Ce film de Samuel Benchetrit est un peu particulier. Il s'agit de ce genre de film qui fonctionne à l'émotion, au feeling avec le spectateur. Il s'agit ici d'un film plus émotionnel qu'autre chose. Il est donc normal que, selon les sensibilités, les avis diffères. Pour ma part, en tant que spectateur, ce film m'a bouleversé. Il m'a fait rire, sourire...réfléchir...Je ne l'ai même pas regardé comme un film mais comme un morceau de vie, presque un documentaire. Pourtant, le métrage est ici profondément ancré dans un référentiel cinématographique. Mais il ne faut pas oublier qu'aux origines, le cinéma était fait pour retranscrire le réel... Les origines, ici, Benchetrit y fait parfaitement référence et outre les choix techniques judicieux se rapprochant des univers qu'il veut traiter, la construction et la narration en elle-même est un hommage formidable à l'Histoire du cinéma. Ici, chaque segment de film peut se rapporter à un moment de l'Histoire du cinéma. On aperçoit par exemple un court passage réalisé à l'aide de photographie, d'autre reprenant les techniques du muet en accéléré avec inter-titres, tel des classiques du burlesque. La bande de vieux braqueur fait incontestablement pensé aux "Tontons flingueurs" d'antan...alors que le duo Bashung/Arno résonne comme un dialogue de chez Truffaut ou Godard. On assiste ici à un film offert par un amoureux du cinéma mais, et c'est là que Samuel Benchetrit fait très fort, sans jamais tomber dans le référentiel à outrance ou la parodie. On assiste ici à un spectacle humain avec tout ce qu'il a de plus ridicule, de plus drôle ou de plus touchant. Comment ne pas être pris de réflexion devant cette bande de papys, anciens braqueurs, porté par un groupe d'acteur parfait, qui se rend compte que le temps passe décidément trop vite...et ces deux pseudo-gangster belges absolument hilarant mais qui se révèlent extrêmement touchant et montre l'humain sous son jour le plus attendrissant. Le segment avec Bashung et Arno en tête à tête autour d'un café est drôle et pleins d'ironie. le quatrième segment servant en quelques sorte de file conducteur est porté par le couple Anna Mouglalis et Edouard Baer absolument génial qui ne peut que rappeler l'univers de Tarantino. On assiste donc ici à un merveilleux hommage au Cinéma avec un grand "C" mais aussi à la vie dans ses côtés les plus clairs comme les plus sombre. Comme le dit le titre ici tous les personnages rêvent...ils rêvent d'une autre vie, de richesse, de succès, de jeunesse...ils sont tous un peu semblable. Ils forment même métaphoriquement tous un seul et même personnage que l'on suivrait à différents moment de sa vie...Un film touchant et maitrisé de bout en bout, finement mit en scène et en image. Le casting est parfait, tout comme la réalisation qui n'hésite pas à se servir des petites imperfections pour les mettre de son côté et augmenté la sympathie de l'œuvre. En tant que spectateur, ce film m'a parlé. Il m'a parlé sur absolument tous les sujets traités. Et ça, c'est magique. Une œuvre qui prend pour moi une part sentimentale, affective et qui restera, à n'en pas douter, l'un de mes films préféré.
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