Avec ce "Surveillance", Jennifer Lynch, la fille de David Lynch, nous livre un thriller plutôt bien construit dans son agencement tout en flash-backs, parfois même agressif, sordide et violent, mais hélas quelque peu plombé par un rythme ayant du mal à trouver sa vitesse de croisière dans sa première partie pour heureusement ensuite arriver à impliquer son spectateur e le tenir en haleine jusqu'au twist final, même s'il restera largement prévisible.
Le script va suivre l'arrivée de deux agents du FBI dans une bourgade perdue pour enquêter sur une série de meurtres en interrogeant trois témoins, une fillette, une junkie et un policier local, pour essayer de percer la vérité au travers des dires de chacun.
D'entrée, le métrage va donner le ton en suivant par à-coups deux serial killer en action puisqu'ils vont pénétrer dans une maison et s'attaquer à un couple endormi, tuant l'homme et poursuivant la femme qui aura tenté de s'échapper, lors d'une première séquence assez sanglante et violente et rendue efficace par son traitement et le look des assassins rapidement entraperçus.
Ensuite, l'intrigue va nous présenter Elizabeth et Sam, deux inspecteurs du FBI en route vers une nouvelle enquête dans une bourgade isolée où ils vont débarquer directement au commissariat pour s'y installer et faire connaissance avec les policiers locaux, ceux-ci ayant des comportements bien différents à leur égard. Cette exposition d'une partie des personnages restera classique et ne traînera pas trop pour alors avancer ces trois témoins d'un drame que la réalisatrice se gardera bien de nous dévoiler afin de naturellement garder le suspense intact.
Ces trois témoins d'horizons complètement différents vont alors être interrogés séparément sous l'œil des caméras de Sam qui va pouvoir consulter en direct les trois versions des faits, ce qui lancera véritablement l'intrigue avec ces flash-backs croisés suivant la journée de cette fillette accompagnant sa mère, son beau-père et son frère en vacances, de cette junkie droguée jusqu'aux yeux et de son compagnon dans le même état et enfin de ce policier écumant les routes avec son collègue.
C'est ainsi que l'intrigue va graduellement et lentement faire monter une tension d'abord complètement diffuse alors que nous allons suivre surtout le passe-temps préféré des deux policiers, consistant à tirer sur les voitures circulant sur leur "territoire" afin de crever des pneus et ensuite de sa livrer à quelques parades devant des automobilistes effrayés et apeurés, ce qui semblera intéresser hautement Jennifer Lynch puisqu'elle répétera ce genre de séquences deux fois, mais peu à peu, alors que ces flash-backs vont avancer dans le temps, quelques indices et visions vont commencer à installer un malaise qui ira croissant se clôturera avec une séquence forte et violente, assez sanglante même, lorsque la vérité du drame nous sera enfin dévoilée laissant alors le métrage commencer à préparer son twist final hélas grandement éventé mais illustré de façon cohérente et assez maladive pour réussir à quand même lui donner un impact certain.
Grâce à cette construction du récit originale, le métrage arrivera sans mal à impliquer son spectateur, passée une exposition quand même longuette sur le fond, mais heureusement, et ce sera le cas tout au long du film, les personnages, malgré leurs stéréotypes, assureront le spectacle en étant hauts en couleurs et démonstratifs, avec notamment ce langage parfois "vert" , pour principalement mettre en avant ces deux policiers imposant leur loi et fournissant sans le savoir des victimes toutes trouvées aux assassins, laissant un voile d'ironie planer sur cette partie du film.
Mais Jennifer Lynch saura aussi se montrer à la hauteur de nos attentes lorsque surviendra ce drame qui constituera le point culminant du film, pour une longue séquence d'abord répugnante puis violente, tout en étant malencontreusement assez mal agencée et découpée, n'offrant pas ainsi la lisibilité espérée, pour heureusement laisser alors d'autres explications survenir.
Par contre, l'irruption du twist final confrontant une révélation se voulant surprenante ratera son coup en étant grandement prévisible pour qui s'attachera à de menus détails et événements qui auront le don de mettre la puce à l'oreille du spectateur de façon on l'espère volontaire, car sinon la réalisatrice aura fait preuve d'une certaine naïveté.
L'interprétation est cohérente, notamment dans des seconds rôles croustillants (et on retrouvera avec plaisir Michael Ironside), car si Julia Ormond restera crédible et verra son jeu s'adapter aux situations, Bill Pullman fera figure de fausse note par sa prestation à la limite du cabotinage alors qu'il aurait certainement fallu de la retenue dans son rôle. La mise en scène de Jennifer Lynch est efficace pour construire l'intrigue et agencer ces flash-backs qui viendront se mêler habillement à l'ensemble, tout en arrivant sans mal à installer une atmosphère lourde et pleine de menaces encore diffuses. Les quelques effets spéciaux sanglants du film sont probants et volontaires, pour ainsi réussir même à surprendre par leur volonté graphique avérée.
Donc, ce "Surveillance" réussira à captiver et à impliquer son spectateur dans son intrigue agencée de façon intéressante et prenante, mais comportera hélas quelques petits défauts nuisibles, avec une interprétation gâchée en partie par la contre-performance de Bill Pullman et ce twist trop largement anticipable !
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