Réalisé par Brian de De Palma, Redacted s'attache à montrer que la réalité est à géométrie variable. Elle dépend pour beaucoup des sources que l'on utilise. C'est pour cette raison que dans ce film qui prend des allures de faux documentaire, l'origine des images est très diverse : images vidéo des militaires américains, images vidéo des rebelles irakiens, caméras de surveillance, images envoyées sur Internet, images qui sont passées sur les journaux télévisés américains. Dès le départ, il faut dire que De Palma nous indique bien qu'il faut faire attention aux images qui sont véhiculées par les différents médias. Ainsi, il fait dire dès le début du film par le biais de l'un des militaires américains que la première victime en Irak sera la vérité.
Les militaires américains en prennent d'ailleurs pour leur grade dans ce film. On nous montre des militaires qui n'ont aucun respect pour la population locale (ils les appellent souvent les rats ou encore les bougnoules) et qui surtout se prennent pour les maîtres dans un pays qui n'est pourtant pas le leur. La justification de l'interventionnisme américain est posée à de nombreuses reprises. De Palma dresse un constat terrible de la situation actuelle. L'exemple le plus significatif est celui des barrages. Ceux-ci sont dressés pour tenter d'empêcher de passer les rebelles. On apprend dans le film que 2000 personnes ont trouvé la mort en voulant passer ces barrages et qu'au final seules 60 de ces personnes se sont révélées être des rebelles (un des points culminants de la bêtise de l'armée est le fait d'avoir tué les occupants d'une voiture alors que la femme àp l'intérieur était sur le point d'accoucher et que les militaires avaient dit au conducteur de passer).
Faisant la lumière sur un acte abominable (le viol et le meurtre d'une jeune fille, sans compter le meurtre d'une partie de la famille de celle-ci au même moment) et sur les conséquences qu'il a engendré, Brian de Palma s'interroge dans Redacted sur le sens des images qui sont véhiculés lors de l'interventionnisme en Irak. Nullement aimable, le film de De Palma est un véritable brûlot contre la politique étrangère américaine actuelle. Il s'agit là d'un véritable électrochoc et d'un engagement de la part du réalisateur américain contre les seules images qui sont véhiculées aux Etats-Unis par le Pentagone.
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