Jouant sur des situations totalement absurdes qui vont de mal en pis, le scénario des frères Coen montre qu’à partir de rien du tout, il peut arriver des choses terribles. Tous les acteurs du film sur-jouent et participent à une ambiance globale certes drôle mais particulièrement cynique.
Car si les frères Coen sont sans nul doute en mode mineur avec ce film, en revanche dans leur critique ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère.
Tous les maux que l’on peut constater dans notre société actuelle, et particulièrement aux Etats-Unis sont passés en revue : il y a d’abord le culte du corps avec une femme qui veut faire de la chirurgie esthétique ou encore un homme qui s’est fait implanter des cheveux qui est évoqué dans le film. Toujours sur cette question, il y a le travail de Chad et Linda dans un gymnase. Le sport est vu comme quelque chose de nécessaire pour améliorer son physique.
Les frères Coen critiquent également une société où la notion de fidélité semble avoir bien disparue. Les personnages sont d’ailleurs assez cyniques. Katie Cox trompe sans vergogne son époux mais elle ne sait pas que dans le même temps, son amant, Harry, fréquente plusieurs femmes. On apprendra même plus tard dans le film que l’épouse d’Harry, qu’on pensait assez sérieuse sur ce point, trompe également son mari ! Bref, on assiste à un véritable mic-mac où tous les coups sont permis en amour, à partir du moment où le conjoint ne l’apprend pas. En plus d’apparaître comme des gens infidèles, les Américains sont présentés comme de véritables obsédés sexuels, à l’image du personnage d’Harry, qui a conceptualisé un fauteuil très spécial.
En rapport avec l’amour, on notera que les frères Coen balancent également sur les sites de rencontre où l’on ne cherche (d’après le film) quasiment que des rencontres d’un soir et où l’on n’hésite pas à tromper son conjoint. Les sentiments sont visiblement rares.
Dans une société où les valeurs morales ne sont plus de mise, on ne s’étonnera pas que l’une des dernières grosses critiques des frères Coen a lieu contre cette société où l’argent est le maître mot. Le personnage de Chad, bien débile, en est le meilleur exemple. Ce personnage est complètement à la ramasse, ce qui donne lieu à des scènes assez drôles, puisqu’il cherche coûte que coûte à récupérer de l’argent en faisant chanter Osbourne Cox. D’ailleurs, l’épouse de ce dernier est également obnubilée par l’idée de récupérer les livrets d’épargne de son époux.
En dressant un portrait peu flatteur mais assez réaliste de notre société actuelle (même si tout est exagéré), les frères Coen donnent une certaine substance à un film qui peut paraître inoffensif au premier abord.
Car on restera avant tout intéressé par les aventures des différents personnages du film, qui sont servis en l’occurrence par des acteurs qui en font des tonnes. La distribution, qui rassemble George Clooney, John Malkovich, Tilda Swinton, Frances McDormand, Brad Pitt ou encore Richard Jenkins, est excellente. George Clooney interprète par exemple parfaitement le rôle d’un véritable obsédé sexuel qui passe de femme en femme sans aucun remord. Brad Pitt est également très bon avec son personnage à moitié demeuré. Les femmes ne sont pas en reste, le personnage joué par Frances McDormand étant quasiment l’alter ego féminin de Chad (joué par Brad Pitt).
Au final, Burn after reading est à prendre pour ce qu’il est, c’est-à-dire un pur moment de détente.
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