Hélas quelque peu oublié aujourd'hui, ce "Hitcher" restera comme un monument du thriller violent, manipulateur et débordant d'action tout en pouvant compter sur des personnages fouillés et qui offrira en plus à un Rutger Hauer complètement "habité" l'un de ses meilleurs rôles.
Le script va suivre le jeu de "chat et de la souris" entre un jeune homme circulant sur les routes du désert californien et un psychopathe sanguinaire qui va "s'amuser" avec lui.
D'entrée, le métrage va avancer son personnage principal, Jim Halsey, un jeune adulte roulant à bord d'une voiture et menaçant de s'endormir sous la poids de la fatigue, au point de manquer d'avoir un accident, qui va pour lui tenir compagnie et le maintenir éveiller prendre en stop un individu trempé jusqu'à l'os par la pluie torrentielle. Rapidement, cet homme va éveiller les soupçons par son caractère étrange avant de se montrer carrément dangereux et de menacer Jim avec un couteau, tout en lui racontant le sort macabre de la personne précédente l'ayant pris en stop. Mais Jim va réussir à l'éjecter de son véhicule et va continuer sa route, se croyant à l'abri de ce psychopathe notoire.
Cette entame du métrage aura le mérite d'annoncer clairement et sans perdre de temps la nature malfaisante de cet autostoppeur tout en laissant monter une tension progressivement jusqu'à ce que cet homme raconte carrément son précédent méfait à Jim et le menace frontalement de le tuer à son tour, usant ainsi d'un sadisme cruel dont se sortira tant bien que mal une première fois Jim en parvenant à se débarrasser provisoirement de son agresseur.
Car en effet, son répit sera de courte durée, avec une réapparition ingénieuse et remarquablement orchestrée par le réalisateur du tueur lors d'une séquence glaçante, laissant peu de temps après Jim découvrir la véracité de la folie de l'homme avant d'être pris en chasse par ce dernier qui va s'amuser tout au long des nombreux rebondissements qui vont parcourir le métrage à traquer Jim et à le persécuter au point de réussir à le faire passer pour le meurtrier aux yeux des autorités.
Même si quelques situations pourront sembler bien opportunes et la facilité avec laquelle l'assassin va retrouver sa proie pourra quand même paraître parfois peu crédible, le métrage va réussir à garder son climat de tension et de menace permanente de bout en bout, ne laissant aucun répit à Jim qui, à chaque fois qu'il pensera s'être tiré d'affaire, replongera dans le cauchemar de la pire des manières, même lorsqu'il rencontrera une jeune serveuse d'un relais pour routiers.
Et si la première partie flirtera même avec un fantastique crépusculaire (l'ambiance de la première station-service) en profitant des apparitions surprises et presque surnaturelles du meurtrier et des poursuites renvoyant souvent au "Duel" de Steven Spielberg, la seconde sera bien plus tournée vers l'action avec des séquences de poursuites automobiles agrémentées de fusillades volontaires lorsque la police se lancera sur la trace des fuyards (la jeune serveuse ayant suivi plus ou moins par hasard Jim dans sa fuite en avant), le tout parcouru de violence régulièrement surprenante (le meurtre des deux policiers dans la voiture) avant qu'un final ne confronte une dernière fois les deux adversaires pour une conclusion sans réelle happy end, à la vue de la transformation de Jim.
En effet, avec l'action constante et graphique, l'autre point fort du métrage résidera dans ses personnages, avec bien entendu ce tueur terriblement charismatique dans sa folie manipulatrice et flirtant parfois avec un brin de perversité, qui semblera dominer toutes les situations et détenir les règles d'un jeu mortel dont lui seul semblera se délecter, mais aussi au travers du personnage de Jim qui d'une insouciance plutôt stéréotypée va peu à peu sombrer à son tour dans la violence pour répondre à son adversaire et ainsi perdre sa jeunesse dans sa fuite en avant, comme pourront le démontrer ses sentiments qui transperceront l'écran pour venir toucher le spectateur, renforçant de la sorte l'impression de menace permanente qui impliquera dans l'intrigue.
L'interprétation est largement convaincante, bien sûr portée par Rutger Hauer qui semblera carrément possédé et dégagera une aura malsaine de folie destructrice affolante, tandis que C. Thomas Howell, plutôt insipide et insignifiant au début du film, gagnera au fur et à mesure de sa confrontation en profondeur et en crédibilité. La mise en scène de Robert Harmon (dont c'est la premier long métrage et qui ne retrouvera hélas jamais complètement cette efficacité, même dans son pourtant sympathique "Highwaymen") est vive, extrêmement dynamique et colle à l'action pour lui donner un impact total.
Donc, ce "Hitcher" offrira ce qui se fait de mieux dans le "road movie" violent et dévastateur, grâce à sa capacité en générer une action efficace et constante, tout en s'appuyant sur une intrigue diabolique !
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