Un film labellisé Spielberg est souvent gage de qualité, la vision très sirupeuse de rencontres du 3ème type amenait une certaine interrogation quant à sa prise de risque à diaboliser les extra terrestres en s’attaquant à un remake de la guerre des mondes.
Une image saturée, limite monochrome tant les couleurs sont froides, une musique très discrète, une famille recomposée où les rapports entre le père et ses enfants sont glacials, le ton est donné, ça ne rigole pas et ce n’est qu’un début. Très vite l’envahisseur multiplie ses attaques, terrifiantes, dévastatrices, le constat est édifiant leur technologie dépasse en tout point les moyens dont les terriens disposent pour riposter, une seule solution, fuir pour échapper à une mort certaine. Ne tournons pas autour du pot, Spielberg réalise là un film formidable en tout point, on reste scotché dès les premières attaques par l’ampleur des effets spéciaux, la destruction du pont autoroutier, le crash de l’avion, le chavirage du bateau, les scènes impressionnantes sont légions. Cet exode massif des terriens tétanisés par la peur n’est pas sans rappeler évidemment la seconde guerre mondiale, la scène de lynchage pour s’approprier le seul véhicule en état de marche reflète parfaitement le côté obscur de l’homme et sa volonté par tous les moyens de survivre. La seule scène inévitable de happy end qui colle toujours à la peau de Spielberg est pour moi la seule faiblesse de ce film, dans cette apocalypse la perte d’êtres chers était inévitable. Ce petit travers est malgré tout pardonné ne serait-ce que par cette magnifique trouvaille du caméscope sans son propriétaire qui filme la désintégration des humains. Tom Cruise trouve à mon sens l’un de ses meilleurs rôles, c’est franchement jubilatoire de le voir enfin développer des sentiments humains comme la peur ou la lâcheté sans trop surjouer. La scène de la cave est très forte avec l’impeccable Tim Robbins où elle met en opposition le courage de refouler l’envahisseur à la peur de combattre en se cachant, cruel dilemme ! Enfin Dakota Fanning est bluffante de maturité et amène la dose d’humour nécessaire pour reprendre son souffle.
Cette invasion destructrice menée une nouvelle fois de main de maître par son réalisateur nous fait passer un sacré frisson, on en redemande…
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