Olivier Marchal nous présente avec Gangsters son premier long métrage, ce qu’il considère comme le 1er épisode de son triptyque, assurément le moins abouti par rapport au 36 quai des orfèvres et MR73.
Le réalisateur se sert indiscutablement de son expérience de flic, pour retranscrire l’ambiance désoeuvrée d’un commissariat de police. On y retrouve pêle-mêle, le cogneur, le raleur, le baiseur, le voleur, le menteur ou le flingueur, tout ce petit monde gravitant dans un univers où crasse urbaine et petits larcins nourrissent leurs quotidiens. Le faux truand et la fausse prostituée infiltrent cet endroit suite à un braquage sanglant, pour tenter de découvrir le ou les ripoux de service.
La force du film tient à un huis clos oppressant, avec ses flics de l’ombre, faisant leur boulot avec les moyens du bord, souvent à la limite autorisée, mais avec un langage percutant de justesse, on reste proche d’un univers de Melville ou Audiard.
La faiblesse de cette oeuvre repose malheureusement sur le couple vedette qui a du mal à nous embarquer. Là où Daniel Auteuil impose son véritable charisme pour les deux épisodes suivants, Richard Anconina semble un peu tendre pour ce type de rôle, non pas sur la forme mais sur le fond. Assez inexpressif lors de l’interrogatoire, il ne convainc pas vraiment dans les scènes d’action, encore moins dans les scènes intimes. Anne parillaud est plus belle que jamais, mais fait preuve d’une incroyable transparence dans son jeu. C’est vers les seconds rôles, qu’il faut se retourner pour prendre plaisir aux dialogues. François Levanthal a ce que l’on peut appeler une vraie « gueule », même s’il tombe parfois dans la caricature, il capte malgré tout l’attention. Gérald Laroche, Francis Renaud, Jean-Jacques Le Vessier et Jean-Louis Tribes sont excellents, Catherine Marchal nous fait regretter un rôle trop court, même chose pour Guy Lecluyse. Alexandra Vandernoot reste une magnifique déception car trop caricaturale, François-Régis Marchasson étant la seule faute de casting par un jeu insipide.
Au final, cette oeuvre a le mérite de se démarquer des policiers français jugés trop souvent « mous » tout en dénonçant une hiérarchie fuyante et des hommes livrés à eux-mêmes. Malgré une caricature parfois trop présente et un final un peu trop américanisé, on est en présence d’un divertissement honnête.
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