Copie américaine conforme de formidable "[REC]" de Jaume Balaguero et Paco Plaza dont la mise en chantier avait quand même de quoi laisser perplexe quant à son utilité, ce "En quarantaine" se contentera donc quasiment uniquement de reprendre la trame imposée par les deux réalisateurs espagnols pour un résultat pas franchement déshonorant mais bien entendu inférieur pour plusieurs raisons évidentes, notamment en perdant beaucoup de sa fraîcheur et en annihilant de fait les principaux effets de surprise pour ceux ayant vu l'original, pour parvenir quand même à faire monter la pression et nous offrir une bonne dose de gore.
Le script ne changera pas d'un iota en laissant une journaliste et son caméraman investir une caserne de pompiers afin d'y suivre la vie nocturne de ceux-ci et de les accompagner pour une intervention qui tournera rapidement au cauchemar.
Le métrage va bien entendu reprendre directement le concept du film original, avec cette caméra filmant "à la première personne" qui va ainsi nous présenter Angela, une journaliste s'apprêtant à enregistrer l'introduction de son reportage sur la vie de nuit dans une caserne de pompiers, mais déjà, le spectateur pourra remarquer quelques "trahisons" faites à "[REC]", avec déjà le caméraman, Scott, qui va entrer dans le champ de la caméra, ce qui se reproduira plusieurs fois pendant le métrage, contrairement à celui de "[REC]" qui resta toujours derrière sa caméra pour demeurer un personnage "fantôme", mais surtout l'aspect caustique aura ici presque complètement disparu puisque cette nouvelle Angela se montrera bien moins acerbe et opportuniste, pour avancer une nature moins marquante en copinant de suite avec les pompiers qui pourront paraître eux aussi bien plus superficiels dans une série de situations à l'humour basique et guère évolué. Mais surtout, ce qui frappera dans cette entame du film précédant l'alerte, ce sera un certain manque de spontanéité qui ne favorisera pas l'implication et l'identification du spectateur, élément pourtant essentiel dans un tel exercice.
La partie centrale du film commencera alors à redresser la barre, reprenant à son compte les péripéties et les effets de surprise de l'original, qui pourront même parfois fonctionner car bien qu'ayant en mémoire certaines situations (la chute du pompier), il ne sera pas toujours aisé de prévoir quand ils vont arriver. Le métrage arrivera à retranscrire l'effet claustrophobe ressenti par les protagonistes enfermés dans l'immeuble, même si le véritable enjeu concernant la nature du mal étant connu, la phase d'attente pourra paraître parfois pesante et les interrogations des personnages face à cette situation qu'ils ne comprennent pas et maîtrisent de moins en moins perdront énormément de leur force. Le spectateur attentif pourra également s'amuser à rechercher les innovations, certes rares mais souvent portées sur des plans sanglants plus volontaires ou inédits (le rat par exemple) puisque le métrage sera quand même globalement bien plus graphique que son modèle, aussi bien pour détailler les plaies des blessés que pour suivre ensuite les assauts des contaminés à venir.
L'arrivée des membres des autorités sanitaires dans l'immeuble marquera le début d'une seconde partie bien plus énervée, toujours fidèle malgré quelques situations rajoutées ici ou là (l'ascenseur), parvenant même à retrouver le degré d'horreur atteint lors de la séquence d'examen, tandis que la fuite désespérée lorsque les derniers survivants perdront définitivement le contrôle de la situation sera convaincante, avec encore quelques effets de surprise cette fois-ci plus téléphonés mais du coup presque souriants.
Mais ce sera largement le final qui perdra énormément de son attrait, l'effroyable surprise n'en étant plus une, et surtout l'aspect surnaturel sera ici remplacé par une explication bien plus "terre à terre" qui perdra du coup également au passage de son mordant.
Même si le métrage se passera heureusement de partition musicale pour faire plus "vrai", le réalisme et la crédibilité totale qui faisaient la force du film de Jaume Balaguero et Paco Plaza ne retrouveront pas le même impact immersif ici, avec des séquences entières plus statiques et surtout un manque de naturel de certains comédiens, l'héroïne en tête dans l'introduction notamment, mais au fur et à mesure que l'élément horrifique se mettra en place, cette sensation aura tendance à s'estomper même si certaines idées du réalisateur américain pour se démarquer pourront paraître un peu trop "too much", comme le fait d'éclater le tête des "contaminés" directement avec la caméra, effet amusant sur le coup mais peu crédible et nous rappelant tout de suite que nous avons affaire à un film, écueil complètement évité par "[REC]".
Par contre, les décors respireront une authenticité jamais démentie, avec un immeuble à l'intérieur quelque peu désuet, contrebalançant ainsi en partie ces points négatifs.
L'interprétation est donc plutôt mitigée, en n'offrant pas toujours le naturel attendu dans un tel contexte. La mise en scène du réalisateur restera globalement dans le cadre fixé, sauf lors de quelques écarts dommageables. Les effets spéciaux sont probants, aussi bien pour les maquillages des "contaminés" très graphiques que pour les plans sanglants invariablement réussis en étant volontaires.
Donc, ce "En quarantaine", s'il n'arrivera pas forcément à justifier son existence propre, parviendra à replonger sporadiquement son spectateur dans l'ambiance de "[REC]" tout en le gratifiant d'une volonté graphique plutôt louable !
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