Comme on pouvait se le douter à la vision du film, "le Crime farpait" marquait un aboutissement thématique et formel dans la carrière de De La Iglesia, dorénavant porté vers la reconnaissance internationale. Un changement notable pour le fou furieux espagnol, amorcé avec sa participation à l’anthologie télévisuelle des "Peliculas para no dormir", un terrifiant exercice de style horrifique au titre trompeur : "la Chambre du fils" (à ne pas confondre avec celle de Moretti, pourtant tout aussi terrifiante...). Son dernier long-métrage semble se couler dans le même moule : en s’attardant à suivre avec minutie un script solide, bien que beaucoup trop bavard (une première pour ce cinéaste visuel), De La Iglesia laisse de côté son ironie et sa misanthropie habituelles pour un premier degré, en premier lieux déstabilisant, mais finalement appréciable en ces temps de cynisme redondant. Porté par des acteurs impliqués (Elijah Wood prouve qu’il n’est pas que Frodon, John Hurt assure comme toujours et la muy bonita Leonor Watling dévoile ses charmes avec élégance), le suspense agathachristien de "Crimes à Oxford" se suit sans réel déplaisir, malgré une multitude de dialogues complexes et un peu abscons, et permet par moment au cinéaste de nous réserver de grands moments de mise en scène comme lui seul en a le secret (un plan-séquence – truqué – des plus virtuoses, une course poursuite sur un toit digne de Hitchcock). Et puis vous en connaissez beaucoup des thrillers filmés avec autant de classe et de panache ?!
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