Après son remarquable "Nid de guêpes", c'est donc aux États-Unis que Florent Siri est allé faire une nouvelle preuve de son savoir-faire avec ce "Otage" qui, même s'il met en scène Bruce Willis, ne sera pas un simple blockbuster, mais un véritable thriller noir, âpre et tendu parfaitement maîtrisé à partir d'une intrigue pourtant classique.
Le script place au centre d'une prise d'otage en apparence basique un ancien négociateur de la police reconverti en simple chef de police locale après une bavure, mais au-delà de la vie des otages, ce sera sa propre famille qui sera en danger.
La séquence d'introduction nous présentera le personnage principal, Jeff Talley, un policier spécialisé dans la négociation lors de prises d'otages, en pleine action puisqu'il essayera de raisonner un homme désespéré ayant séquestré sa femme et son fils, mais malgré les efforts de Jeff, l'affaire tournera au désastre, imprimant ainsi d'entrée un ton sombre et pessimiste au métrage.
Ensuite, nous retrouverons notre homme, retiré en province où il officie dans une petite ville comme chef de la police locale et sujet à quelques déboires familiaux classiques, qui va rapidement se retrouvé confronter à une situation d'urgence. En effet, trois petites frappes en mal de sensations viennent de pénétrer dans la maison high-tech perchée sur une colline d'un comptable pour en première intention voler sa voiture mais qui vont être obligés de retenir l'homme et ses deux enfants en otage après le déclenchement d'une alarme ayant prévenu la police. L'affaire prendra encore une tournure plus dramatique lorsque le plus dérangé des trois voyous va descendre une policière venu s'enquérir de la situation.
Cette mise en situation, bien entendu très tendue et chargée en suspense nous permettra également de suivre les activités occultes de ce comptable trafiquant sur des comptes pour de mystérieux commanditaires, ce qui apportera à l'intrigue un autre élément déterminant pour le reste du métrage, puisque ce comptable était sur le point de finaliser une transaction au moment de l'intrusion.
Une fois cette base posée de manière efficace et bien incertaine quant aux événements à venir, le métrage va alors aussi bien s'appuyer sur des personnages fouillés et partie prenante dans le déroulement de l'intrigue (avec notamment ce voyou psychotique qui réservera bien des surprises dans le dernier acte du film et donnera à l'ensemble cette petite touche malsaine inhabituelle par son goût pour la mort et par son attitude ambiguë envers la fille du comptable, une demoiselle qu'il cherchera à faire entrer dans son "jeu", faisant ainsi preuve d'un romantisme étrange qui, allié à son look presque gothique, le feront ressembler à un ange déchu), que sur des rebondissements logiques sans pour autant être prévisibles, qui sauront se partager entre action pure (presque concentrée dans la dernière partie du film) et des situations plus psychologiques qui mettront en avant le personnage joué par Bruce Willis, mais dans un registre plus réaliste et humanisé que ses prestations de "héros" habituelles, puisque ici il cherchera avant tout à sauver sa propre famille, retenue en otage pour les commanditaires du comptable prêts à tout pour récupérer un DVD gravé nécessaire à leur trafic d'argent, et les enfants prisonniers des voyous, pour espérer prendre une sorte de revanche sur son passé. Mais cela n'empêchera pas l'ensemble d'être parcouru de moments blindés d'un suspense conséquent et réservant quelques surprises (même si certains effets demeureront prévisibles), alors que le métrage fera preuve d'une violence assez sèche lorsqu'elle s'exprimera.
Le seul petit bémol que l'on pourra déplorer résidera dans la structure de l'intrigue elle-même, avec cette sous-intrigue mêlant la famille de Jeff qui n'apportera pas forcément grand-chose au final, mais il fallait bien cela pour impliquer le personnage principal au départ bien décidé à ne pas participer outre mesure à cette affaire.
L'interprétation est convaincante, avec un Bruce Willis crédible et ne surjouant aucunement, tandis que la mise en scène de Florent Siri est diablement efficace pour s'imprégner de l'action, tout en donnant un rythme constant au métrage et en offrant des cadrages splendides, et alors que la gestion des éclairages renforcera l'impression globale de noirceur émanant du métrage.
Donc, ce "Otage" s'avérera être efficace et parfaitement maîtrisé pour gérer une intrigue commune mais riche pouvant compter sur des personnages approfondis et sur un suspense continu !
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