Nous venant d'Allemagne (mais fortement américanisé), ce "Steel trap" ne cherchera pas à innover en mêlant à son intrigue lorgnant vers le "slasher" des éléments directement hérités du "Cube" de Vincenzo Natali, mais parviendra à captiver son spectateur en soulevant bien des questions qui ne trouveront des réponses que lors de l'obligatoire twist final basique mais ici illustré de façon plaisante.
Le script invite par SMS cinq convives d'une soirée donnée pour le Nouvel An dans un building désaffecté à rejoindre une autre soirée située quelques étages plus haut où ils vont se rendre accompagnés par deux personnes avec qui elles étaient au moment de la réception du message. Mais rapidement, ils vont se rendre compte que cette invitation cache un jeu mortel dont ils vont devenir les victimes, à moins de réussir à quitter cet endroit bourré de pièges meurtriers.
Dès son introduction, le métrage va s'attacher à nous présenter ses différents personnages principaux, pour avancer ainsi toute une galerie de stéréotype qui étrangement réussiront quand même à gagner les faveurs du spectateur, entre ce couple assez mal assorti se balançant des vannes sarcastiques lorsque madame ne flirtera pas avec un inconnu devant son homme, ce rocker sur le retour, ce dragueur invétéré qui se laissera séduire par une aguicheuse de première ou encore cette présentatrice d'une émission culinaire ennuyée par une fan travaillant également dans une société de production télévisuelle. Tout ce petit monde évoluera devant la caméra le temps de laisser le soin au spectateur de cerner chacune des personnalités des différents protagonistes, avant de lancer cette étrange invitation qui sera bien entendu acceptée de fait puisque nous allons retrouver ces sept individus réunis autour d'une table dans un décor "bon enfant" quelque peu surréaliste, surtout que chaque invité aura droit à son petit carton accompagnant son nom d'un surnom guère sympathique et même offensant (en plus de donner d'entrée des possibilités de choix de morts violentes à venir), avant de donner le premier indice qui les lancera dans une quête dont ils n'aurons pas encore conscience des tenants et des aboutissants, puisqu'ils croiront à une chasse au trésor ou quelque chose de semblable. Mais suite à quelques péripéties, la réalité apparaîtra après un premier crime légèrement graphique (les lèvres cousues) lorsqu'ils vont découvrir le cadavre, sans pour autant que le "jeu" ne s'arrête pour autant puisque leur mystérieux hôte va continuer à dicter ses règles tout en les observant à travers les caméras disséminées un peu partout, pouvant ainsi mieux frapper ensuite.
Bien entendu, les influences plus qu'évidentes du film ressortiront très (trop ?) fréquemment, entre ces heurts entre les personnages causés par cet environnement claustrophobe et cette tension au sein du groupe directement héritée de "Cube", avec pour seule initiative propre la volonté du tueur de brouiller les pistes en laissant vivre certains personnages pourtant tombés entre ses griffes, avançant de la sorte l'hypothèse d'un complice parmi les invités, tandis que certains pièges et l'environnement ressembleront plus à un épisode de la sage des "Saw", laissant même au réalisateur l'opportunité de s'offrir un hommage aux gialli d'autant avec ce tueur au masque anonyme, ces vêtements et ces gants noirs et sa prédilection pour les meurtres à l'arme blanche, tout en utilisant certains "trucs" propres au genre pour tenter de surprendre le spectateur (le faux couteau, par exemple).
Mais heureusement, même si ces influences viendront alimenter l'intrigue de façon bien prévisible et guère audacieuse, le métrage arrivera à se montrer captivant, grâce notamment à ses personnages jamais avares en répliques assassines les uns envers les autres pour nous livrer ainsi des dialogues croustillants et acerbes. Les décors seront également utilisés à merveille par le réalisateur pour rendre l'atmosphère du film claustrophobe en jonglant parfaitement avec l'unité d'espace pour faire circuler le groupe au travers des dédales de couloirs dans une semi obscurité pas franchement accueillante, mais les différents "tableaux" auxquels seront conviés les victimes dans des pièces décorées de manière irréelle et enfantine viendront se mêler de semer le trouble dans l'esprit du spectateur, par ailleurs bien occupé à chercher à percer le mystère de cet assassin dont l'identité bien sûr mais aussi les motivations resteront cachées jusqu'à l'issue finale, même si le twist deviendra de plus en plus anticipable au fur et à mesure qu'il se rapprochera, et cette révélation n'aura rien de transcendant sur le fond mais parviendra heureusement à demeurer crédible tout en justifiant les exactions sadiques commises auparavant. Et justement le métrage se montrera quand même bien soft dans l'agencement de sa violence pour nous offrir que quelques petits plans sanglants pas forcément généreux.
Les personnages, clés de voûte de l'intrigue, seront donc au final plutôt attachants malgré leurs caractères biens trempés et les stéréotypes véhiculés, et bénéficieront d'une interprétation largement cohérente qui demeurera crédible du bout en bout, tandis que la mise en scène du réalisateur (dont c'est le premier long métrage) est assez dynamique et utilise ses effets (et notamment la caméra subjective) de manière adaptée mais sans pour autant parvenir à générer une réelle angoisse. Les quelques effets spéciaux sanglants du film sont probants et réalistes mais guère généreux.
Donc, ce "Steel trap" arrivera à capter et à garder l'attention de son spectateur sur la longueur mais ne saura en aucun cas apporter une véritable originalité au profit de situations référentielles déjà vues maintes fois ailleurs !
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