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Western peu connu de Sergio Corbucci, ce "Les cruels" aura pourtant largement de quoi captiver avec son intrigue vraiment originale et sortant des sentiers battus du genre qui comportera son lot de rebondissements, de suspense avec même un brin de fantastique dans l'ambiance de certains passages.
Le script va prendre place à la fin de la guerre de sécession et laisser un chef de famille sudiste et ses trois fils attaquer un convoi pour y dérober un butin en billets de banque qu'ils espèrent ramener dans la sud grâce à un stratagème ingénieux et ainsi pouvoir reformer un régiment capable de reprendre la lutte armée contre les yankees, mais leur route sera parsemée d'embûches.
Le métrage va tout de suite lancer son intrigue en avançant cet imposant convoi de militaires nordistes transportant des "vieux" billets de banque que le gouvernement veut détruire afin de les remplacer par des nouveaux et qui va tomber sur un duo composé d'un homme, Ben, et d'une veuve, Kitty, accompagnant le cercueil de son défunt mari mort au combat pour quelques vérifications d'usage, mais sans que l'attaque attendue n'ait lieu. En effet, l'intrigue va ensuite laisser passer un splendide générique qui suivra ce convoi en détail pour une traversée de rivière et nous présenter les autres personnages principaux et notamment Jonas, un père de famille que nous découvrirons pour une courte prière entouré de ses compagnons d'armes avant de passer à l'action.
L'heure de l'attaque du convoi yankee aura sonné et Sergio Corbucci va nous livrer un morceau de bravoure foncièrement violent et magistralement mis en scène qui suivra la déroute des yankee qui vont tous y passer, le réalisateur détaillant même les plans de mises à mort sanglantes qui fera même rougir la rivière. Jonas se débarrassera de deux de ses acolytes pour ainsi se retrouver seule avec ses deux fils et bientôt rejoint par le troisième, Ben et la fausse veuve. Car en effet, le plan de Jonas pour pouvoir ramener les billets jusqu'à son ranch sans se faire prendre est de les cacher dans un cercueil et de faire croire à tout le monde qu'il ramène son gendre tombé sur un champ de bataille chez lui, en compagnie de la veuve, une femme alcoolique embauchée pour jouer la comédie en cas de besoin.
Cette mise en place de l'intrigue permettra au réalisateur d'installer rapidement l'enjeu principal du métrage tout en nous présentant ses principaux protagonistes pour bien insister sur le fanatisme de Jonas, fanatisme pas forcément partagé par ses fils, et pour s'amuser avec le personnage de Kitty, cette femme portée sur l'alcool et qui va générer des situations souriantes (la mousse à raser), mais aussi accumuler les erreurs, comme lors d'un premier contrôle d'une brigade de soldats yankees à la recherche des voleurs, pour une situation blindée d'un suspense tendu.
Mais ce ne sera que le début des déboires pour le petit groupe qui va bientôt voir Kitty tenter de s'enfuir avec le butin pour être finalement rattrapée et tuée par Jeff, un des trois fils, le plus névrosé et en plus porté sur les femmes. Jonas va donc charger Ben d'aller dans la ville la plus proche pour retrouver une nouvelle "veuve", laissant l'intrigue nous gratifier pour l'occasion d'une classique partie de poker truquée et d'une bagarre dans le saloon mais finalement Ben va revenir avec une demoiselle, Claire dont il va peu à peu s'éprendre, surtout qu'il devra la protéger des ardeurs de Jeff, ce qui ne fera d'exacerber la tension déjà sous-entendu à l'intérieur du clan.
La suite de l'intrigue va nous réserver bien des surprises et des rebondissements périlleux qui profiteront toujours de cette peur de Jonas de voir son stratagème découvert par les différentes personnes qu'ils vont croiser, avec même un brin d'ironie de la part du réalisateur avec ces irrésistibles situations liées au choix du nom du cadavre soi-disant transporté, tandis que le destin va rattraper le groupe de façon certes quelque peu attendue sur le fond, mais pour adopter une forme inattendue lors d'un final magnifique, funèbre et sans espoir, mais lui aussi terriblement sarcastique.
Le métrage pourra également compter sur des protagonistes bien travaillés et possédant de vraies personnalités distinctes et riches pour aussi bien servir l'intrigue et engendrer des événements défavorables à cette fuite que pour donner de l'impact à l'ensemble avec par exemple le charisme froid et fanatique de ce Jonas aussi protecteur envers ses fils que violent avec eux (et les autres) lorsqu'ils commettront des erreurs, et tandis que pour une fois une femme se retrouvera au centre de l'action et imposera des choix surprenants qui impacteront la suite des événements de manière évidente et terriblement bien trouvé, l'ensemble bénéficiant d'une interprétation de qualité, menée par un Joseph Cotten impérial dans le rôle de Jonas.
On retrouvera bien entendu ici le style de Sergio Corbucci, certes de manière moins appuyée que dans d'autres titres de sa filmographie, mais ce sera pour nous gratifier de plans remarquables (bien épaulés par d'admirables décors naturels) telle cette splendide traversée d'un cimetière en plein orage qui lorgnera vers le fantastique pur avec son esthétisme presque baroque, ou encore cette sanglante et violente attaque de convoi du début du film, et tandis que l'esprit de dérision du réalisateur se retrouvera régulièrement, de façon certes discrète, mais oh combien savoureuse, pour parfis laisser sa place à un brin de sadisme bien méchant.
Et bien entendu le métrage connaîtra un excellent rythme qui ne laissera jamais de répit au spectateur ou aux personnages grâce à des rebondissements et un enchaînement de situations sans temps mort qui ne sera même pas perturbé par la bluette naissante entre Ben et Claire.
Donc, ce "Les cruels" restera un très bon western largement recommandable même s'il ne fait pas partie des titres de "gloire" de son réalisateur et qui méritera donc d'être amplement plus connu et reconnu par son intrigue originale, prenante et chargée en surprises et en tension et également pour son interprétation remarquable et sa mise en scène impeccable !
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