Majid Majidi filme simplement une histoire simple : celle d'un petit aveugle mal aimé de son père (un charbonnier misérable) et qui en mourra, victime innocente d'une autre victime innocente-mais la mort d'un enfant est toujours plus insupportable que la souffrance d'un adulte. Le film est aussi une analyse de la différence quand celle-ci, refusée par la communauté, est perçue comme une tare qu'il faut cacher puis éloigner. Le père vit l'infirmité de son fils comme une calamité, une punition imméritée. Dans sa folie il perd tout : pour pouvoir se marier il éloigne l'enfant, inconscient des souffrances qu'il lui inflige. Lorsque l'enfant tombe à l'eau il hésite à le secourir et ne plonge que lorsqu'il est trop tard. Sur le rivage il retrouve le corps sans vie de son fils. La main inerte du garçon qu'il serre sur son coeur se met à bouger dans un rayon de lumière jaune, ce jaune qui est peut-être la couleur de Dieu ou du paradis que le petit aveugle contemple enfin. Majidi se jette dans son sujet sans ménagement, ne reculant ni devant les effets mélodramatiques ni devant les ressorts fantastiques, mais sa spiritualité et son talent lui permettent d'affronter les situations extrêmes. Au final un film magnifique.
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