Les films s'intéressant au "Yéti", appelé aussi "Sasquatch", sont plutôt rares, les bons films traitant de ce personnage du folklore encore plus et ce n'est pas ce "Sasquatch mountain" qui va changer la donne, en préférant s'attarder sur des personnages sans intérêt plutôt que de se concentrer sur son monstre.
Le script suit la fuite à travers bois de quelques malfrats venant de braquer une banque et poursuivi par la police, mais ils vont bientôt se rendre compte qu'ils ne sont pas seuls dans cette forêt, puisqu'un être monstrueux va les prendre en chasse.
Après une séquence d'introduction originale suivant un dépanneur venir en aide à sa propre femme en panne au bord de la route alors que celle-ci s'amusera avec son caméscope (et suivant le procédé maintenant rompu, nous verrons ce que voit le caméscope) pour finalement être fauchée par une voiture alors qu'elle venait d'apercevoir à travers l'objectif de son appareil un forme gigantesque dans les bois, le métrage va faire un bond en avant de treize ans pour successivement nous présenter ses personnages principaux, le shérif de la ville, un vieillard qui aurait du être à la retraite, Erin, une jeune femme de passage dans cette petite ville le temps de faire le plein d'essence, et enfin nous retrouverons le dépanneur de l'introduction en compagnie de sa fille pour une séquence qui se voudra triste. Mais passée cette mise en avant de personnages plutôt stéréotypés auxquels viendra s'adjoindre un playboy charmant une serveuse de bar avant d'aller rejoindre ses collègues effectuant un casse dans une banque pour leur servir de chauffeur, l'action sera véritablement lancée lorsque ce braquage tournera mal avec la mort d'un policier, obligeant les truands à une fuite précipitée. Peu après, hors de la ville, ils vont avoir une collision avec la voiture d'Erin, immobilisant les deux véhicules et laissant le shérif arriver sur place pour une fusillade en règle qui au final leur permettra de s'enfuir dans les bois jouxtant la route.
Ensuite, l'intrigue va donc lancer une chasse à l'homme dans la forêt, avec ces trois policiers bientôt rejoints par un quatrième larron, chasseur de son état, qui vont essayer de rattraper nos braqueurs ayant pris Erin en otage mais ralentis par l'un des leurs, blessés qu'ils vont bientôt devoir abandonner, sans se douter qu'il sera la première victime du Sasquatch. Le métrage ne développera alors que des situations communes et prévisibles, avec de rares attaques de la bête qui se montrera bien discrètes au milieu des trop nombreuses séquences de dialogues tentant de donner de la profondeur à chacun des personnages en les présentant tour à tour tous comme des écorchés vifs malmenés par le vie au point que cela en deviendra risible par cette sorte de compétition ridicule dans le malheur, et au lieu de rendre ces protagonistes attachants, cela ne fera qu'isoler le spectateur et le guider vers un ennui croissant. Par-dessus la marché, l'intrigue compromettra gravement sa crédibilité en accumulant les incohérences et les ellipses grossières (notamment lors des attaques du Sasquatch qui sélectionnera bien ses victimes pour au final ne leur faire généralement que peu de mal, permettant ainsi des réapparitions grotesques de personnes censées avoir été tuées) et il ne vaudra mieux pas chercher à comprendre pourquoi le dépanneur décidera à son tour de se rendre dans les bois pour chercher les braqueurs. A ce passif déjà bien lourd viendra s'ajouter un semblant de huit-clos dans une maison isolée en pleine forêt, permettant une révélation aussi prévisible que peu réaliste avant que le dernier acte ne vienne encore enfoncer le clou de la médiocrité par son final larmoyant, moralisateur et d'un bêtise affligeante.
En plus, les personnages essayeront de véhiculer un humour aussi tenace que pas drôle, avec des réparties pitoyables dans cette volonté d'apporter de la fraîcheur et de donner un ton léger à l'ensemble contrastant avec les histoires sordides des différents protagonistes, mais cet accumulation de séquences de dialogues finiront par reléguer le Sasquatch au second plan au grand désespoir du spectateur qui aurait préférer le voir à l'oeuvre de manière plus conséquente.
L'interprétation est quand même cohérente, avec un Lance Henriksen (qui avait déjà affronté le Sasquatch dans un "Traque sauvage" à peine plus probant) convaincant et alors que l'on retrouvera avec plaisir la toute mignonne Cerina Vincent, une habituée du genre après ses prestations dans "Cabin fever", "It waits" ou encore le terrible "Murder, set, pieces". La mise en scène épileptique du réalisateur n'arrangera aucunement les choses et ses effets viendront plomber et gêner la progression de l'intrigue, avec par exemple ces courtes scènes montrant de loin le Sasquatch qui serviront de transition à chaque situation.
Les effets spéciaux sont quasiment limités à la visualisation de ce Sasquatch qui passera son temps à se cacher pour ne se dévoiler que lors du final et avancera un look plutôt réussi.
Donc, ce "Sasquatch mountain" pourra s'éviter sans le moindre remords, tant il collectionnera les bévues impardonnables !
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