Second volet des aventures du personnage "Poubelle" toujours interprété par Tomas Milian et initié dans "Le clan des pourris" d'Umberto Lenzi, ce "L'exécuteur vous salue bien" va avancer une intrigue hybride, mélange de "poliziottesco" et de comédie quelque peu lourdingue, pour un résultat souvent souriant mais quand même bancal.
Le script va suivre la lutte entre un commissaire de police et deux truands impliqués dans des affaires différentes dont l'une va impliquer "Poubelle", ce voyou pittoresque devenue en apparence respectable en étant le propriétaire d'une trattoria.
D'entrée, le métrage va avancer un de ses personnages principaux, le commissaire Ghini, en action puisqu'il va être appelé suite à une prise d'otages par deux voyous drogués qui suite à un casse ayant mal tourné se sont retranchés chez des particuliers. Malgré l'arrivée du préfet de police prêt à céder aux exigences des bandits, Ghini va agir et avec ses hommes il va réussir dans le sang à mettre les malfrats hors d'état de nuire. Cette première séquence sera bien tendue avec ces deux voyous plus que dangereux et proches de l'hystérie et l'intervention de Ghini sera musclée et spectaculaire, lançant de la sorte le film sue des bases encourageantes.
La suite continuera sur cette voie puisque Ghini n'aura pas le temps de reprendre son souffle et sera invité à se rendre sur les lieux d'un attentat sous forme de fusillade ayant entraîné entre autre la mort du responsable de la brigade criminelle. Le réalisateur Stelvio Massi s'attardera longuement sur la description de cette scène sanglante, laissant sa caméra se promener autour des cadavres, donnant de la sorte un impact évident à l'ensemble.
Mais ensuite le métrage changera complètement de registre pour suivre l'arrivée de deux touriste milanais débarquant dans la capitale romaine et osant pénétrer dans un restaurant portant le nom de "Prout-Prout" pour y déjeuner. Ils y seront reçu par "Poubelle", que nous découvrirons comme étant le propriétaire des lieux dont la spécialité est d'accueillir les clients à grand renfort de gros mots et autres injures, formule qui semblera plaire et qui en tout cas permettront à l'acteur de s'en donner à cœur joie dans un humour certes grossier mais largement amusant.
L'action policière reprendra ensuite provisoirement ses droits puisque Ghini va mettre en cause un truand très dangereux nommé Lanza dans l'attentat, mais comme les malheurs n'arrivent jamais seuls, il va apprendre que Belli, un autre redoutable malfrat vient d'arriver à Rome pour y préparer un casse. Pour arriver à lier les deux intrigues, le métrage va laisser "Poubelle" impliquer un de ses protégés dans le casse à venir pour y servir de chauffeur, mais jusqu'au dernier acte, l'action se suivra complètement en parallèle, avec de nombreuses ruptures de ton préjudiciables et trompeuses.
En effet, dès que Ghini entrera dans le champ de la caméra, le métrage redeviendra sérieux pour suivre les pérégrinations de ce commissaire adepte de la manière forte et n'hésitant pas à faire le coup de poing puisqu'il devra faire face en plus de ses deux cibles principales à d'autres petits voyous, renvoyant de fait le film en plein "poliziottesco" mettant aussi bien en avant une insécurité permanente que le monde la pègre, mais là encore, on pourra noter un début de changement de ton global symbole de l'évolution des mœurs puisque que les victimes seront mieux armées et préparées à répondre aux agressions. Mais heureusement que l'action sera régulière car le fond de cette partie de l'intrigue demeurera très classique pour n'engendrer que les rebondissements traditionnels du genre, ici moins nombreux que d'habitude.
Et pour cause, le personnage de "Poubelle" monopolisera une bonne partie du film, nous permettant de suivre aussi bien ses monologues croustillants et grossiers avec son fils que ses disputes rigolardes avec son énorme compagne, sans oublier son action pour former de jeunes délinquants stupides dans l'art de voler sans se servir de la violence et encore moins des armes à feu, avançant ainsi toute une série de séquences qui prendront la forme de sketches humoristiques souriants mais qui viendront quand même parasiter le reste du film, "Poubelle" ne retrouvant son côté sombre que lorsque son protégé se fera exécuter par Belli.
Les deux personnages principaux occuperont bien entendu le terrain dans des registres complètement différents, Ghini présentant un sérieux inébranlable et une assurance qui contrasteront largement avec le ton paillard de "Poubelle" et dans ce contexte, les autres protagonistes n'auront pas franchement le temps d'exister, les deux truands principaux demeurant ainsi superficiels et manqueront de charisme, mais l'ensemble bénéficiera d'une interprétation de qualité, Luc Merenda restera froid pour un jeu tout à fait adapté au rôle de Ghini tandis que Tomas Milian confortera la touche humoristique du métrage par ses réparties savoureuses. La mise en scène de Stelvio Massi est plutôt efficace pour suivre les temps d'action du métrage et pour donner de l'impact à certaines séquences.
Donc, ce "l'exécuteur vous salue bien" restera une œuvre à part dans le "poliziottesco", perturbée par ce mélange hétéroclite pas déplaisant du tout à suivre mais peinant à trouver son juste milieu.
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