Après avoir permis à Alexandre Aja de revisiter avec réussite son "La colline a des yeux", le réalisateur Wes Craven va produire ce "La dernière maison sur la gauche", relecture modernisée plutôt que simple remake de son titre de gloire des années soixante-dix qui restera comme l'un des titres les plus dérangeants de cette période et un des "rape and revenge" les plus confondants, pour un résultat certes moins perturbant et moins offensant, mais qui gagnera en violence gore tout en maintenant une tension et une ambiance troublante.
Le script va laisser quatre malfrats en fuite séquestrer deux jeunes filles avant de s'en débarrasser de manière outrageante dans les bois pour finalement trouver refuge dans la maison des parents d'une de leurs jeunes victimes.
Dans sa séquence introductive, le métrage va mettre en scène deux policiers escortant un voyou, Krug, vers une prison pour voir leur voiture être accidentée volontairement par des complices de Krug, Francis et Sadie, qui vont ainsi pouvoir libérer leur ami. Cette première séquence aura pour but de montrer d'emblée la violence dont sera capable le trio, Krug en tête qui n'hésitera pas à tuer de sang-froid un des policiers déjà sérieusement blessé, tout en faisant déjà preuve d'un aspect sanglant volontaire.
Ensuite, le métrage va s'attacher à nous présenter la famille Collingwood avec d'abord Mari, une demoiselle de dix-sept ans adepte de natation et s'apprêtant à partir en vacances dans la maison secondaire familiale isolée en plein milieu de bois entourant un lac avec ses parents, John et Emma, l'intrigue se donnant le temps d'avancer la profession de chirurgien de John, ce qui aura par la suite une importance avérée. Cette présentation restera assez succincte pour aller à l'essentiel et mettre en avant une famille assez classique mais pour autant plutôt attachante, en sous-entendant un drame récent et par cette approche de Mari qui sera ouvertement sensuelle, en laissant par exemple la caméra s'attarder sur les formes menues de cette demoiselle.
Arrivés à destination, Mari ne tardera pas à vouloir fausser compagnie à ses parents pour s'en aller retrouver Paige, une amie qu'elle n'a pas vu depuis leur dernière visite au lac. Après quelques brèves recommandations, Mari pourra emprunter la voiture familiale et se rendre en ville où Paige travaille dans une épicerie. C'est là que les deux jeunes femmes vont faire la connaissance de Justin, un jeune homme presque timide mais qui va en échange de l'acceptation de lui vendre des cigarettes de Paige lui proposer de lui vendre du shit et ainsi attirer les deux demoiselles dans une chambre d'hôtel.
Le métrage aura l'intelligence de se jouer quelque peu de la connaissance du spectateur du métrage original de 1972 en détournant facilement certains effets pour mieux surprendre par la suite, notamment pour réintroduire Krug, Francis et Sadie, ce qui lancera véritablement l'intrigue tout en se démarquant littéralement avec ce quatrième protagoniste impliqué et qui chamboulera une bonne partie des choses, notamment dans la partie "revenge" du film. La confrontation entre Mari, Paige et leurs tortionnaires sera par contre largement moins dérangeante et offensive que dans l'original, et, bien que violente et parfois assez crue (notamment lors de l'obligatoire viol), ne retrouvera pas franchement cet aspect de perversion et d'humiliation malsaine qui venait littéralement cueillir le spectateur, en étant déjà allégée et moins démonstrative ou détaillée, et surtout les mises à mort, tout en restant froides et sans concession, ne pourront espérer retrouver le degré émotionnel ultime de la scène initiale de la mort de Mary (scène inoubliable qui ici sera transformée et presque bâclée, et pour cause…).
A l'inverse, la seconde partie du film, qui verra évidemment le quatuor échouer sans le savoir chez les parents de Mari, sera quant à elle plus développée et même si l'aspect pervers renversé sera absent, on découvrira une sauvagerie qui explosera de manière plus que sanglante et brutale, avec même un brin de sadisme, alors que l'aspect social sera largement minimisé et que l'aspect tragique du final sera quand même quelque peu gâché par une dernière scène gore certes jouissif mais inutile et superflue.
Autre différence de taille entre l'original et cette relecture, la mise en scène jadis proche du reportage qui renforçait l'implication et l'apparence réaliste sera ici transformé en une réalisation plus policée, propre et moderne (mais sans effet clippesque, heureusement !), dédramatisant quelque peu l'ensemble tout en donnant quand même une certaine ampleur et une intensité au métrage en insistant sur le suspense et la tension qui seront omniprésents au travers de rebondissements et de situations prenantes (la fuite de Paige, la traque dans la maison ou encore la confrontation entre Emma et Francis, par exemples).
Même si on retrouvera les grandes lignes du script de 1972, cette modernisation se permettra quelques écarts bienvenus qui lui permettront d'avoir une vie "propre" et de réserver quelques surprises au spectateur (malgré quelques petites facilités anticipables, avec le personnage de Justin notamment), tout en débarrassant le film de cet humour parasitaire qui venait faire sporadiquement retomber l'ambiance du film original.
Les personnages seront plutôt bien travaillés, aussi bien pour mettre en avant la violence crue et sans vergogne de Krug et de sa bande que pour rendre sympathique cette famille, l'ensemble bénéficiant d'une interprétation adaptée, même si Garret Dillahunt ne pourra pas vraiment compter faire oublier David Hess dans le rôle de Krug, tandis que la mise en scène du réalisateur permettra au métrage de garder un rythme constant et sans temps mort tout en suivant l'action de près. Les effets spéciaux sont probants pour avancer des plans sanglants volontaires et réguliers qui feront parfois très mal.
Donc, ce "La dernière maison sur la gauche" version 2009 comptera facilement parmi les remakes/ relectures les plus réussies en étant bien violent, sanglant et tendu, sans toutefois faire perdurer la hargne et cet aspect dérangeant proche de l'insoutenable qui caractérisait l'original !
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