|
Mélange de western typique sur fond de comédie largement souriante et ne cherchant jamais à parodier le genre pour au contraire imposer un humour de situation savoureux, ce "Ciel de plomb" arrivera à doser avec justesse chacun de ses composants pour ainsi toujours maintenir l'équilibre entre ses passages amusants qui seront souvent brusquement contrebalancés par une violence et un nihilisme parfois choquant.
Le script va suivre la rencontre entre un homme vivant d'arnaques (mais poursuivi par des brigands qui veulent le tuer) et une de ses victimes avec qui il va sympathiser.
D'entrée le métrage va lancer son action par une attaque de diligence par une bande de hors-la-loi ne recherchant à piller mais pensant trouver à l'intérieur quelqu'un qui ne sera pas présent, ce qui n'empêchera pas la bande d'abattre les trois passagers, dont une jeune femme, le chef, Roger Pratt achevant même un blessé avant de tuer également celui ayant eu le mauvais renseignement. Peu après arrivera sur place un homme, Tim Hawkins, qui enterrera les cadavres, bientôt aidé par un inconnu qui après l'avoir observé viendra se joindre à lui dans cette tâche funèbre, le tout sans échanger un mot pour une séquence lourde et lugubre.
La suite changera complètement de ton pour voir débarquer en ville un groupe d'hommes qui vont se ruer sur le saloon et se mettre à boire et à faire la fête dans une bonne humeur qui sera finalement troublée par Tim qui va retrouver par hasard celui qui l'avait aidé à enterrer les corps en pleine partie de poker pour lui dire qu'il a affaire à des tricheurs, déclenchant ainsi de fait une bagarre générale aussi survoltée que cartoonesque, les deux hommes finissant par être expulsés du saloon.
Le métrage pourra alors véritablement se lancer dans la présentation de ces deux personnages centraux, Tim, un beau parleur bien plus intelligent que la moyenne et utilisant cet atout pour tromper et embobiner son entourage et justement Harry, un homme bourru quelque peu benêt qui ne semblera pas être trop perturbé par le fait de s'être fait floué au poker puisqu'il possède de l'or caché sur lui. Tim va lui conseiller de placer cet or à la banque, en lui conseillant de se rendre dans une ville voisine le lendemain où la banque est réputée pour sa sûreté, se proposant même de l'épauler pour les formalités administratives.
Harry va donc se rendre dans cette ville aussi déserte que délabrée, où il retrouvera Tim pour pénétrer dans cette banque sommaire où Harry va déposer son or avant de repartir, sans se rendre compte du piège tendu par Tim qui dès que sa victime aura le dos tourné, va se partager l'or avec ses complices. Mais Harry se sentira obligé de faire demi-tour vu qu'il aura mis son reçu dans une poche percée, découvrant ainsi la supercherie pour aussitôt se mettre à la recherche de Tim. Cette tromperie sera la première d'une longue série qui verra Tim redoubler d'imagination pour extorquer de l'argent aux crédules croisés en chemin, tandis que bien évidemment il sera l'homme recherché par Pratt et sa bande, et Harry, qui ne tardera pas le retrouver, va rester auprès de lui, d'abord dans l'espoir se faire rembourser, mais progressivement une amitié va naître entre els deux hommes.
L'humour du métrage viendra essentiellement du personnage de Tim qui, en plus de ses réparties souriantes, va multiplier les pièges impossibles pour berner son monde, avec par exemple ce faux télégraphe payant installé dans un village reculé ou cette femme-sirène de pacotille, mais Harry fera aussi les frais des mensonges de Tim, quand ce dernier trouvera une jolie veuve bien à son goût par exemple et invoquera une histoire de magot caché pour se débarrasser provisoirement de Harry. Ces duperies ne seront jamais répétitives ou lassantes pour toujours apporter une bonne humeur souriante et plaisante sur un ton léger qui ne durera pas éternellement puisque régulièrement Pratt et sa bande viendront se mêler à l'intrigue pour apporter une violence froide et même un sadisme mesuré, tout en ne faisant preuve d'aucune pitié pour ne pas hésiter à tuer gratuitement certains personnages annexes du film, pourtant eux aussi attachants.
Car le métrage pourra aisément compter sur ses deux protagonistes principaux pour rendre l'ensemble croustillant et plaisant à suivre, avec bien entendu ce Tim à l'identité trouble et aux habitudes étranges (comme celle de ne pas être armé), embobineur de première pas forcément très loquace mais qui parviendra toujours à ses fins, tandis que son acolyte présentera une naïveté attachante et amusante mêlée à ce caractère bourrin et faussement brutal, ce qui tranchera logiquement avec la perfidie et le sadisme des Pratt (le père de Roger rejoignant la bande au cours du dernier acte pour apporter encore un peu plus de sadisme), tandis que l'ensemble pourra se prévaloir d'une interprétation remarquable, avec évidemment Giuliano Gemma qui imposera son charisme naturel dans le rôle de Tim, tandis que Mario Adorf nous gratifiera d'une prestation vraiment attachante dans le rôle de Harry. La mise en scène de Giulio Petroni est efficace, convaincante pour forger les séquences d'action et efficiente pour créer sporadiquement une ambiance tendue ou nihiliste.
Donc, ce "Ciel de plomb" réussira ce mariage toujours délicat entre humour et violence pour parvenir à laisser ces deux aspects s'exprimer de manière complémentaire, l'ensemble bénéficiant en outre d'une interprétation de qualité qui rendra l'implication du spectateur réelle par son attachement à ce duo comique mais qui arrivera à ne jamais sombrer dans la parodie !
|
