|
Réalisé par un Paul Morissey épaulé par Antonio Margheriti, ce "Du sang pour Dracula" restera comme une variation décadente et satirique du mythe du vampire, ici bien inoffensif, mais rendue terriblement souriante par son ton iconoclaste et corrosif.
Le script va laisser le comte Dracula quitter sa Roumanie natale en compagnie de son fidèle valet pour rejoindre l'Italie où il espère bien trouver une vierge afin de se régénérer, pour atterrir dans une famille aristocratique sur le déclin pourvue de quatre jeunes et jolies filles, mais sont-elles encore vierges ?
D'entrée, le métrage va mettre en scène ce comte Dracula moribond, aussi maniéré que défaitiste face à sa situation désespérée puisque avec le relâchement des mœurs, il n'arrive plus à mettre la main sur la moindre vierge dans sa contrée, poussant ainsi son valet Anton à le pousser à quitter le château, non sans avoir permis à sa sœur de rejoindre définitivement son cercueil, pour aller en Italie où la rigueur religieuse est censée être plus forte, avec donc un espoir plus grand de dénicher des vierges nécessaires à la survie du comte.
Cette entame du métrage sera surprenante par la présentation d'un comte Dracula aussi affaibli que sous l'emprise de son serviteur qui décidera pour lui et l'obligera presque en le brusquant même un peu d'aller de l'avant pour assurer sur survie.
Après avoir à regret quitté la quiétude douillette du château, sans oublier d'emporter avec lui son cercueil, le comte Dracula va donc sillonner les routes secondaires avec Anton, sans succès, pour finalement s'arrêter dans une petite bourgade et y prendre une chambre à l'auberge. L'intrigue nous laissera suivre l'arrivée presque déplacée du comte dans ce lieu simple et rustique, mais rapidement Anton va entendre parler de la famille Di Fiore et surtout de leurs quatre filles. Cette famille nous sera alors présentée pour notamment mettre en avant deux de ces quatre filles, Saphiria et Rubinia, espiègles et provocatrices en s'adonnant au jardinage poitrine dénudée devant leur mère, puis devant Mario, l'homme à tout faire de la famille, nous révélant bientôt que ces deux demoiselles ont des rapports plus qu'intimes avec ce Mario brusque et révolutionnaire dans ses propos socialisant.
Bientôt Anton va aller rendre visite aux Di Fiore et devant la possibilité de marier une de leurs filles, et surtout dans l'espoir de pouvoir renflouer les caisses vides, la maîtresse de maison va accueillir sous son toit Anton et le comte Dracula, sans se douter de ses intentions.
Le métrage se posera en partie comme une satire politique et sociale en opposant les aristocrates bien propres sur eux en apparence et cherchant à cacher leur disgrâce, tout en cumulant les tares, entre vice de jeu et vice tout court pour les deux filles qui passeront leur temps dans les bras de Mario, à ce Mario justement qui prônera la révolution socialiste et l'égalité des classes, donnant lieu à des dialogues sarcastiques absolument savoureux.
Mais l'intrigue n'oubliera pas pour autant son vampire, obnubilé par son désir de trouver une vierge, ce qui nous vaudra quelques séquences croustillantes lorsqu'il tentera de percer à jour le secret des filles sans en avoir l'air, pour finalement ne plus pouvoir résister en les mordre, pour finalement devoir recracher leur sang impur lors de scènes vomitives assez impressionnantes.
La dernière partie donnera lieu à toutes les outrances, comme lorsque Mario se mettra en tête de déflorer la plus jeune de filles, Perla, seul espoir de Dracula et ainsi la rendre "inutilisable pour le vampire, pour laisser un final très sanglant venir démembrer le comte de manière plus que graphique.
En plus de sa satire sociale pleine d'ironie, le métrage se permettra de nombreux écarts dans ses dialogues, avec par exemple les tirades nonsensique du marquis Di Fiore, pour laisser également ses situations partir en vrille régulièrement avec, en plus des aspects déjà évoqués, un érotisme largement présent et permettant à Mario de s'amuser avec les filles Di Fiore de manière osée en prenant en outre un plaisir manifeste à pervertir cette jeunesse aristocratique qu'il déteste, cet ensemble rendant le métrage infiniment délicieux et croustillant.
Les personnages apporteront une contribution non négligeable en étant presque tous hauts en couleurs et bien caractérisés, jusque dans les seconds rôles les moins importants (les clients de l'auberge et leur jeu stupide) et tous bénéficieront d'une interprétation adaptée à la démesure de la situation, avec un Udo Kier hallucinant et maladif, notamment lors des séquences de régurgitation, tandis que Arno Juerging surjouera complètement dans le rôle d'Anton, laissant Joe Dallesandro imposer sa carrure et son air prétentieux. Par contre, la mise en scène restera assez morne et monotone, plombant parfois même le rythme de l'ensemble. Les effets spéciaux sanglants sont probants, pour suivre le comte Dracula vomir ce sang impur et ce démembrement impressionnant de réalisme malgré toujours une certaine outrance.
Donc, ce "Du sang pour Dracula" appliquera une démesure de tous les instants pour s'acoquiner d'un sujet classique et ainsi le rendre savoureux, ironique et définitivement plaisant !
|
