Personnage emblématique du folklore "fantastique" ayant réellement existé, la comtesse Bathory, malgré le potentiel existant puisque la comtesse était réputée pour son sadisme et surtout pour sa volonté farouche de rester jeune qui la poussa à prendre les bains de sang de jeunes femmes vierges censés lui garantir une jeunesse éternelle, n'a pas inspiré plus que cela les scénaristes (malgré quand même quelques titres comme "Les lèvres rouges", le récent "Stay alive"ou encore cet hommage rendu dans une remarquable scène d'"Hostel 2", par exemples ), et c'est donc avec une réelle curiosité que l'on découvre ce "Eternal" qui vient recycler le mythe en l'adaptant à notre époque pour un résultat envoûtant oscillant entre thriller et fantastique.
Le script va suivre l'enquête d'un policier dont la femme a disparu, enquête qui va s'orienter vers Elizabeth Kane, une riche jeune femme qui va le manipuler.
Après une courte séquence d'introduction suivant en Slovaquie un vol de tableau, le métrage va avancer une jeune femme se rendant à un rendez-vous dans une imposante propriété luxueuse pour être accueillie par une jeune femme, Elizabeeth Kanela propriétaire des lieux avec qui elle espère avoir une relation saphique, mais après quelques caresses, son hôte va la tuer et se mettre à boire son sang pour bientôt être rejointe par Irina, sa servante. Cette première séquence imposera d'entrée une ambiance trouble et par moments gothique, voir même baroque qui marquera par la suite de son empreinte l'ensemble du métrage.
Ensuite, le métrage va nous présenter son personnage principal, Raymond Pope, que nous allons d'abord voir entretenant une relation gentiment sado-masochiste avec une demoiselle avant de le retrouver dans sa fonction de policier puisqu'il va être appelé sur un événement qui va véritablement lancer l'intrigue avec la découverte de la voiture de son épouse abandonnée (celle conduite par le personnage féminin vu juste auparavant). Cherchant à en savoir plus mais sans que cette disparition ne l'inquiète plus que cela, laissant ainsi entrevoir un couple désuni et très libre, Pope va quand même fouiller le sac à mains de sa femme retrouvé dans le véhicule et découvrir l'adresse d'un site internet de rencontres lesbiens sur lequel il va trouver un message contenant une adresse, celle de la propriété d'Elizabeth Kane, qu'il va rencontrer et questionner pour n'obtenir que des réponses évasives et pleines de provocation de la part de la jeune femme. L'intrigue va alors bien entendu développer ses situations autour de l'enquête de Pope, tout en nous faisant pénétrer dans l'intimité de cette mystérieuse femme manipulatrice et dominant une servante lui fournissant des proies humaines, pour voir un piège bien vicieux se refermer sur Pope, celui-ci devenant bien sûr trop curieux.
Parmi ses nombreuses qualités, le métrage avancera toujours des plans esthétiquement fortement travaillés et d'une beauté formelle évidente qui donneront de l'ampleur aux scènes fortes du film (le "bal masqué" décadent du final, par exemple), mais laissera une intrigue riche en rebondissements présenter des situations très régulièrement orientées vers le thriller plutôt que vers l'horreur ou le fantastique pur, faisant même épisodiquement penser au "Basic instinct" de Paul Verhoeven pour mettre en place une machination diabolique pour éloigner Pope. Mais l'aspect érotique sera également bien présent, sans pour autant sombrer dans la vulgarité, pour avancer des scènes certes osées et crues, mais bizarrement n'offrant que très peu de nudité, donnant surtout un penchant sensuel très fort au personnage ambiguë d' Elizabeth Kane, dont le doute quant à sa réelle identité alimentera une bonne partie du suspense du film, puisque les deux réalisateurs ne choisiront pas leur camp entre la possibilité de se trouver en présence de la vraie comtesse Bathory et celle d'une psychopathe avide de jeunesse, laissant ainsi le spectateur se faire sa propre opinion et attendre le dénouement avec impatience, tout en s'accrochant aux éléments donnés au fur et à mesure des situations.
Mais cela n'empêchera pas pour autant le métrage de nous gratifier de séquences stressantes et d'autres quelque peu sanglantes avançant les idées originales (le dentier, ou encore la somptueuse scène finale de la baignoire, en tout points remarquable) mais l'orientation du film se fera surtout vers cette ambiance trouble et envoûtante (par ces décors magnifiques et bien entendu le personnage d'Elizabeth Kane) qui accompagnera l'ensemble du métrage de manière largement efficace.
Les personnages sont eux aussi bien travaillées, pour ainsi laisser ce policier devenir attachant malgré ses penchants adultères et ses goûts sexuels quelque peu hors normes, tandis que son adversaire aura largement de quoi retenir l'attention et que même les seconds rôles (la servante ou encore la baby-sitter) auront bénéficiés d'une attention particulière renforçant la crédibilité globale de l'intrigue, l'ensemble profitant d'une interprétation juste et sans aucun surjouage qui aurait pu "casser" l'ambiance et confiner au ridicule, entre Conrad Pla tout à fait crédible dans le rôle de Pope et la ravissante Caroline Néron affolante pour interpréter Elizabeth Kane. La mise en scène du duo de réalisateurs est plutôt convaincante pour avancer des images léchées et créer cette atmosphère spéciale, tout en maintenant un rythme constant sur la durée du film. Les quelques effets spéciaux rapidement mis en œuvre demeureront probants en étant réalistes.
Donc, ce "Eternal" constituera une excellente surprise et offrira à la comtesse Bathory une illustration méritante et envoûtante !
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