Psychose, une date dans l'histoire du cinéma !
Réalisé en 1960 par Hitchcock, "Psychose" reste, en dépit des années, comme l'un des plus grands films jamais réalisés dans l'esprit des cinéphiles. Il doit cette célébrité à la fois aux thèmes fascinants qu'il évoque et à une réalisation toujours citée comme un modèle du genre.
A partir d'une histoire de vol suivie d'un meurtre, Hitchcock organise un film étonnant dont le récit, les personnages, les décors, la musique et les figures imagées constitue un ensemble qui "dit" et répète que l'être humain est partagé, pour son bonheur et/ou son malheur, entre ses désirs les plus profonds et sa difficulté à les réaliser.
C'est cette dualité qui est au coeur de "Psychose", qui le structure et qui en fait sa force. En effet, cette confrontation entre aspirations et interdit, Hitchcock la retranscrit dans le thème du double qui envahit l'ensemble du film.
C'est ainsi que le récit est double (l'histoire de Marion puis celle de Norman) ; que les personnages ont une double personnalité (Marion est une employée modèle avant de se mettre hors-la-loi / Norman passe pour un fils modèle avant de révéler sa face cachée) ; que le décor a une double dimension (du regard caméra aérien du début aux bas-fonds du marais final) ; que le thème musical est double (un premier tempo lent, grave, hésitant comme une tentation, alterne avec un second mouvement emportant la folie des violons suraigus).
Cette dualité qui définit l'ensemble du film vise à exprimer l'obsession des personnages et se traduit visuellement par les figures circulaires de l'enfermement (phares des voitures / fenêtres éclairées comme des yeux dans la nuit / pomme arrondie de la douche / évacuation tourbillonnante de l'eau).
Grâce, aussi, à des acteurs talentueux (Anthony Perkins et Janet Leigh, notamment), Hitchcock orchestre une véritable descente aux enfers de l'âme humaine et propose une vision tragique de la condition humaine : se débattant vainement pour satisfaire ses désirs, se heurtant à ses propres limites et aux interdits de la société, l'être humain s'enferme dans une prison qu'il construit lui-même, ce dont il ne prend conscience que trop tard, comme le montre la surimpression finale du crâne ricanant sur le visage de Norman.
Plutôt qu'un film sur un psychopathe comme on l'a dit trop souvent, "Psychose" est une réflexion sur la souffrance humaine et la tragédie de toute vie.
Film à conseiller absolument à ceux qui ne le connaissent pas ou à revoir plusieurs fois pour en saisir toute l'étonnante richesse. Et l'on vous envie de découvrir un film qui propose un pareil enchaînement d'émotions, de frayeurs et de coups de théâtre et qui vous emporte, à travers Marion et Norman, jusqu'au plus profond de vous-même.
|