Avant-dernier film à ce jour de Jean Rollin, "La fiancée de Dracula", sorti en 2002, est une oeuvre assez typique de ce cinéaste atypique. Le film comporte les mêmes caractéristiques que beaucoup de ses films, avec de jolis décors (ruines de châteaux, hôtel particulier, cimetière, épaves de bateaux), de jolis paysages (paysages marins, la fameuse plage de Pourville Lès Dieppe), les horloges servant à se déplacer dans l'espace (thème ici très présent, mais qui sera encore plus exploité dans son film suivant "La nuit des horloges"), des vampires, des jeunes femmes souvent dévêtues, une interprétation assez limitée (ici, surtout le casting masculin!), de l'onirisme, du gore et un rythme assez lent. Toutefois, ce film se démarque un peu des autres oeuvres de Rollin, par son érotisme plus discret qu'à l'accoutumée (Brigitte Lahaie, qui joue ici un petit rôle, reste d'ailleurs habillée) et surtout par une bonne dose d'humour, pas toujours bien venue. Le film est vraiment étrange avec des situations et des dialogues sortis de nulle part. En effet, Jean Rollin semble ici s'être fait plaisir en y intégrant des images qu'il avait en tête et qui, du coup, surprennent quelque peu. D'autre part, certains dialogues sont des citations de Gaston Leroux faites par la fiancée de Dracula (la plus part extraites de "La reine du sabbat"), mais celles-ci n'ont pas vraiment de sens par rapport au contexte de l'histoire (en dehors du fait que l'on voit souvent le livre de Gaston Leroux dans le film). Dans ce long-métrage, le réalisateur s'en prend ouvertement à l'église en étant vraiment blasphématoire à de nombreuses reprises, notamment avec ces nonnes ayant perdues la raison (une nonne fume le cigare, pendant qu'une autre fume la pipe, une autre joue au bilboquet, certaines s'embrassent ou montrent leurs dessous, la Mère supérieure porte un entonnoir sur la tête etc...). Les effets spéciaux sont assez simplistes et pas toujours très convaincants, en revanche la photographie du film est assez réussie et il y a de très belles images comme celle où la fiancée est attachée à un poteau dans la mer ou celle où la vampire nue est attachée à la proue d'un bateau. Il est à noter, que tout comme pour "Les deux orphelines vampires", son précédent métrage, le réalisateur tourna dans des conditions très difficiles, puisqu'il était souvent en dialyse la journée et ne tournait qu'après ses séances.
"La fiancée de Dracula" est donc une oeuvre assez inégale, qui, malgré ses touches humoristiques pas toujours bien senties, ne devrait pas trop déstabiliser les amateurs des films de Rollin.
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