Le loto ça peut rapporter gros, derrière ce slogan que tout le monde connait, les frères Cohen nous démontrent en adaptant le roman éponyme de l'écrivain américain Cormac McCarthy, que le loto peut également coûter gros.
Dès les premières minutes et ces plans magistraux, l'absence de musique et ces gestes savamment dosés, nous sentons une atmosphère léonienne nous envahir peu à peu. La découverte de cadavres en plein désert amène déjà les premières tensions, chaque pas, chaque regard, chaque seconde laisse présager qu'un type peut nous sauter dessus. Toujours pas la moindre note de musique et ce chasseur qui pousse sa curiosité à ouvrir ce pick-up. La tension est au paroxysme et ça ne fait que commencer. Llewelyn met la main sur un magot qui va sacrément lui pourrir la vie et nos nerfs, surtout avec ce tueur complètement déjanté ayant déjà fait une victime lors d'un prologue extrêmement violent et qui va se mettre à sa poursuite.
Ce plaidoyer sur la nouvelle violence nous tétanise autant que ce pauvre shérif déboussolé, sa mission de nous protéger vole en éclat face à ce type de prédateur et son impuissance à l'arrêter le pousse irrémédiablement vers la sortie. Non ce pays n'est pas pour le vieil homme, la mise en garde est claire, la mise en scène sublime, la mise au point limpide.
Ce film inclassable, comme c'est souvent le cas pour ces deux frères, alterne tous les genres avec une incroyable virtuosité, réussir à maintenir une telle tension frise le génie à la limite de l'arrogance, une telle facilité doit en énerver plus d'un. Les scènes cultes jalonnent ce métrage, ici la mort se joue à pile ou face, une station service, une route, une chambre d'hôtel, la mort est votre plus proche alliée, ce n'est qu'une question de temps.
Javier Bardem est fabuleusement monstrueux dans tous les sens du terme, la mort a un visage. Josh Brolin en pragmatique est épatant, il demeure la seule frontière acceptable avec nos valeurs, l'appât du gain ne le déviant pas de certains codes d'honneur. Et il reste le spectateur, Tommy Lee Jones, sa justesse de jeu n'a d'égale que son impuissance et son désappointement.
Un authentique chef d'oeuvre !
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