Réalisé par Juan Piquer Simon, déjà auteur du bien délirant "Slugs", édité en DVD chez nous sous le titre passe-partout de "Mutations", ce "Pieces", qui lui est aussi connu sous le titre de "Le sadique à la tronçonneuse", versera dans le "slasher" outrancier et foncièrement stupide dans son intrigue aussi basique qu'invraisemblable, pour le plus grand bonheur des amateurs de cinéma-bis décalé (pas forcément volontairement), sanglant et régulièrement sexy.
Le script va laisser un psychopathe perpétrer une série de meurtres, le plus souvent à l'aide d'une tronçonneuse, à l'intérieur d'un campus, laissant la police sans autres indices que des cadavres auxquels il manque des morceaux.
Dans sa séquence pré-générique, le métrage va prendre place en 1942 pour suivre un jeune garçon s'amusant à faire un puzzle représentant une femme nue, pour être surpris par sa mère furibonde. Sans faire ni une ni deux, le gamin va alors aller prendre une hache et défoncer le crâne de sa mère, avant de se cacher dans un placard à l'arrivée de la police et ainsi passer pour une victime. Après un bond dans le temps jusqu'à aujourd'hui, l'intrigue va rapidement suivre une jeune écervelée parcourant les rues sur son skate-board pour venir finalement fracasser une énorme vitre portée par deux livreurs, ravivant ainsi les souvenirs du futur tueur puisque sa mère avait elle aussi cassé un miroir lors de la découverte du puzzle sexy. Après avoir trucidé avec une tronçonneuse la jeune fille, le meurtrier, ganté de noir, va aller ressortir une boite contenant le puzzle et les habits de sa mère.
Le métrage va alors nous présenter ses principaux personnages, les étudiants de ce campus typique qui seront clairement stéréotypés au détour de dialogues ahurissants de bêtise généralement salace, ainsi que leur professeur d'anatomie, puis le doyen qui devra répondre aux questions d'un duo de policiers. Bien évidemment, l'assassin sa cachera parmi ses protagonistes, auxquels il faudra rajouter un incroyable jardinier, travaillant avec une tronçonneuse (comme par hasard), tous plus louches les uns que les autres, alors que le spectateur aura forcément une longueur d'avance sur les policiers, ce qui exclura d'office de la liste des suspects par son jeune âge le Casanova du lycée, Kandall, d'abord suspecté par ces deux enquêteurs qui alimenteront également largement le film en dialogues aussi hauts en couleur que stupides.
Alors véritablement lancée, l'intrigue va suivre cette enquête plutôt morne et fastidieuse puisque les policiers n'avanceront pas et se contenteront de constater les dégâts, heureusement entrecoupée de séquences débouchant toujours sur un meurtre sauvage et gore régulièrement étonnant par un aspect graphique très volontaire, en démembrant une victime quand ce ne sera pas une hanche qui sera attaquée par la tronçonneuse, pour toujours nous laisser découvrir le résultat saignant des atrocités commises par le meurtrier qui finira quand même par être débusqué lorsque les enquêteurs se décideront enfin à fouiller le passé du personnel du campus. Mais auparavant l'intrigue aura laissé une championne de tennis travaillant pour la police (pourquoi pas…) jouer les "sous-marins" et entreprendre avec Kandall, devenu entre-temps ami des deux policiers, de mener eux aussi l'enquête tout en surveillant ce qui se passe à l'intérieur du campus.
En plus de ses dialogues hilarants, le métrage va accumuler les scènes complètement improbables qui le rendront savoureux et croustillant de stupidité, comme lorsque que le tueur va rejoindre aux abords d'un ascenseur sa victime, une tronçonneuse cachée derrière le dos, et monter dans cet ascenseur avec elle, sans que la demoiselle se rende compte de rien. Le métrage se permettra aussi des fausses alertes impayables (l'attaque du prof de karaté) et grotesque (le copain avec son masque), mais cela ne sera rien comparé au final "grandiose" et ses idées de dernières minutes définitivement barrées.
En plus d'être ouvertement très sanglant (chose assez rare dans les "slashers" de l'époque), le métrage avancera un érotisme évidemment totalement gratuit, pour laisser les victimes féminines se trimballer torse nu ou prendre une douche jusque avant d'être agressées, quand elles ne se feront pas dessus sous la menace du tueur.
Cet assassin empruntera logiquement les clichés du genre, caméra subjective à l'appui, pour bien entendu se montrer référentiel envers aussi le "Massacre à la tronçonneuse" de Tobe Hooper que la saga des "Vendredi 13", mais puisera également ses influences dans le "giallo", comme lors de ce meurtre brillant au couteau sur un matelas gonflable rempli d'eau.
Les personnages, crétins au possible, apporteront une touche semi-parodique exquise (comme cet inspecteur qui aura toujours un cigarillos en mains et passera son temps à demander du feu alors qu'il ne fume pas) et bénéficieront d'une interprétation décalée et comique, bien aidée il est vrai par une version française assassine, tandis que la mise en scène du réalisateur peinera quand même à trouver son rythme pour rendre parfois certaines séquences assez fastidieuses.
Les nombreux effets spéciaux sanglants sont probants, généreux dans un gore franc et volontaire, mais sans non plus tomber dans la démesure.
Donc, ce "Pieces" sera à prendre obligatoirement au second degré pour pouvoir devenir irrésistible et savoureux, tout en étant de toutes façons généreux et audacieux dans sa bêtise !
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