Après son excellent "The descent", le réalisateur britannique Neil Marshall change complètement de registre pour nous offrir un hommage fulgurant et complètement libéré aux "post-nuke" des années quatre-vingt, dans un mélange des genres et des influences édifiant et surtout ébouriffant.
Le script va prendre place trente ans après qu'un virus mortel se soit développé en Ecosse, obligeant le gouvernement à édifier un mur infranchissable pour bloquer l'épidémie, transformant ainsi l'Ecosse en "no man's land". Mais le virus va faire sa réapparition dans Londres, forçant le gouvernement anglais à envoyer une équipe de militaires surarmés derrière le mur pour essayer de trouver un vaccin, puisqu'un satellite militaire a repéré des survivants, certainement immunisés.
D'entrée, le métrage va nous raconter en voix-off appuyée par des images chocs le développement de cette épidémie ayant décimé une partie de la population écossaise tout en plongeant cette partie du pays dans le chaos jusqu'à la construction de ce mur coupant le Royaume-Uni en deux et laissant les contaminés et les survivants livrés à eux-mêmes dans une Ecosse ravagée par la guerre civile avant peu à peu de s'éteindre. Cette entame du film sera déjà bien violente, méchante dans ses plans sanglants volontaires et parfois même outranciers, mais également quelque peu défaitiste pour suivre le calvaire et la mort des survivants stoppés par ce mur. Ensuite, le métrage va faire un bond en avant de trente ans pour suivre un duo de policiers en intervention pour arrêter un trafiquant d'esclaves, alors que la situation va dégénérer et qu'un des deux policiers périsse, laissant alors l'intrigue nous présenter véritablement son personnage principal, le major Eden Sinclair, une jeune femme intrépide et vaillante, mais désabusée suite à la perte de sa mère lors de l'épidémie. Ensuite, après la découverte par d'autres policiers de personnes atteintes par le fameux virus en plein ghetto de Londres, le gouvernement va se réunir d'urgence et décider d'envoyer une petite escouade derrière le mur, à la recherche de survivants vus par satellite et surtout d'un spécialiste en virologie resté là-bas. Le major Eden Sinclair va prendre la tête du convoi composé de deux véhicules blindés et d'un petit groupe de soldats pour être les premiers à pénétrer dans le "no man's land" depuis trente ans.
Bien entendu, l'intrigue entretiendra alors avec justesse un suspense lié à la découverte de survivants et surtout dans quelle condition cela va se faire, pour finalement arriver à surprendre le spectateur en planifiant une attaque massive contre le groupe qui lancera véritablement l'action à l'intérieur de cette Ecosse dévastée où deux clans s'affrontent, permettant ainsi au réalisateur de se faire plaisir avec un hommage avéré aux "post-nuke" italiens avec ces énergumènes au look punk bien destroy aussi typiques que décérébrés et cannibales, lors d'une partie du film qui hélas flirtera quand même parfois avec le ridicule, tandis que le second clan ensuite rencontré sera quant à lui retourné à l'époque moyenâgeuse avec chevaliers en armures et château comme place forte.
Et au milieu de l'enchaînement sans aucun temps mort d'une action sans cesse renouvelée sur un rythme effréné, Neil Marshall va multiplier les hommages et autres situations référentielles débridées, entre cette poursuite finale qui lorgnera de manière jouissive du côté de "Mad Max 2", tandis que le personnage du major Eden Sinclair aura un côté "Snake Plissken" du "New York 1997" de John Carpenter, ou encore la découverte des contaminés dans Londres qui évoquera une situation presque analogue du "Zombie" de George A. Romero, par exemples.
Mais surtout, le réalisateur s'attachera à donner un aspect décadent, délirant et outrancier à chaque des séquences du film, avec un apport sanglant plus que régulier et dévastateur qui frappera tout le monde (même les lapins…) dans une bonne humeur largement communicative pour peu que le spectateur arrive à rentrer dans le délire du réalisateur.
Alors bien sûr, on pourra toujours reprocher au film de ne pas assez s'intéresser à ses personnages pour n'avancer que des stéréotypes, entre ces politiciens véreux et juste bons à essayer de sauver leur place, ou encore l'héroïne dont le trauma pourra sembler bien basique et simpliste, tandis que la plupart des autres protagonistes demeureront lisses et sans saveur réelle (à l'exception du vieux policier de mèche par le major), tandis que la mise en scène de Neil Marshall aura tendance à se montrer trop "cut" dans des plans courts qui certes donneront naturellement du rythme à l'ensemble mais pourront nuire à la lisibilité globale des séquences, mais se serait sans compter que ces effets rentreront parfaitement dans la démarche du réalisateur voulant juste délivrer un spectacle décomplexé et "fun" en diable, mais toujours maîtrisé et définitivement assumé dans ses débordements excessifs et parfois même quelque peu déviants.
L'interprétation est convaincante, avec notamment Rhona Mitra parfaite dans le rôle principal, mais laissant les autres acteurs paraître largement eux aussi crédibles, tandis que la réalisation de Neil Marshall parviendra aisément à doper l'ensemble pour délivrer un rythme plus que dynamique et vif à l'ensemble, tout en tirant partie de chaque de ses séquence d'action. Les effets spéciaux sont plus que probants, pour de nombreux plans très sanglantes volontaires en versant dans un gore franc et direct, avec ces innombrables décapitations, impacts de balles, membres sectionnés et autres écrasements terriblement jouissifs, notamment bien entendu lorsqu'il s'agit des adversaires de groupe qui périront de façon toujours violente.
Donc, ce "Doomsday" nous livrera un spectacle extrêmement vivifiant et détonant qui n'hésitera jamais à aller au fond de ses idées jusqu'à l'excès, pour un hommage plus que réjouissant à tout un pan de cinéma des années quatre-vingt, "New York 1997" et "Mad Max" en tête !
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