef, à savoir accompagner avec son équipe l'élégante et proche de son patron Aviva au Burundi sur les traces du saurien entrevu auparavant dans le but d'assister à sa capture qui sera orchestrée par un spécialiste ayant confectionné une cage censée résister à la force du monstre.
Le métrage va alors prendre place dans ce pays ravagé par la guerre ethnique entre hutus et tustis pour bien entendu avancer un climat dangereux, laissant le petit groupe, après avoir rencontré son contact sur place, se mettre en route, escorté par deux soldats assurant leur sécurité, pour s'en aller rejoindre le créateur de la cage, celui-ci étant flanqué d'un chasseur de crocodiles.
Cette mise en situation présentera des personnages bien trop stéréotypés pour que ceux-ci deviennent véritablement attachants, mais parviendra à créer une atmosphère assez tendue, du fait de la double menace du saurien et des éventuels dissidents politiques prêts à nuire au groupe, tout en plaçant le métrage dans le contexte du "film de jungle" magnifié par de somptueux décors naturels mais demeurant classique dans l'agencement des situations (la cérémonie avec le sorcier).
Ensuite, l'intrigue va arriver à mener ses deux centres d'intérêt de front pour parallèlement suivre le groupe dans sa quête du crocodile géant, quête qui va bientôt porter ses fruits puisque le monstre va se présenter rapidement une fois son piège mis en place mais sans pour autant se faire prendre, devenant ainsi une menace plus diffuse qu'autre chose (avec la présence du traceur permettant de le localiser à chaque instant, limitant de fait le suspense), et amener des situations directement en lien avec la situation politique du pays, puisque le cameraman du groupe va filmer plusieurs exécutions capitales dans la brousse qui mettront en péril l'expédition.
La partie mettant en avant le crocodile peinera à se mettre en place en restant au départ bien avare en séquence présentant la créature, et il faudra ainsi attendre la seconde moitié du métrage pour que celui-ci ne vienne réellement jouer les premiers rôles au cours de scènes bien senties dotées d'un graphisme convaincant et arrivant à maintenir le spectateur en haleine.
Par contre, les péripéties liées à cette guerre civile ici réduite à la présence d'un mystérieux milicien sanguinaire régnant sur la contrée proposeront des rebondissements certes prévisibles (avec un twist final bien simpliste) mais qui doperont l'ensemble en offrant une violence assez sèche et brutale jusqu'au final en happy-end un peu mielleux.
Mais ce qui rendra le film incisif, ce seront les efforts graphiques réguliers, n'hésitant pas à faire appel à quelques effets sanglants volontaires lors des attaques du saurien, tout en apportant un aspect "méchant" lors des explosions de violence, laissant par exemple un corps s'écraser brutalement contre un arbre après une chute ou encore en faisant preuve d'un brin de sadisme.
L'interprétation est cohérente mais sans véritable relief, et même Jürgen Prochnow promènera sa "gueule" sans son charisme habituel. La mise en scène du réalisateur est dynamique, parvenant à donner un rythme vif à l'ensemble tout en utilisant avec opiniâtreté ses effets.
Les effets spéciaux sont assez bluffants, avec un crocodile toujours tout à fait crédible, même lorsqu'il se mettra en mouvement, et des effets gores volontaires.
Donc, ce "Primeval" se suivra facilement et parviendra à captiver son spectateur, notamment grâce à son contexte sortant de l'ordinaire qui arrivera à minimiser les petits défauts inhérents à une intrigue classique liée au saurien !
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