Le moins que l"on puisse dire c'est que Dario Argento était attendu au tournant avec ce "Mothers of tears" venant enfin clôturer sa trilogie des "Trois Mères" commencée en 1977 avec "Suspiria" et poursuivie en 1980 avec "Inferno" mais hélas l'ancien maître italien n'est plus que l'ombre de lui-même et ce qui aurait dû être une apothéose ne sera en fait qu'un canular grotesque, parfois même insultant mais heureusement très drôle au Nième degré devant tant de facilités et de lieux communs visités n'importe comment.
Le script va suivre une jeune archéologue aux prises avec la "Mère des Larmes", une sorcière ramenée à la vie qui va déclencher le début de la seconde chute de Rome.
Après un splendide générique avançant diverses peintures démoniaques, le métrage va directement laisser son intrigue avec la découverte alors de travaux aux abords d'un vieux cimetière d'un cercueil surmonté d'une urne qu'un prêtre va s'empresser, après avoir jeté un coup d'œil à son contenu, d'envoyer à un archéologue spécialisé. C'est ainsi que nous allons faire la connaissance de Sarah Mandy, une employée du musée d'arts anciens qu'une collègue va inviter à la suivre pour lui faire voir l'urne fraîchement arrivée. Bien entendu, les deux jeunes femmes vont céder à la curiosité et ouvrir l'urne (non sans s'être coupée, histoire de verser un peu de sang sur la boîte) pour y découvrir un couteau, trois petites statues de monstres et une robe. Pour commencer à déchiffrer les inscriptions, Sarah sera envoyé chercher des dictionnaires de traduction, laissant ainsi tout le loisir à trois créatures démoniaques de sortir de nulle part pour sauvagement attaquer l'autre femme restée auprès de l'urne en lui déformant la bouche avant de l'éventrer pour finalement l'étrangler avec ses viscères. Sarah reviendra pour découvrir ce spectacle et tentera de fuir, poursuivie par un ridicule petit singe et ce sera grâce à une voix fantomatique qu'elle parviendra à quitter les lieux pour alerter la police qui bien sûr ne croira pas un mot de ses déclarations. Sarah trouvera un repos provisoire chez le directeur du musée, par ailleurs son amant, tandis que dans Rome, les gens semblent devenu fou en faisant ainsi grimper le nombre de suicides et d'agressions. Bientôt esseulée, Sarah va devoir mener l'enquête aussi bien sur l'origine de l'urne pour découvrir l'histoire des "Trois Mères" que fouiller son passé puisqu'elle va se découvrir des pouvoirs ésotériques.
Sur le fond, l'intrigue sera définitivement navrante, superficielle et soumise a de trop nombreuses incohérences flagrantes, avec notamment cette héroïne de pacotille qui va du jour au lendemain découvrir ses pouvoirs (lui permettant même de se rendre invisible… Sans commentaire !) et voir sa mère la guider depuis l'au-delà dans son combat contre le Mal (pour des apparitions ridicules), pour ensuite rencontrer plein de gens qui vont l'aider dans sa quête de vérité, entre ce vieux curé exorciste et cette lesbienne ayant bien connu sa mère, jusqu'au combat final largement trop vite expédié ( et de quelle façon désastreuse…), tandis que les rebondissements resteront sans aucun enjeu véritable, comme cette interminable course-poursuite dans une gare puis une labyrinthique librairie ou encore l'attaque de la maison de la lesbienne par un tueur psychopathe accompagné du singe du début du film descendant une corde en rappel (n'importe quoi !). Quant à l'histoire des "Trois Mères", elle sera bien vite expédiée pour être même décrédibilisée par les explications fumeuses d'un vieil alchimiste en fauteuil roulant.
Mais "heureusement" de cette bouillie scénaristique déplorable va ressortir une multitude de situations que le ridicule et le côté aberrant vont rendre amusantes et même hilarantes, avec par exemple ce petit singe que l'on voit mal constituer une quelconque menace mais qui aura le don d'effrayer l'héroïne, ou encore ces "possédées" courant après Sarah poitrine à l'air, mais également ces sorcières modernes censées représenter le Mal mais qui prendront la forme de pauvres gothiques délurées ricanant stupidement. Trop drôle !
Mais en plus, lorsque Dario Argento voudra avancer la déchéance de Rome et cette multiplication de la violence, ces era alors un côté définitivement cheap qui ressortire puisque nous ne verrons que quelques quidams se bagarrer mollement, une femme jeter son bébé par-dessus un pont et trois casseurs fracasser une voiture… Terrible, non ? Mais le pire c'est alors que les protagonistes continueront d'annoncer cette montée de violences écrasante et largement préoccupante, chaque séquence se déroulant à ciel ouvert dans les rues de Rome laissera paraître un aspect "normal" de la cité italienne, avec juste parfois deux ou trois figurants s'accrochant les blousons pour faire croire à une bagarre… D'autant plus pitoyable que chacun semblera continuer à vivre normalement et Sarah pourra par exemple trouver un taxi qui la promènera de nuit dans la ville.
Enfin, pour couronner le tout le réalisateur se vautrera régulièrement dans des scènes sanglantes certes expansives et volontaires, mais complètement gratuites (la femme dévorant son bébé) et mal orchestrées pour perdre ainsi l'impact désiré, jusque dans cette messe noire finale dans les catacombes elle aussi cheap mais prétexte à quelques abominations cherchant vainement à choquer un spectateur trop occupé à rire pour s'en rendre compte.
Autre symbole de la déchéance du réalisateur, sa quête farouche visant à se raccrocher à ses titres de gloire avec de trop nombreux clins d'œil presque lassants aussi bien aux deux premiers volets de le trilogie des "Trois Mères" qu'à "Phenomena" avec par exemple ce bain dans une marre d'asticots et de crânes humains, et la liste serait encore longue et fastidieuse.
L'interprétation est quasiment en roue libre, laissant ainsi notamment Asia Argento jouer n'importe comment pour rapidement laisser de côté toute crédibilité, tandis que la mise en scène du réalisateur est pauvre, dépouillée des artifices chers à l'auteur. Les effets spéciaux sont par contre largement probants pour les différentes séquences sanglantes très graphiques et volontaires qui viendront éclabousser le métrage.
Donc, ce "Mother of tears" offrira un spectacle certes déplorable pour les admirateurs de Dario Argento, mais en même temps tellement drôle !
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