Nous venant du réalisateur érotomane italien Joe D'Amato, ce "Le couvent des pécheresses" versera allégrement dans la "nunsploitation" largement érotique, mais tout en n'allant jamais bien loin en se contentant de dénuder très régulièrement les demoiselles de ce couvent dans un élan bien entendu blasphématoire évident, pour reproduire les figures obligées du sous-genre tout en critiquant à demi-mot l'Eglise et ses serviteurs.
Le script va laisser rentrer contré son gré une jeune femme qui va mettre en émoi la Mère Supérieure, ce qui ne sera pas du goût de la favorite de cette dernière qui va tout faire pour discréditer la novice.
Dès sa séquence d'introduction, Joe D'Amato donnera le ton en suivant une demoiselle, Suzanne, violentée et finalement violée par celui que nous découvrirons être son propre père, bientôt surpris en pleine action par son épouse qui évidemment s'offusquera de cette situation. Le réalisateur livrera déjà une scène chargée en érotisme, n'hésitant pas s'intéresser de près à l'intimité de la jeune femme clairement mise en avant.
Sans transition, nous allons retrouver Suzanne à son arrivée dans un couvent où elle sera d'abord habillée par les nonnes pour ainsi revêtir l'habit traditionnel des religieuses avant d'être accueillie chaleureusement par la Mère Supérieure, visiblement très intéressée par cette nouvelle recrue. Mais cet intérêt dévoilera peu à peu sa vraie nature, puisque progressivement la Mère Supérieure va tenter de se rapprocher de très près de Suzanne par diverses allusions et autres attouchements de plus en plus poussés, n'hésitant pas par exemple à rendre visite à la novice dans sa propre chambre, appelée ici cellule.
En plus de cette attirance saphique de la Mère Supérieure, l'intrigue se plaira à suivre la vie quotidienne de ce couvent où les nonnes prennent des bains ensemble dans une nudité émoustillante visualisée lors d'une séquence très voyeuriste et charmante, quand elles ne s'amuseront pas se travestir en homme pour ensuite simuler une érection afin d'offusquer l'une d'elles, laissant par ailleurs une certaine sœur Agathe se dévergonder au point d'avoir des hallucinations érotiques qui la feront se masturber au pied d'une statue,pour être bien évidemment découverte, ou encore s'auto-flageller par la suite, toujours pour être prise sur le fait accompli.
Mais l'intrigue centrale du métrage s'orientera vers la jalousie de sœur Thérèse, la favorite de la Mère Supérieure avec qui elle se livre à quelques attouchements, qui bien évidemment verra d'un mauvais œil l'arrivée de Suzanne et le fait d'être reléguée au second plan, risquant même de perdre sa future place promise de responsable du couvent, place d'autant plus proche que la Mère Supérieure est salement malade des poumons.
C'est ainsi que lorsque la maladie de la Mère Supérieure va la clouer au lit dans un état fiévreux, sœur Thérèse va commencer à se venger de Suzanne et lui infliger diverses humiliations de plus en plus prononcées pour finalement tenter de la faire déclarer possédée par le Démon.
Joe D'Amato semblera prendre un malin plaisir à mettre en avant un maximum de situations déviantes autour de son personnage central, cette Suzanne qui aura bien du mal à supporter la vie cloîtrée de ce couvent et étant entourée de nonnes libidineuses qui fantasmeront notamment sur le commis local, muet et bien entendu jeune et musclé. Mais le métrage deviendra encore plus blasphématoire en avançant ce prêtre, lui aussi jeune, qui ne restera pas insensible au charme de Suzanne pour une relation ambiguë qui trouvera son point d'orgue lors de la scène plus compromettante du film au cours de laquelle les deux pêcheurs vont se livrer l'un à l'autre malgré une grille les séparant.
Par contre, la dernière partie du métrage, qui laissera sœur Thérèse chercher à faire passer Suzanne pour une possédée, sera quand même plus faible, aussi bien en avançant cet exorciste caricatural et manipulateur qui va chercher à délivrer Suzanne par quelques moyens bien graphiques et ouvertement salaces (l'eau bénite diluée dans la vagin) qu'en mettant ensuite en place un simulacre de procès qui viendra clore les débats et exacerber la petitesse de certains protagonistes qui vont laisser tomber Suzanne alors qu'elle plaidait son innocence, avant qu'un dernier pied de nez vienne ajouter eu côté souriant et farceur du métrage.
Le réalisateur laissera également quelques petites violences obligées venir donner un aspect graphique à l'ensemble, pour par exemples laisser Suzanne se faire fouetter à plusieurs reprises ou encore recevoir des gifles.
Mais outre l'érotisme omniprésent avec ces religieuses qui se dénuderont plus que de raison, le charme du métrage viendra notamment de ces seconds rôles qui graviteront autour de Suzanne, avec cette sœur Agathe débauchée, cette autre qui sera plus qu'intéressée par le jeune muet ou encore cette religieuse qui aidera dans la mesure de ses moyens Suzanne contre vents et marées, pour donner un minimum de consistance à l'intrigue et apporter encore plus d'occasion au réalisateur de nous livrer des situations coquines et irrévérencieuses, même si ici l'érotisme n'ira jamais bien loin pour quasiment uniquement se repaître de la beauté charnelle des jeunes femmes habitant le couvent.
Les principaux personnages seront quand même montrés sous un jour peu reluisant, les nonnes et surtout la Mère Supérieure en place préférant le péché de chair à son vœu en premier lieu, mais également évidemment cette sœur Thérèse qui sera prête à tout pour se garantir la place de Mère Supérieure au décès de celle officiant pour l'instant, tandis que même le prêtre montrera son vrai visage lors du final et que les hautes instances religieuses ne seront pas en reste en préférant sacrifier une âme pour ne pas faire perdre la face à l'Eglise.
L'interprétation est cohérente, portée par une Eva Grimaldi à la beauté charmante mais au visage inexpressif, alors que nous retrouverons pour un petit rôle Gabriele Tinti (qui fut l'époux de la "Black Emanuelle" Laura Gemser), tandis que la mise en scène de Joe D'Amato s'acclimatera plutôt bien de la pauvreté des décors tout en garantissant un rythme constant à l'ensemble.
Donc, ce "Le couvent des pécheresses" restera un "nunsploitation" largement agréable à suivre grâce à ses protagonistes et son érotisme bien présent, mais qui n'ira jamais trop loin dans ses déviances !
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