Avec ce "Prédictions", le réalisateur Alex Proyas va nous livrer une vision de l'apocalypse bien décousue (de fils blancs) qui, si elle parviendra à tenir la route et à intriguer dans sa première partie, va sévèrement perdre de son éclat ensuite pour s'enfoncer dans un "trip" religieux mystique poussif heureusement ponctué de séquences de bravoure visuellement très réussis.
Le script va laisser un professeur statisticien tomber sur un document contenant une série de chiffres apparemment aléatoires mais qui vont se révéler être les dates et lieu de catastrophes passées… et à venir.
Dans sa longue séquence introductive, le métrage va prendre place en 1959 pour y suivre l'activité dans une école préparant son inauguration et ayant trouvé comme symbole original le fait d'enterrer dans le sol une capsule contenant les dessins des enfants de l'époque et destinée à n'être ouverte que cinquante ans plus tard. C'est ainsi que l'initiatrice de cette idée, une élève timide nommée Lucinda va pour sa part et au lieu de faire un dessin remplir une page d'une série de chiffres aléatoires semble-il dictés par ces voix murmurantes qui la hantent. La capsule sera enterrée, tandis que n'ayant pas pu finir sa page, la jeune Lucinda s'enfermera dans un placard pour y graver dans la porte avec ses ongles la fin de sa mission.
Après un bond dans le temps jusqu'à aujourd'hui, nous allons faire la connaissance du personnage principal, John Koestler, un homme veuf vivant seul avec son fils Caleb avec qui il entretient des relations nuancées et qui enseigne l'astronomie dans une université tout en ayant du mal à se défaire de son scepticisme et de son mal-être. Après avoir cherché à créer une certaine empathie envers son personnage central, l'intrigue va nous laisser assister à la cérémonie commémorant l'inauguration de l'école et la sortie de terre de la capsule, chaque enfant présent recevant un des dessins et bien évidemment Caleb se verra octroyé l'enveloppe de Lucinda qu'il ouvrira sans comprendre la signification de tous ces chiffres mis bout en bout sans aucun sens. Son père n'y prêtera pas non plus attention au premier coup d'œil et il faudra un concours de circonstances assez grossier en référence aux événements du 11 septembre 2001 pour que John ne se mette à déchiffrer ces chiffres qui avanceront la date et le nombre de morts des plus grandes catastrophes ayant eu lieu depuis cinquante ans, tout en laissant des chiffres intermédiaires sans justification apparente et trois dates appartenant au futur. Bien naturellement troublé, John va chercher à en savoir plus, alors que de mystérieux hommes en noir commenceront à tourner autour de Caleb.
La première partie du métrage sera assez prenante, même si John arrivera très vite à déchiffrer la page de chiffres laissée par cette gamine étrange cinquante ans plus tôt et semblera croire instantanément à la véracité et l'authenticité de cette page sans trop se poser de questions, pour ensuite découvrir l'utilité" des chiffres en plus lors de la monstrueuse séquence de l'accident d'avion qui marquera par son réalisme à toute épreuve pour orienter le métrage dans une quête mystique de vérité qui hélas deviendra au fil des péripéties bien moins prenante en avançant de bien trop grosses ficelles (le métro et son suspect) jusqu'à la prédiction ultime attendue et spoilée d'entrée par le "tagline" de l'affiche du film. En plus les événements sembleront s'enchaîner avec une facilité déconcertante et leur imbrication perdra quand même de sa vraisemblance régulièrement tandis que la plupart des mystères de l'intrigue seront bien trop facilement décelables et anticipables. Enfin, le dernier acte et surtout le final viendront noircir quelque peu le tableau dans cet élan oscillant entre religieux et mysticisme béat frôlant la crétinerie (les lapins blancs en symbole de pureté... No comment !) que ces plans magnifiques de destruction de masse auront du mal à racheter.
En effet, une fois la logique de l'intrigue et de ses rebondissements appréhendés, il ne restera au spectateur que ces séquences grandioses et spectaculaires de catastrophes pour se divertir véritablement et ainsi admirer ces terribles scènes franchement réalistes, les déboires des protagonistes devenant hélas presque annexes avec en plus un petite dose de "bons sentiments" irritants.
L'interprétation restera quand même assez fade, Nicolas Cage n'arrivant pas à donner une véritable présence à l'écran à son personnage et ses grimaces n'arrangeront rien, tandis que la mise en scène du réalisateur est par contre percutante pour donner une beauté formelle au métrage tout en magnifiant ces temps forts qui seront appelés à rester gravés dans les mémoires, au même titre que la scène de l'autoroute de "Destination finale 2". Et justement, ces effets spéciaux seront donc toujours brillants de crédibilité jusqu'à devenir les véritables vedettes et centre d'intérêt du film.
Donc, ce "Prédictions" ne s'avérera être au final qu'un film catastrophe de plus, bien aidé par ses effets spéciaux impeccables, mais plombé par une interprétation mitigée et par une intrigue convenue et trop prévisible !
|