Avec ce "Tripper", l'acteur David Arquette s'essaye une seconde fois à la réalisation en retenant les leçons apprises notamment aux côtés de Wes Craven sur la série des "Scream", pour nous livrer un pur slasher respectant les codes du genre tout en se permettant une critique politique sur un mode satirique décapant mais superficiel compensant ainsi quelque peu une intrigue trop touffue et un certain manque de rythme dans sa première partie.
Le script suit les déboires d'une bande de hippies se rendant à un concert organisé en pleine forêt où ils vont devoir affronter un tueur grimé avec un masque de Ronald Reagan.
Après un générique affichant d'entrée l'implication politique du réalisateur avec cette citation de Ronald Reagan désobligeante envers les hippies et ces images d'archives assez dures de la guerre du Vietnam, la séquence d'introduction va suivre un bambin accompagnant son père, responsable d'un groupe de bûcherons devant faire face à un groupe de hippies s'opposant à l'abattage des arbres, sur les lieux de l'altercation où voyant son père arrêté par la police, il va se munir d'une tronçonneuse et tuer l'un des manifestants, pour une première séquence bien gore et prometteuse.
Ensuite, le métrage va nous présenter ses principaux personnages, six jeunes hippies en route pour un concert en hommage à "Woodstock" qui seront évidemment caricaturaux tout en demeurant quand même souriants dans leur délire de drogués et dans les démêlés qu'ils vont avoir avec quelques autochtones présentés comme des bouseux indécrottables, mais le réalisateur peinera quand même à rendre ses protagonistes attachants malgré ses petites tentatives pour approfondir légèrement leurs personnalités, laissant également de fait déjà deviner qui va survivre et qui va y passer plus tard dans le métrage.
Cette première partie s'étirera quand même en longueur, pour suivre aussi les préparatifs de ce concert du point de vue du maire véreux de la commune en affaire avec l'organisateur, mais surtout de celui de policier local, assez croustillant, alors que le métrage prendra la liberté de proposer de nombreux détails savoureux avec les délires des hippies (tel ce couple de naturiste dont l'apparition sera tout simplement tordante), et même si la répétition des situations menacera de s'installer en demeurant pour autant toujours entreprenante au niveau du ton léger et souriant de l'ensemble.
Mais l'intrigue ne prendra son envol que lorsque le tueur daignera enfin faire son apparition et s'en prendre à diverses victimes parmi les personnages, pour des séquences souvent assez sanglantes (mais sans abus) très respectueuses des codes du genre, notamment en cachant d'abord l'assassin pour peu à peu exposer son look (excellent au demeurant) avant qu'il ne s'accapare l'écran lors de la traditionnelle poursuite de la dernière survivante du groupe décimé dans le sang.
Mais entre-temps, le métrage se sera offert quelques séquences bien débridées, dont l'attaque d'un mini concert de percussions par notre Ronald Reagan qui frappera sur tout ce qui bouge, et quelques scènes de "trips" hallucinés bien délirantes. Par contre, la profusion de personnages aura largement tendance à nuire à la linéarité de l'ensemble, même si David Arquette a tenté de brouiller les pistes quant à une identité du tueur déjà connue du spectateur, entre cet ex-fiancé revanchard, cet homme vivant dans les bois et hostile au concert qui offrira un second coupable potentiel bien trop facile.
Quant à l'aspect politique du métrage, outre l'affublement d'un masque de Reagan pour un tueur original et imposant un certain charisme à l'écran (et même si l'idée n'est pas nouvelle, puisque dans le "horror house on highway five" de Richard Casey, tourné en 1985, l'assassin portait quant à lui un masque de Richard Nixon, autre ancien président des Etats-Unis), David Arquette se contentera de salves bien faciles envers les républicains conservateurs américains, certes piquantes et parfois même acerbes, mais sans jamais véritablement sortir du ton léger du film et en restant terriblement superficiel, même lorsque l'intrigue s'attaquera aux conséquences hasardeuses de décisions politiques de Reagan concernant la baisse de crédits des hôpitaux, ayant pour effet de lâcher dans la nature des malades mentaux.
L'interprétation est convaincante, avec notamment un Thomas Jane excellent dans le rôle su policier de service, tandis que la mise en scène de David Arquette est agitée et trépidante dans es cadrages, mais sans pour autant donner un véritable rythme à l'ensemble dans la phase d'exposition du métrage, tout en utilisant ses effets avec réussite (aussi bien les plans en caméra subjective que les jeux de couleurs et les plans hallucinés), alors que le réalisateur parviendra même parfois à créer un bref suspense dans une ambiance laissant une splendide photographie s'exprimer.
Les effets spéciaux sanglants sont assez probants, généreux mais au final pas si nombreux que cela, mais versant toujours dans un gore plutôt réaliste.
Donc, ce "Tripper" se suivra facilement grâce à la motivation communicative de son réalisateur et par à une certaine singularité venant pourtant se greffer sur un schéma classique, mais cela aidera uniquement le métrage à se hisser juste au dessus de la moyenne des œuvres du genre !
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