Les a priori sont terriblement réducteurs, voir un Colin Farrell peroxydé prendre les traits d'un Alexandre ne m'engageait pas énormément et suffisait à retarder son visionnage. Et bien ce fut une erreur, car ce film historique à y regarder de plus près, est plutôt bien fichu.
Oliver Stone nous redonne une petite leçon d'histoire, retraçant en un peu moins de trois heures, les trente années d'un homme qui a marqué de son empreinte l'histoire.
Anthony Hopkins joue les narrateurs pour démarrer notre leçon, le prologue accuse une certaine longueur, ce sera à mon goût la seule du film. Les premiers rapports ambigus de la mère d'Alexandre nous immergent rapidement dans l'ambiance du palais, nous sommes très proches du Caligula de Tinto Brass. Tout n'est que conspiration, haine, jalousie, obsession du pouvoir, "on ne naît pas roi, on le devient" cette phrase lâchée par Philippe son père va s'avérer à plus d'un titre exact.
Après le premier moment fort qui oppose le père et le fils, on retrouve ce dernier sur le champ de bataille. Fin tacticien, audacieux mais aussi orgueilleux il mène ce combat de main de maître, les images sont fortes et splendides avec ce long travelling du champ de bataille perçu par un aigle,
Oliver Stone réussit à impulser une vraie puissance dramatique dans les combats.
Après cette éclatante victoire, Alexandre n'aura de cesse de repousser plus loin les limites d'un empire auquel ses plus fidèles compagnons d'armes n'adhèreront jamais.
Cette histoire a fait couler pas mal d'encre, les grecs la rejettent dans sa totalité au regard de l'homosexualité un peu trop montrée et surtout assumée, "salissant " l'image d'un de leur plus grand héros. On note également certains anachronismes comme la tour d'Alexandrie ou certains raccourcis inévitables.
Mais il faut bien reconnaître que Stone ne laisse pas une fois de plus indifférent et s'écarte volontiers d'un "Troie" avec ses stars bodybuildées, huilées et un peu trop "lisses". Ici les cicatrices laissées par les multiples campagnes se voient, les combats sont féroces, la campagne en inde contre les éléphants guerriers l'atteste, la charge lointaine de ces pachydermes rappelle dans son intensité l'avancée des panzers dans le soldat ryan.
Derrière cette boucherie, les mots font aussi mal et gare à celui qui ne sait pas les maîtriser.
Côté casting Colin Farrell m'a plus convaincu en roi visionnaire généreux et colérique qu'en guerrier émérite, Angelina Jolie est aussi magnifique que manipulatrice quant à Val Kilmer, on ne peut pas lui reprocher grand chose.
Oliver Stone est certes loin d’avoir réalisé un chef d’oeuvre, mais son Alexandre n’a pas beaucoup de leçons à recevoir de prétendus blockbusters aseptisés et calibrés grand public. Au final, cela reste un divertissement historique plus qu’honnête.
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