Cameron Crowe est un réalisateur de talent qui a la chance de ne pas avoir de véritables blockbusters à son actif.
Néanmoins, ses trois premiers films, 'Singles', 'Vanilla Sky' et 'Jerry Maguire' sont des succès publics et critiques. Après la vision de la dernière oeuvre de Crowe, je me suis finalement décidé d'aller voir les trois premières un jour, tant Crowe est (du moins sur son dernier film), un réalisateur talentueux et respectueux.
'Presque célèbre' est une autobiographie romancée, qui revient sur la jeunesse du réalisateur, sous les traits du jeune Patrik Fugit, parfait de naïveté dans son rôle d'adolescent élevé par une mère très conservatrice, mais qui va découvrir la vie dissolue des stars du rock des seventies, à travers la tournée de quatre de leurs représentants..
Après le départ de sa soeur du cocon familial, William Miller découvre donc à onze ans le rock grâce à l'héritage que celle-ci lui laissera sous son lit: sa collection de vinyles des Who, Led Zep, Hendrix, Neil Young, Cream, et autres groupes emblématiques de l'époque. Quatre ans plus tard, la passion de William pour la musique décadente le conduira à rédiger un article pour Rolling Stone, sur Steelwater, un groupe en pleine explosion, et de partir en tournée avec les crasseux chevelus sur les routes des Etats-Unis.
Voilà peu ou prou l'histoire de Cameron Crowe, propulsé chroniqueur du magazine rock le plus célèbre de l'histoire, grâce à sa rencontre avec Lester Bangs, célèbre critique rock des seventies, à l'instar d'Hunter Thompson (incarné à l'écran par Johnny Depp dans 'Las Vegas parano'), lui aussi chroniqueur chez Rolling Stone.
'Presque célèbre' aurait pu n'être qu'un autre hommage aux groupes rock des seventies, d'autant que le filon a plutot engendré de bien beaux films. Mais là où beaucoup d'autres ('The Doors', 'Still Crazy'...) s'attardent longuement sur la drogue en tant qu'élément fondamental, Cameron Crowe s'attache à retranscrire une atmosphère, la rock'n'roll attitude dans son ensemble, faite de sexe et de drogue, mais surtout de naïveté, de fraternité, d'adolescence attardée, et d'esprit de communauté.
De nombreux clins d'oeil au paysage rock de l'époque parsèment le film. Un délice pour les initiés, une aubaine pour les néophytes désireux de découvrir cette époque d'une richesse incroyable dans l'histoire de la musique contemporaine.
Un grand coup de chapeau aux acteurs, la jeune Kate Hudson en tête. Lauréate d'un Golden Globe et Nominée aux oscars pour son rôle de Penny Lane, groupie généreuse et passionnée, elle est éblouissante et crève l'écran comme ne le fera jamais sa mère Goldie Hawn ! Un rôle pour lequel elle n'était pourtant pas prévue au départ, puisqu'elle devait camper la soeur du jeune William. Kate Hudson est tout simplement lumineuse, comme une lanterne sans laquelle l'atmosphère du film serait nettement plus lugubre.
Frances McDormand, égérie des frères Coen (Fargo, The Barber...), interprète avec brio le rôle de la mère de William Miller. Ni tyrannique, ni laxiste, elle est tout simplement une mère, et joue admirablement son rôle de femme seule, inquiète pour le devenir de son dernier enfant, entre crainte et confiance en la chair de sa chair. "Pas de drogues !" répète-t'elle incessament lors de ses courtes conversations téléphoniques avec son fils prisonnier de cette tournée qui n'en finit plus.
Au rayon des acteurs, saluons également la prestation de Billy Crudup (The Hi-Lo Country), guitariste virtuose, mais qui n'hésite pas une seconde entre la gloire et la pérénité du groupe, et Philip Seymour Hoffman (Dragon rouge, Happiness, Magnolia...), dans le rôle du critique Lester Bangs, Hoffman décidément habitué à transcender les seconds rôles. Vivement une tête d'affiche !
En résumé, 'Presque célèbre' vous arrachera des larmes si vous ressentez la moindre affinité avec cette époque. Par contre, si vous restez insensibles à la naïveté hyppie, vous pouvez oter une étoile à la note générale.
|