Adaptation de l’un des plus célèbres jeux vidéo destinés plutôt aux adultes, ce "Silent Hill" n'offrira hélas qu'un bilan mitigé en opposant sa splendeur visuelle et graphique à une intrigue quand même vainement compliquée pour les non-initiés et qui surtout oubliera le principal : faire peur !
Le script va suivre les péripéties d'une mère ayant emmené sa fille sujette au somnambulisme dans la ville fantôme qui semblerait être la source des problèmes de la petite, mais ce sera pour se retrouver prise dans un univers parallèle horrifique où elle va devoir se mettre à la recherche de son enfant lui ayant faussé compagnie.
Dans sa séquence introductive, le métrage va nous montrer la source des problèmes de la petite Sharon, somnambule au point de manquer de tomber d'une falaise si sa mère n'était pas arrivée pour la sauver, tandis que dans son état endormi la fillette évoquera un endroit nommé "Silent Hill". Bien décidée à résoudre ce problème récurrent, sa mère, Rose, va décider contre l'avis de son mari d'emmener sa fille dans cette ville afin de voir de quoi il retourne.
L'entame du métrage cherchera déjà à faire monter quelque peu la pression, entre ces images entrevues dès l'introduction et ces recherches sur la toile faites par le père présentant "Silent Hill" comme une ville fantôme, sans oublier les dessins de la jeune fille qui seront modifiés pour devenir sinistres. En chemin, Rose va s'arrêter faire le plein et demander sans succès son chemin, personne ne voulant entendre parler de "Silent Hill" et croiser une policière motorisée, Cybil, qui va un peu plus tard se mettre en tête de suivre Rose, obligeant celle-ci à un délit de fuite sur la route secondaire menant à "Silent Hill", poursuivie par Cybil, mais après avoir traversé un pont étrange, elle va apercevoir une ombre dans la lumière de ses phares et avoir un accident. Au réveil, elle découvrira que Sharon a disparu tout en pénétrant dans l'univers lugubre de "Silent Hill".
La beauté des décors sinistres et embrumés de la ville frappera alors de plein fouet le spectateur tandis que nous suivrons Rose partir à la recherche de sa Sharon pour un jeu de piste où les indices seront disposés pour faire avancer l'intrigue, mais hélas, l'ensemble restera quand même longtemps nébuleux, chaque élément se mettant difficilement en place et surtout les explications de certaines situations ne viendront que tardivement, quand elle arriveront, laissant même les situations se suivre sans réel suivi linéaire ni transition.
A cela, on pourra facilement décrypter l'ambiance du jeu vidéo retranscrite ici lors des situations horrifiques qui seront certainement des passages obligés par faire allégeance au matériau d'origine, tandis que régulièrement l'héroïne tombera sur des outils et des armes qui lui serviront par la suite.
Mais ce qui restera le plus marquant, ce sera cette opposition entre les deux univers de "Silent Hill", avec cet aspect désertique qui se transformera soudain lorsque retentira la sirène présage de mauvais augure en un lieu peuplé de monstres tous plus graphiques les uns que les autres, mais hélas, les situations les mettant en scène resteront simplistes et surtout jamais effrayantes, puisque l'héroïne ne semblera jamais être véritablement en danger, les créatures quittant les lieux sans raison valable et pire encore, nous n'aurons droit à aucun combat digne de ce nom.
En plus, des retours trop réguliers à la "réalité" viendront casser l'ambiance pour des situations sans grand intérêt mettant en scène le mari de Rose parti à leur recherche, ce qui donnera certes quelques petits éléments de réponse aux questions soulevées, mais occupera le terrain de façon trop récurrente.
Heureusement le dernier acte se fendra d'une phase explicative nécessaire pour pouvoir déboucher sur un final dantesque proche de l'univers du "Hellraiser" de Clive Barker et bien gore pour laisser l'intrigue s'achever sur une situation quand même attendue.
Si l'intrigue aura du mal à tenir la route, on pourra toujours apprécier la réelle splendeur visuelle globale du métrage, entre ces décors remarquables, parfois même grandioses et ces descentes aux enfers régulières qui accoucheront de créatures démentes et grotesques (dans le bon sens du terme), fabuleuses jusque dans leurs détails torturés, même si parfois elles ne sembleront servir qu'à meubler l'intrigue.
Autre élément défavorable à l'implication du spectateur, l'héroïne ne parviendra pas à devenir attachante dans ses recherches pour retrouver sa fille, ce qui laissera le spectateur en dehors et uniquement témoin des rebondissements, et il ne faudra pas compter sur les autres intervenants auprès d'elle pas inverser la donne. L'ensemble bénéficiera d'une interprétation cohérente, même si Radha Mitchell peinera à donner du relief et de la crédibilité au personnage de Rose, laissant seule Alice Krige apporter une réelle présence à l'écran dans le rôle de la meneuse des fanatiques. La mise en scène de Christophe Gans est souvent efficace pour magnifier les décors et les créatures, mais peinera quand même par moments à donner du rythme à l'ensemble. Les effets spéciaux resteront globalement probants pour mettre en avant des monstres et autres créatures infernales souvent convaincantes, même si l'utilisation du numérique restera souvent visible, tandis que les plans sanglants seront réussis et bien graphiques.
Donc, ce "Silent Hill" pourra se targuer de composer avec une splendeur visuelle avérée pour mettre en avant ses décors et ses entités infernales, mais hélas ce sera au service d'une intrigue désunie et trop embrumée !
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