Un exceptionnel film d'aventures.
Remarquable film d'aventures - à la fois western et film historique - , "Le dernier des Mohicans" séduit tant par la beauté de sa photographie due à Dante Spinotti que par la musique prenante de Trevor Jones et l'efficacité impressionnante de la réalisation.
Il s'agit d'évoquer la guerre que se livrent Français et Anglais pour conquérir les terres des indiens en Amérique. Mais Michael Mann innove et prend le mot cinéma dans son sens originel d'art du mouvement pour proposer un film entièrement fondé sur l'action et ponctué seulement de rares moments de répit.
Le film, précisément, commence par la course éperdue de trois indiens et s'achève sur une poursuite sanglante. Entre ces deux situations, initiale et finale, un rythme débridé parcourt le film au point que les dialogues surprennent par leur concision et leur seul aspect utilitaire (faire comprendre ce que l'on ne voit pas à l'écran) ; que les scènes d'amour sont montrées à travers les regards ou une brève étreinte ; que l'attaque du fort est rapidement suivie de la reddition des Anglais aux Français.
Une même hâte précipite les personnages vers leur destin cruel ou heureux. Le film les dépeint, avec une grande vérité, à partir de leurs actes plutôt que de leurs paroles ; mais, il est vrai, les uns s'accordent avec les autres. Dotés d'âmes fortes et entières et plongés au coeur d'une nature hostile somptueusement photographiée, les personnages du film doivent se confronter aux forces primitives et humaines : à l'âpreté d'un paysage sauvage (des forêts denses et obscures, des montagnes escarpées, des rivières dangereuses coupées de puissantes cascades imposent une lutte physique et morale de tous les instants par la marche, la course, le canoë ou la nage) répond la violence des sentiments humains (haine, trahison, vengeance, cruauté) à peine tempérés par la bravoure et la fidélité à ses valeurs.
C'est la composition même du film qui impose, par le contraste, cette quête morale. Le début présente, en effet, trois personnages comme enfermés dans une épaisse forêt à laquelle ils essaient d'échapper en une course ascensionnelle, muette et effrénée. La fin nous propose, au contraire, les rescapés, immobiles, sur une hauteur, en pleine lumière, rendant un dernier hommage aux disparus.
Le mouvement - symbolique - qui parcourt le film s'explique alors comme une volonté d'accomplissement qui fait passer les héros de l'obscurité à la lumière ; du lieu clos à l'espace libre ; de la fuite précipitée à l'immobilité retrouvée ; de l'essoufflement à la parole reconquise ; du danger oppressant à l'apaisement né de la fidélité aux siens et à l'amour.
Un chef-d'oeuvre !
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