Western s’attachant à mettre en avant la stupidité de la guerre ayant existé entre indiens et américains, ce "Au-delà de la haine" devra hélas composer avec un budget restreint qui restera souvent visible à l'écran et qui n'aidera en aucun cas le métrage à illustrer son propos classique et mené de manière assez confuse et aléatoire, mais tout en s'offrant quelques passages tragiques assez bien construits.
Le script va suivre le destin croisé d'un frère et d'une sœur dont les parents ont été massacrés par les indiens, la fillette ayant été recueillie et élevée parmi les indiens tandis que la garçon va rentrer dans l'armée américaine.
Après une courte introduction suivant des indiens fuyant les restes enflammés et exposants d'un convoi d'hommes blancs attaqué pour une première séquence déjà assez amusante avec ces explosions déclenchées on en sait comment et qui vont presque mettre en péril ces quelques indiens alors que ce sont eux qui sont censés avoir attaqué, le métrage va rappeler grâce à une voix-off l'interminable combat que se livrent les "visages pâles" envahissant les terres ayant appartenues aux indiens. Ce sera pour ensuite laisser l'intrigue nous présenter cette famille typique et bien-pensante de manière mielleuse et presque niaise avec ce père de famille rentrant du village pour être accueilli par sa femme et ses deux enfants, enfants qui auront droit à des cadeaux, dont un pendentif orné d'une médaille identique pour chacun, tandis que les phrases sentencieuses et dictées par la morale vont fuser dans un esprit extrêmement candide frôlant la stupidité.
Ce sera donc presque avec soulagement que le spectateur va voir débarquer ces indiens qui vont attaquer la maisonnée, tuant les parents, laissant le petit George pour mort et embarquant la fillette lors d'une scène essayant plutôt vainement de se donner une petite ampleur dramatique et desservie par des mises à mort guère crédibles. Ensuite et sans transition, nous aurons droit à une attaque d'un groupe de "visages pâles" par des indiens qui vont les entourer tout en se faisant tirer dessus, sans que ce passage n'ait le moindre rapport direct avec l'intrigue, mais ce n'est pas grave, cela fait joli et amène un peu d'action, même si cela restera complètement gratuit.
L'intrigue va alors pouvoir réellement démarrer, sans penser à préciser qu'un bond dans le temps aura été opéré, pour avancer les deux groupes opposés avec d'un côté cette tribu indienne, son chef nommé "Nuage noir" et son fils, "Cerf-volant" responsable des guerriers, un valeureux combattant pour la cause indienne qui trouvera du temps pour compter fleurette à sa dulcinée Loana (que nous pressentirons sans aucun effort être la fillette enlevée auparavant), et de l'autre côté les soldats américains préparant un convoi d'armes sous l'injonction du colonel Morrison.
Le métrage s'éparpillera en s'amusant à avancer quelques séquences légères, comme ce soldat, Austin, qui abandonnera ses camarades pour aller retrouver une femme de petite vertu et la câliner dans la paille, tandis que sans aucune annonce nous apprendrons que parmi les soldats engagés pour transporter les armes se trouve un certain Wilson, "ayant un compte à régler avec les indiens", tandis que pendant ce temps-là, un traite américain ira prévenir les indiens du départ imminent et de l'itinéraire du convoi d'armes contre des pépites d'or qu'il espérera soudoyer aux indiens et guidé par une naïveté qui évidemment le perdra.
Le convoi se mettra en marche, portée par une musique héroïque qui tranchera avec cette petite dizaine de figurants à l'écran, pour bientôt faire halte pour la nuit dans une forêt, ce qui permettra au réalisateur d'approfondir encore la présentation de certains personnages, dont ce Austin qui, ivre, racontera brièvement ses malheurs, laissant ainsi bizarrement une ampleur dramatique s'installer pour être encore confortée lorsque les indiens vont attaquer les hommes blancs, les tuant tous sauf deux qui seront faits prisonniers et laissant inanimé ce Austin qui après avoir découvert ses compagnons de route morts avant de tenter de rejoindre la ville. Le métrage nous livrera alors sa meilleure séquence en prenant place dans le saloon de la ville animé d'une gaieté bien superficielle avec cette petite bagarre souriante et cette chanteuse ratée qui fera son show sous les yeux des buveurs et des soldats restés sur place et du colonel Morrison, bonne humeur qui sera brusquement anéanti par l'arrivée d'Austin ensanglanté qui s'écroulera juste après être rentré, en criant "Les indiens". Ceux-ci auront donc fait deux prisonniers, dont évidemment ce Wilson qui blessé sera soigné par Loana qui bien entendu découvrira la médaille, identique à celle qu'elle possède depuis sa tendre enfance parmi les indiens. Tandis que la mémoire va lui revenir, le colonel Morrison va décider de régler une bonne fois pour toutes la question des indiens en lançant une offensive contre le village indien de "Cerf-volant".
Cela donnera un assaut manquant terriblement d'ampleur et de figurants pour donner une impression d'attaque massive, les soldats américains ne devant pas être plus de trente, tandis que les indiens ne seront pas plus nombreux, faisant ainsi éclater la rigueur du maigre budget alloué au film et rendant dérisoire cette séquence se voulant grandiose, laissant un final tragique et volontairement pathétique venir clore les débats de manière assez émouvante et ponctuant bien l'absurdité de cette guerre.
L'intention du réalisateur était pourtant louable, en choisissant pour illustrer ce conflit de mettre quasiment dos à dos les deux parties, avec ces indiens n'hésitant pas à massacrer des civils innocents, tandis que les américains ne feront preuve d'aucune pitié et porteront le coup de grâce par un acte individuel stupide, tout en essayant de montrer que chacune des deux parties en présence se rendait compte que la paix serait une bonne chose pour tous. Mais hélas, l'intrigue aura largement tendance à se montrer approximative en s'attardant sur des développements inutiles (comme cette épreuve de la hache pour "Cerf-volant") et à manquer de lisibilité dans l'exposition de ses enjeux, tout en minimisant terriblement l'aspect émotif des retrouvailles de ce frère avec sa sœur, pour une sous-intrigue délaissée et inexploitée, Wilson ne sachant même pas au final que Loana était sa sœur.
Les limites du métrage seront omniprésentes, avec un nombre de personnages réduit, des décors cruellement minimalistes et des costumes pour toujours crédibles, ce qui ne sera pas entièrement compensé par une interprétation pourtant convaincante, avec notamment une Stefania Nelli expressive dans le rôle de Loana et un Jeff Cameron souvent réaliste pour jouer "Cerf-volant", ce qui ne sera hélas pas franchement le cas des figurants censés représenter les indiens. La mise en scène d'Alessandro Santini peinera à donner du rythme à l'ensemble tout en semblant constamment hésité entre un ton souriant qui rendra légères un certain nombre de situations et cette portée dramatique illustrée de manière aléatoire mais régulièrement probante.
Donc, ce "Au-delà de la haine" ne pourra en aucun cas espérer marquer les esprits ou seulement passionner à cause de son intrigue trop superficielle et mal gérée qui sera guère secondée par un budget restreint rendant presque pitoyable certaines phases du film !
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