CRITIQUE DVD

David Ayer pour sa première réalisation nous entraîne dans les bas fonds de Los Angeles pour une véritable descente aux enfers.

Jim un ex ranger a bien du mal à se réinsérer dans la société américaine. Ses victimes peuplent ses cauchemars, l'alcool et la drogue apaisant partiellement ses disjonctages de plus en plus fréquents. Cette machine de guerre persuadée d'avoir son utilité dans la police utilise tous les subterfuges pour y parvenir.
Le réalisateur, contrairement aux apparences, ne fait pas un procès de plus aux États-unis sur la mauvaise réinsertion de ses soldats, ce qui l'intéresse est de montrer la face cachée des grandes villes, ces petites rues peuplées de dealer, de trafiquants d'armes ou de maquereaux. Au travers de cette ballade urbaine crasseuse, on suit deux types à la trentaine qui sont les yeux d'actes qui se passent au quotidien. Jim et Mike profitent de petits larcins pour se la couler douce et c'est par ces actes que nous assistons à des fusillades en pleine rue et au grand jour ou à ce mexicain se faisant trancher la gorge sans connaitre la raison. Cette jungle est décrite sans concession, comme les images dans sa violence crue et froide.
Christian Bale est tout simplement époustouflant en "Bad Influence", la scène dans la voiture avec sa fiancée mexicaine est d'une intensité incroyable. Cet homme caméléon passe en quelques secondes du fiancé tendrement amoureux en immonde psychopathe qui nous vaut une sacrée poussée d'adrénaline et d'effroi. Freddy Rodriguez, l'ado attardé et mari d'une improbable avocate un peu trop compatissante sous les traits d‘Eva longoria , va au fil de cette ballade acquérir ses galons d'adulte mais à quel prix !

Ce "Harsh Times" rebaptisé "Bad Times" en france ne laissera pas insensible à son visionnage. La formidable interprétation de ce duo servie par une mise en scène froide et impeccablement maîtrisée en fait un "Street Movie" noir mais passionnant.

Les images sont à la hauteur du sujet, froides et lugubres, filmées en partie en super 16 accompagné d’un éclairage tout à fait particulier dans les ruelles la nuit pour accentuer cette descente aux enfers. Le procédé accentue par moment un grain présent et un contour pas toujours net, mais renforce le ton voulu.

La VO l’emporte naturellement pour le mixage, mais la VF ne souffre pas pour autant d’un manque de dynamisme. La musique remarquablement distillée fait monter par palier l’intensité à mesure de l’avancée de l’intrigue jusqu’à suspendre notre souffle sur certaines scènes clés. Je me suis fait surprendre sur une scène par l’intensité du caisson.

On retrouve les commentaires audio très riches et impliquées de David Ayer.
Le making of (24’26) présente la préparation de 3 scènes, la chorégraphie des combats et ses trucages ainsi que de la petite fiesta mexicaine. En ce sens le reportage est intéressant, mais il manque un peu de matière où on ne fait que survoler la mise en place, l’investissement du réalisateur qui a financé lui même le projet, Christian Bale en producteur qui ne voulait pas lâcher le projet, la partie technique notamment des éclairages. Les acteurs sont trop survolés et on n’a droit qu’à un discours de complaisance d’Eva Longoria, dommage.
Les scènes coupées au nombre de 7 (13’17) sont inégales, certaines effectivement n’apportent pas grand chose. Mais la 4 et 5 avaient leur place d’un point de vue artistique où Freddy Rodriguez démontre tout son talent d’acteur. Par soucis de rester dans la rue et de ne pas freiner l’action peut expliquer ce choix regrettable.
Enfin on retrouve 5 bandes annonces

La jaquette sans concession nous met immédiatement dans le bain, un mur et un titre tagués et tachés, comme la chemise de ce cher Jim, avec en arrière plan un Mike aux aguets et inquiet. On retrouve à l’intérieur Christian Bale dans son trip l’arme à la main dans un éclairage omniprésent présentant le chapitrage. La sérigraphie reprend l’image de la jaquette, le grain est omniprésent comme dans le film, volonté affichée de rejeter tout esthétique. Les logos sont sagement regroupés pour des mentions légales quasi invisibles. Seul bémol le titre intégré sur la chemise le rend tout juste visible.

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