Premier film du réalisateur espagnol Juan Antonio Bayona, L'orphelinat a obtenu au début de l'année 2008 le grand prix au festival de Gérardmer. Le film, qui est produit par Guillermo Del Toro (Le labyrinthe de Pan) est d'ailleurs dans son pays d'origine, le plus grand succès en salles. Cela confirme en tout cas la vigueur du cinéma fantastique espagnol après entre autres les excellents Darkness et Fragile de Jaume Balaguero.
L'orphelinat est une sorte de drame fantastique. Pas d'effets gore ou d'effets grandguignolesque, le film joue beaucoup sur la suggestion et sur le mystère. Le film, par sa mise en scène, fait beaucoup penser au grand classique du film de maison hantée, à savoir La maison du diable de Robert Wise.
Dès le départ, le film nous plonge dans une ambiance étrange avec des enfants qui sont en train de jouer ensemble dans le fameux orphelinat, et un filmage qui donne l'impression qu'ils sont épiés. On retrouve ici Laura enfant. Rapidement, le métrage nous montre Laura adulte qui réside dans l'ancien orphelinat, qui est devenu une vieille batisse. Là, elle a décidé de se servir de ce lieu avec son époux Carlos, qui est médecin, comme d'un foyer d'accueil à des enfants handicapés. En plus de son époux, elle vit dans cet endroit avec Simon, un enfant de 7 ans qu'elle a adoptée.
L'entrée dans le fantastique est assez rapide car on apprend que Simon joue avec des camarades invisibles, qui sont des enfants, dont un certain Martin. Son père, Carlos, n'y prête pas plus attention et pense que c'est en raison de son âge qu'il s'invente des histoires mais sa mère, Laura, qui a résidé dans ce lieu autrefois, y est assez sensible.
Un des premiers intérêts (scénaristique) du film est le jeu qui est mis à l'intérieur du film. A savoir que Simon déclare à sa mère qu'il joue à un jeu avec ses amis qui consiste à deviner un objet qui doit mener à un lieu, lequel contient un autre objet et ainsi de suite. Le côté ludique permettra dans le film de percer le mystère qui entoure ce lieu.
Autre intérêt, l'ambiance générale du film. Le jeune réalisateur Juan Antonio Bayona joue parfaitement sur les espaces de la maison et les cadrages sont très bien faits. De simples claquements de portes, des voix qui semblent venir de nulle part ou encore une grotte très sombre sont suffisants à poser une ambiance. L'apparition de personnages tels que la vieille Benigna ou le garçon avec une cagoule sur la tête, ajoute au côté étrange du métrage.
Mais surtout le principal intérêt du film est la disparition on ne peut plus inexplicable du jeune Simon (d'autant plus grave que l'enfant prend des médicaments chaque jour, étant atteint du VIH). Ses parents le recherchent partout mais rien n'y fait... Laura notamment, animée par une volonté farouche, tentera alors de percer le mystère de sa disparition. On a droit notamment dans le film à l'arrivée d'une médium (interprétée par Géraldine Chaplin) et de différents matériels audiovisuels qui ne sont pas sans rappeler Poltergeist. Cependant, Juan Antonio Bayona ne croule jamais sous ses références (La maison du diable, Poltergeist) et réalise un film très personnel qui bénéficie d'un scénario particulièrement astucieux. Le suspense est constant et la fin est particulièrement bien amenée.
Outre l'excellence de la mise en scène et du scénario, on appréciera la distribution du film et en premier lieu l'actrice Belen Rueda qui incarne parfaitement cette femme qui n'arrive pas à faire le deuil de la disparition de son fils. Le film est d'ailleurs très réussi dans sa capacité à allier drame familial et fantastique.
Difficile de faire la fine bouche devant ce long métrage qui, s'il ne renouvelle pas le genre, s'avère très efficace et passionnant tout au long de sa durée (près d'1h50).
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