Comédie délirante et sarcastique, ce "Joe's apartement" ne fera pas dans la dentelle pour se gausser de l'"american way of life" au travers d'une intrigue furieusement originale en mettant en scène ces cafards bons vivants et gouailleurs, toujours drôle en démultipliant les gags et autres situations décapantes pour notre plus grand plaisir.
Le script va laisser un jeune provincial "monter" à New-York afin d'y trouver un logement et du travail. Il va échouer dans un appartement minable (au sein d'un immeuble que le sénateur local veut détruire) peuplé d'une cohorte de cafards parlants et chantant avec qui il cohabiter et qui vont l'aider.
Après un générique mettant tout de suite le spectateur en condition avec cette chanson souriante chantée par ces cafards, le métrage va avancer son personnage principal, Joe, que nous allons découvrir débarquant d'un bus pour aussitôt se faire dépouiller de l'intégralité de ses affaires par plusieurs braqueurs successifs pour se retrouver donc à errer dans les rues et à devoir demander l'aide financière de ses parents. Cette présentation du personnage principal sera largement souriante pour mettre en avant un comique de répétition efficace (les braqueurs) tout en imposant une vision vraiment peu reluisante de la cité new-yorkaise au gré de détails ouvertement provocateurs (les enfants jouant avec les seringues, par exemple), tandis que la naïveté de ce Joe sera évidemment source d'autres situations souriantes, comme lorsqu'il se mettra en tête de trouver un appartement pour moins de 150 dollars par mois.
Ce sera grâce à un concours de circonstance quand même improbable qu'il va se retrouver locataire du dernier appartement habité d'un bâtiment plus que vétuste que le sénateur Dougherty veut raser afin d'y construire une prison et utilisant pour ce faire l'aide de deux voyous volontairement stéréotypés au possible qui vont mener la vie dure à Joe. Mais ce sera sans compter sur les autres habitants de l'appartement, ces cafards qui vont observer l'attitude de Joe en nous faisant part de bons mots croustillants et de chansons parodiant les classiques américains (ce qui sera le cas tout au long du film avec un humour toujours percutant), avant de lui révéler leur existence et leur faculté de parler suite à une agression directe des deux bandits. Joe va donc cohabiter dans la crasse avec ses nouveaux amis, cherchant et trouvant des boulots complètement invraisemblables pour bientôt tomber amoureux de Lily (qui se révélera être la fille du sénateur), une demoiselle adorant les fleurs et la végétation au point de vouloir créer un parc dans cette jungle urbaine qu'est le quartier ou vit Joe.
Si l'intrigue globale du métrage pourra paraître sur le fond quelque peu mièvre et conventionnelle avec notamment cette issue finale pleine de bons sentiments et jouant sur cette relation amoureuse où la différence de style de Joe et de Lily se fera plus que marquée, ce ne sera que pour servir de prétexte à cette succession de tableaux désopilants mettant en scène ces cafards impayables, au vocabulaire ordurier et sans fard, qui vont aider puis desservir Joe avant de se racheter. Ces cafard participeront à la volonté du réalisateur de stigmatiser l"american way of life" de manière frontale par un humour narquois et satirique qui fera aussi bien exploser la réussite sociale exacerbée (avec ce Smith et ses pastilles pour urinoirs qui déchantera en un rien de temps) que l'envers du décor du rêve américain avec ce quartier littéralement pourri et gangrené par la pauvreté et la violence, imposant de fait au métrage plusieurs niveaux de lecture pour ainsi aussi bien charmer les petits que les grands qui comprendront les nombreux sous-entendus placés en cours de route, bien souvent d'ordre sexuel, mais avec une façon d'être propre à passer inaperçu pour les plus jeunes spectateurs qui n'auront d'yeux que pour ces cafards chantants, dansants et parvenant à s'immiscer partout dans les décors.
Les protagonistes apporteront leur part de délire à l'intrigue, et si le personnage principal deviendra rapidement attachant dans sa détresse puis dans sa quête d'amour, les seconds rôles seront plus que savoureux, l'ensemble bénéficiant d'une interprétation de qualité, entre Jerry O'Connell qui incarnera un Joe sympathique et Megan Ward qui campera Lily avec assurance, laissant Robert Vaughn apparaître dans le rôle du sénateur de manière délectable. La mise en scène du réalisateur est alerte, plus que vive pour toujours donner un rythme effréné à l'ensemble et multiplier les audaces visuelles. Les effets spéciaux seront l'autre atout du film en avançant une animation des cafards parfaite et jamais démentie.
Donc, ce "Joe's apartment" sera un excellent spectacle pour tous qui osera en plus et surtout s'attaquer de front à une critique de la société américaine par un biais pour le moins original !
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