Réalisé par Charles Band, spécialiste des petites séries B/Z loufoques, ce "The creeps" ne fera hélas que survoler son idée originale tout en nous gratifiant quand même d'un humour décalé souriant.
Le script suit les expériences d'un savant fou ayant crée une machine capable de donner vie aux icônes littéraires représentées ici par quatre monstres issus du bestiaire du fantastique, Dracula, le monstre de Frankenstein, la Momie et le loup-garou.
D'entrée, le métrage va nous présenter son personnage principal, ce savant timide et maladroit qui va se rendre dans une bibliothèque et obtenir de la jeune bibliothécaire en place le droit de pouvoir consulter sur place l'exemplaire original du "Frankenstein" de Mary Shelley, en ayant comme but réel de subtiliser l'œuvre, pour une première séquence assez lourdingue mais amusante par son aspect théâtral laissant quand même présager du "pire" !
Se rendant rapidement compte de la disparition de l'ouvrage (remplacé par un livre vierge) et apeurée par la crainte des représailles de sa supérieure hiérarchique dominatrice, notre bibliothécaire va s'en aller engager un détective privé amateur (et tenancier d'un vidéo-club…sans commentaire !) pour retrouver le voleur, qui finalement reviendra de lui-même pour "emprunter" l'original du "Dracula" de Bram Stoker et par la même occasion kidnapper la demoiselle pour qu'elle puisse participer à l'expérience ultime de notre homme, donner vie à quatre des monstres les plus célèbres de la littérature fantastique, et ce dans le but de se venger de ceux qui l'ont humilié auparavant et accessoirement de dominer le monde.
Mais l'expérience va quelque peu rater et si les quatre monstres vont effectivement prendre vie, ce sera sous la forme de nains, pas du tout asservi au savant fou et surtout souhaitant plus que tout retrouver une taille "normale", entraînant le savant dans des péripéties débridées mais superficielles qui aboutiront sur un final se voulant plus ou moins philosophique mais qui donnera surtout l'impression d'abréger trop précipitamment le métrage et laissera le spectateur sur sa faim.
Bien entendu, la principale attraction de l'intrigue restera ce quatuor de nains monstrueux, entre de Dracula essayant de paraître méchant sans y parvenir malgré toute la bonne volonté de l'acteur l'interprétant et tout en étant de fait le chef de la bande et le seul à s'exprimer, ce monstre de Frankenstein, cette Momie et ce Loup-garou libidineux qui n'hésiteront pas à tripoter une demoiselle allongée presque nue sur une table en attendant de participer à une seconde expérience visant à agrandir les minis monstres, mais les situations les mettant en scène demeureront basiques (la course-poursuite dans la bibliothèque) et ne se montreront jamais véritablement jouissive ou même n'exploitant véritablement le concept imaginé par Charles Band.
Et hélas, on sent bien que le réalisateur a peiné à articuler une intrigue digne de ce nom autour de son idée originale (même si on ne pourra, sur une partie du principe, s'empêcher de penser au "Monster squad" de Fred Dekker, réalisé dix ans plus tôt), préférant du coup s'attarder sur ses personnages incroyables pour des séquences complètement extravagantes, entre ce détective de pacotille louant des séries Z d'action et cette responsable de la bibliothèque aux penchants lesbiens évidents (il n'y a qu'à voir le scène saugrenue ou celle-ci se trémousse lascivement contre un exemplaire de "Jane Eyre"), plaçant de la sorte toute une série de détails et de dialogues au but comique avéré et réussissant régulièrement à provoquer un sourire amusé, à la condition express d'apprécier l'humour facile et farfelu.
Fidèle à ses traditions, Charles Band se laissera aller à un brin d'érotisme très léger et ouvertement gratuit (l'héroïne blessée au pied qui ne trouvera rien de mieux à faire qu'à enlever son chemisier pour bander sa plaie), mais par contre l'aspect horrifique sera définitivement absent pour céder sa place à la gaudriole.
L'interprétation flirte largement avec l'amateurisme et seul Phil Fondacaro, acteur nain ayant oeuvré dans un certain nombre de films du genre, arrivera à apporter un minimum de charisme dans le rôle de Dracula. La mise en scène de Charles Band est statique, terne et sans effets, tandis que les effets spéciaux, essentiellement concentrés sur les maquillages des quatre monstres, sont plutôt acceptables.
Donc, ce "The creeps" se suivra de façon distraite et pourra se faire éventuellement apprécier des amateurs de petits délires loufoques, mais décevra quand même largement face à son idée de base ayant le mérite d'être originale mais qui ne sera ici jamais traitée réellement !
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