Lee Chang-dong filme une héroïne confrontée à une série d'épreuves douloureuses. Jeune veuve, elle s'installe avec son fils unique dans la ville natale de son défunt mari. A peine intégrée dans la collectivité locale, elle doit faire face à un drame : l'enlèvement puis le décès de son fils. Comment affronter l'inacceptable? Comment faire de nouveau confiance à autrui ? Le réalisateur épouse le cheminement erratique de son héroïne qui tour à tour plonge dans la religiosité hystérique, l'autodestruction, la folie. Sa mise en scène d'une précision implacable radiographie les hypocrisies de la société sud-coréenne à travers le microcosme d'une ville moyenne. Mais l'essentiel, dans ce film d'une richesse formelle hors du commun, demeure le destin naufragé du personnage principal (Jeon Do-yeon, prix d'interprétation féminine amplement mérité à Cannes) et la sensibilité avec laquelle le cinéaste saisit ses réactions et ses plus infimes mouvements intérieurs. Un portrait féminin sidérant, l'un des plus beaux que le cinéma nous ait offert ces dernières années.
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