Enseigner n'est pas ce que l'on pourrait appeler un métier de tout repos. Jean-Paul Lilienfeld le démontre en nous faisant assister en direct à un pétage de plomb en règle.
La scène semble se passer dans un collège dit de "zone sensible", le vocabulaire employé ne laisse pas de glace, tout n'est qu'injures, propos raciste ou dégradant. Sonia Bergerac subit les brimades de ses élèves sans sourciller, semblant rompue et habituée à leurs comportements. Très vite nous rentrons dans le vif du sujet où la prof se trouve par accident en possession d'une arme, elle décide grâce à ce moyen persuasif d'obliger ses jeunes à suivre son cours.
La méthode n'est pas franchement nouvelle, il suffit de se remémorer Class 1984 et ce prof de sciences naturelles joué par Roddy McDowall, déjà à cette époque ce dernier usé de cet artifice pour se faire entendre.
Cette prise d'otages imprévisible permet de jeter pêle-mêle sur la scène de ce petit théâtre, pas mal de problèmes de société, la religion, le racisme, le sexe ou cette énorme machine difficilement contrôlable qu'est l'éducation nationale. En voulant faire instaurer "la journée de la jupe", le message pour redonner une certaine dignité à la femme est bien passé mais est-ce que le réalisateur s'est donné toutes les chances ? Dans ses moments calmes, la prof permet d'établir un véritable contact avec cette jeunesse si désoeuvrée et de faire un peu plus le tri de tous ces problèmes jetés à la volée.
Mais malheureusement la seconde partie tombe dans la bouffonnerie pour reprendre le dialecte des jeunes, le réalisateur perd le fil de son sujet pour sombrer dans le polar de seconde zone sans grand intérêt, poussant même le ridicule en rappelant de justesse la vocation d’un enseignant, aider ses élèves.
Isabelle Adjani comme d'habitude oscille entre l'état de grâce et l'hystérie, malgré tout sa performance met 3 bonnes longueurs d'avance au reste de la troupe. Yann Collette et Nathalie Besançon sont franchement mauvais, Denis Podalydès derrière ses paroles apaisantes nous agace au plus haut point, quant aux jeunes on ne pourra pas leur reprocher leur manque de naturel.
Au final quel gâchis, car la volonté était louable, on peut pardonner au réalisateur de ne pas détenir les solutions, mais chercher à s'en sortir par une telle pirouette finale mérite assurément un blâme ! Le huis-clos se suffisait vraiment à lui-même !
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