Inspiré d'une nouvelle de Stephen King, ce "The mist" va manier aussi bien l'horreur psychologique que graphique pour un huit-clos captivant et sincère qui restera globalement fidèle au texte original tout en conservant intacte l'étude de caractère qui se fera sans venir nuire à l'action.
Le script va contraindre les clients d'un supermarché à s'y barricader suite à l'arrivée d'une brume épaisse renfermant des créatures hostiles.
Le métrage va tout de suite nous présenter son personnage principal, David Drayton, un dessinateur d'affiches de cinéma en plein travail (donnant ainsi l'occasion au réalisateur de lancer quelques petits clins d'œil faciles) dérangé par cette tempête terrible qui va, en plus d'avoir coupé l'électricité, envoyer un arbre à travers sa baie vitrée. Ce sera en compagnie de sa femme et de leur fils Billy qu'ils vont le lendemain constater les dégâts, avec notamment un arbre appartenant à leur voisin, Brent Norton, qui aura littéralement détruit leur abri à bateaux. En voulant aller discuter assurance avec ce voisin avec qui il entretient des relations apparemment houleuses, David va finalement éviter tout nouvelle joute verbale et au contraire, il va emmener ce Norton en ville, au supermarché où lui-même et Billy devait aller faire des courses. En chemin, ils vont croiser un certain nombre de véhicules militaires pour finalement arriver à destination et se faire leurs emplettes au milieu d'une petite foule venue faire des provisions après la tempête.
Cette mise en situation des protagonistes principaux ira droit à l'essentiel pour commencer à rendre ce père de famille et son fils attachants tout avançant certains protagonistes centraux du film et en plaçant discrètement quelques signes avant-coureurs de la catastrophe à venir, puisque, alors qu'ils faisaient la queue à la caisse de ce supermarché privé lui aussi d'électricité et donc fonctionnant au ralenti, la sirène va retentir, figeant tout le monde, bientôt suivie d'un tremblement de terre et tandis qu'un homme apeuré va rentrer dans le supermarché en annonçant que la brume cache des créatures, la ville va justement être envahi de cette brume complètement opaque qui va couper le supermarché du monde extérieur.
Le réalisateur choisira de rester minimaliste pour visualiser cette brume que nous ne verrons que recouvrir le supermarché et son parking, pour préférer s'intéresser aux réactions de chacun pour installer un climat tendu et menaçant parfaitement rendu avec ces regards affolés et craintifs des clients.
Un climat d'attente et d'incompréhension va alors s'installer, brisé par un événement dramatique qui révélera la présence au dehors de créatures menaçantes (mais dont nous ne verrons que quelques tentacules de taille respectable), tandis que plusieurs groupes vont commencer à se former progressivement, dont celui mené par un fanatique religieuse passablement allumée, madame Carmody, qui verra dans l'événement l'arrivée de l'apocalypse. D'abord prise pour une folle par la plupart des personnages, elle va peu à peu commencer à séduire les survivants se raccrochant à elle tout en devenant à son tour menaçante.
L'installation de ce huit-clos permettra surtout au réalisateur de bien exposer les personnalités de chacun des nombreux protagonistes qui vont traverser le métrage, nous gratifiant au passage de quelques portraits savoureux, dont ce Ollie, un des employés du supermarché qui se révélera être un excellent tireur malgré son apparence doucereuse. Mais cela se fera aussi bien pendant quelques plages de répit pour les protagonistes qui vont essayer d'évaluer la situation et de trouver des solutions que lors de phases d'action horrifique souvent percutantes et graphiques qui vont avancer un bestiaire de créatures originales et comportant des particularités terribles (les araignées, par exemple) tout en saturant un suspense étouffant parfaitement entretenu, notamment en n'avançant pas frontalement la nature de la menace extérieure.
Mais bientôt le danger viendra aussi de l'intérieur puisque cette madame Carmody va littéralement envoûter une bonne partie des rescapés et les liguer contre le groupe entourant David lorsque ceux-ci voudront tenter de fuir le supermarché, non sans avoir auparavant stigmatisé l'armée, responsable à ses yeux du déclenchement du "jugement dernier", ce qui offrira l'opportunité au réalisateur de laisser entrevoir une explication scientifique liée à des expérimentations militaires ayant mal tournées pour les événements.
Le métrage restera globalement fidèle à la longue nouvelle de Stephen King avec juste quelques petites modifications, en étant par exemple plus explicite sur l'origine de la catastrophe et en ajoutant un final dramatique terriblement nihiliste qui viendra clore le métrage sur une note aussi sinistre que terriblement glaçante par son côté cruel littéralement scotchant, pour respecter l'étude de l'évolution des personnages face à cette situation quasiment désespérée, qui viendra donner une dimension supplémentaire au métrage.
L'interprétation est convaincante, même si Thomas Jane aura du mal à faire passer beaucoup d'émotions, tandis que Marcia Gay Harden campera au travers de madame Carmody une édifiante fanatique religieuse. La mise en scène de Frank Darabont est épurée de tout effet de style pour suivre l'action de près sur un ton faisant parfois ressembler le film à un reportage. Les effets spéciaux sont globalement probants, même si l'utilisation du numérique sera parfois visible dans l'animation des créatures peuplant la brume.
Donc, ce "The mist" fera partie des adaptions de Stephen King réussie, aussi bien en retrouvant l'esprit du matériau d'origine quand sachant captiver le spectateur, par ailleurs largement impliqué dans l'intrigue, pour de la sorte mieux pouvoir lui assener quelques morceaux de bravoure terrifiants !
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