Tourné par le réalisateur Lucio Fulci tout juste sorti de sa magnifique période zombiesque, "L'éventreur de new-York" restera comme l'un des giallos les plus sales, malsains et pervers jamais réalisés où toute une galerie de personnages déviants vont cohabiter et se faire massacrer lors de scènes graphiques qui sonneront comme autant de morceaux de bravoure gores.
Le script va suivre l'enquête d'un inspecteur de police suite aux meurtres de plusieurs jeunes femmes retrouvées poignardées et éventrées.
Le métrage va tout de suite lancer son aspect policier avec la découverte par un quidam d'une main lors d'une première séquence assez souriante d'une main humaine qui va obliger l'inspecteur Fred Williams à enquêter en notamment interroger la logeuse de la victime, une mégère indiscrète, laissant planer une certaine légèreté sur cette entame du film qui va bientôt disparaître complètement après un premier meurtre sordide et sauvage dans son agencement pour laisser une ambiance glauque s'installer durablement. En effet, en plus de suivre les déboires de l'inspecteur Williams obligé de recourir à l'aide d'un spécialiste des comportements déviants, l'intrigue va quelque peu se disperser en suivant les aventures d'une femme nymphomane ne trouvant rien de mieux à faire que d'aller dans des peep-shows pour y enregistrer avec son magnétophone les ébats se déroulant sur la scène ou encore de fantasmer sue des petits voyous qui lui rendront bien la monnaie de sa pièce, donnant ainsi un caractère pervers et érotique au métrage, celui-ci s'étant déjà largement enfoncé dans un univers sombre et malsain. Le réalisateur nous montrera ainsi la face cachée de New York et de ses nuits vouées à la luxure, uniquement peuplées de prostituées et de passants louches flânant devant des cinémas spécialisés et autres endroits dédiés au sexe, dans une ambiance crasseuse qui ne sera pas sans rappeler celle du "Maniac" de William Lustig en encore plus vulgaire et dépravée.
Et en plus de cet univers sordide et malsain, tous les protagonistes du métrage verront leur déviances s'afficher au grand jour, entre bien entendu cette nymphomane adepte en plus du sadomasochisme, ce policier s'offrant les services d'une prostituée, cet expert en comportements déviants dont l'homosexualité sera révélée froidement et ce gigolo qui offrira un coupable tout désigné qui ne vivra que pour le sexe en plus d'être drogué, et même dans ce tableau bien noir, les seuls personnages en apparence "normaux" cacheront eux aussi des secrets inavouables.
C'est dans ce contexte que Lucio Fulci va parsemer son film de séquences de meurtres terriblement graphiques, provocantes (telle cette demoiselle qui finira éventré par un tesson de bouteille enfoncé dans le vagin) qui marqueront les mémoires (comment oublier ce téton coupé en deux par une lame de rasoir en gros plan, par exemple) par leur réalisme à tout épreuve. Et si le réalisateur va loin dans la violence sanglante, il en ira de même avec un érotisme sordide, aussi bien en montrant carrément un couple en plein ébat dans un peep-show que par le perversité de son personnage nymphomane, ou encore en laissant traîner la caméra sur les revues pornographiques du gigolo.
Mais hélas, l'intrigue générale du film restera quand même basique en respectant les codes du giallo avec cet assassin qui se moquera de la police jusqu'à l'humiliation complète, cette quête de l'identité du meurtrier qui sera bien facilitée par le manque de protagonistes suspects et des indices précoces, avec également un mobile tarabiscoté mais également mélancolique et douloureux, tout en étant quand même surprenant avec ce tueur doté d'une inoubliable voix de canard qui sous son apparence à première vue risible deviendra bien vite malsaine et troublante. Cela n'empêchera pas pour autant Lucio Fulci de réussir à donner de l'ampleur à ses séquences tendues, pleines d'un suspense avéré (le métro) tout en affirmant quelques effets de surprise qui aisément atteindront leur but.
L'interprétation est ici assez mitigée, car si Jack Hedley assure son rôle d'inspecteur désabusé et que Renato Rossini en impose en gigolo pervers par son faciès dangereux, les autres interprètes seront plutôt fades et sans relief. La mise en scène de Lucio Fulci est efficace, aussi bien pour gérer le suspense que pour magnifier d'une beauté froide et sadique les scènes de meurtres, tout en avançant encore le style de cadrage propre au réalisateur.
Les effets spéciaux sont globalement convaincants en étant extrêmement volontaires mais en même temps réalistes, et seuls quelques trucages resteront légèrement visibles.
Donc, ce "L'éventreur de New York", en plus d'être le dernier film vraiment convaincant de son auteur qui verra sa carrière décliner par la suite, sera une œuvre profondément malsaine, radicale, d'une noirceur et d'une déviance absolue pour ce giallo urbain à part et d'une violence très sanglante rarement égalée dans son genre !
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