Réalisé par Glen Morgan, auparavant auteur du sympathique "Willard ", ce "Black Christmas" sera bien plus une relecture s'appuyant juste sur le matériau d'origine qu'un simple remake du film de Bob Clark datant de 1974 et qui fût l'un des titres fondateurs du "slasher" avec le "Halloween" de John Carpenter, puisque le résultat s'écartera de l'intrigue original pour créer son propre univers qui sera aussi dynamique que sanglant, parfois déviant et toujours captivant grâce à un rythme sans faille.
Le script va laisser un tueur s'attaquer à une confrérie de jeunes étudiantes s'apprêtant à fêter Noël.
Dès sa séquence d 'introduction, Glen Morgan va rendre un hommage appuyé au film d'origine avec cette première séquence de meurtre pré-générique, tout en détournant ce qui avait été fait auparavant afin de tromper le spectateur cinéphile, pour une première séquence déjà percutante. Ensuite, après un court passage (jouant encore avec les codes du genre) dans un hôpital psychiatrique où un père Noël sera troublé de tomber sur la cellule de Billy, un assassin ayant massacré sa famille, le métrage va nous présenter ses principaux personnages, ces jeunes demoiselles appartenant à la même confrérie d'étudiantes se préparant à ouvrir leurs cadeaux de Noël ensemble, en ayant bien pris soin comme leur tradition le veut d'avoir déposé un cadeau au pied du sapin pour Billy, puisque ce tueur a vécu dans la maison abritant la confrérie. Ces jeunes femmes resteront heureusement assez loin des stéréotypes d'usage pour paraître presque naturelles, laissant alors l'intrigue démarrer réellement avec l'inévitable évasion de Billy, laissant présager le pire pour la confrérie, même si le spectateur doutera encore à ce moment du film de l'identité du tueur, puisque celui-ci est déjà à l'œuvre dans la maison. Cela n'empêchera pas le métrage de revenir en détails sur le passé de ce Billy et surtout sur son enfance terrible où les brimades et la séquestration seront suivies d'inceste et de meurtres aux relents de cannibalisme dans une famille sordide à souhait qui nous sera dépeinte lors de flash-backs déviants et en faisant peut-être un peu trop pour expliquer les origines psychotiques de ce tueur, pour ainsi s'éloigner définitivement du film de Bob Clark qui lui restait complètement obscur sur l'identité de son meurtrier.
Mais pendant ce temps-là, la confrérie va bien entendu être secouée par une vague de meurtres tous très graphiques et originaux dans leur agencement et dans les objets utilisés pour occire les victimes (Glen Morgan n'a pas été l'un des scénaristes de la saga des "Destination finale" pour rien !), reprenant au passage la licorne en verre meurtrière du métrage d'origine, qui seront amenés sur un rythme très vif et ne laissant aucun répit au spectateur mais éliminant hélas tout véritable suspense, du fait d'une certaine prévisibilité générale.
Ces meurtres très graphiques (il faudra voir cette demoiselle dont les yeux ont été arrachés se faire traîner par l'assassin qui mettra ses doigts dans les orbites vides comme on les met dans une boule de bowling, par exemple) se serviront en outre régulièrement d'éléments inhérents au fêtes de Noël pour parfaire leur originalité dans une violence réelle sans pour autant être extrêmement agressive jusqu'au dernier acte qui en plus de receler la seule véritable "surprise" (largement anticipable quand même) du film sera bien jouissive même si l'issue du métrage ne sera pas forcément brillante.
Les personnages demeureront quand même bien plus lisses et surtout bien moins croustillants que chez Bob Clark (adieu la maîtresse de maison alcoolique ici remplacée par une femme "normale" sans aucune faveur, par exemple), ce qui réduira l'implication du spectateur dans l'intrigue pour ne pas franchement ressentir une énorme sympathie pour ces demoiselles, même si leur physique avantageux les rendra très largement agréable à voir évoluer, le métrage cédant même à une "obligatoire" scène de douche voyeuriste intéressante dans son détournement de "Psychose".
L'interprétation est cohérente, sans surjouage mais sans réel charisme à l'écran, tandis que la mise en scène de Glen Morgan est véritablement soignée tout en arrivant aisément à donner un rythme vif et dynamique à l'ensemble, tout en bénéficiant d'une photographie et d'un éclairage adapté et magnifiant les séquences. Les effets spéciaux sont probants pour verser dans un gore avéré mais sans outrance à base d'énucléations orbitales et autres têtes transpercées.
Donc, ce nouveau "Black Christmas" se suivra avec un réel plaisir, certes bien différent de celui apporté par l'œuvre originale et largement moins marquant, mais restera largement suffisant pour faire passer un moment agréable à l'amateur du genre !
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