Après l'incroyable efficacité de son miraculeux remake de "Massacre à la tronçonneuse", on était légitimement en droit d'attendre quelque chose de cette nouvelle version d'"Amityville", à nouveau produite par Michael Bay. Hélas, si le métrage reste largement regardable et parvient à capter l'attention tout en bénéficiant de quelques effets réussis, le résultat est quand même largement mitigé.
Pourtant le script récupère globalement celui du film de 1979 pour nous conter l'arrivée mouvementée, accompagnée d'événements étranges, de cette famille recomposée dans la demeure où peu de temps auparavant un adolescent massacra ses parents et ses frères et soeurs.
Ainsi, le métrage commence par nous faire revivre la nuit du carnage initial pour une séquence au bon graphisme, bien orchestrée et laissant donc présager du meilleur, avant de présenter ses personnages principaux qui vont tout de suite faire déchanter le spectateur. En effet, outre l'obligatoire remise au goût du jour des protagonistes pas spécialement judicieuse, le côté superficiel et stéréotypé de ce jeune couple n'aide aucunement à la moindre identification, d'autant plus que la crédibilité n'a pas semblé être le souci majeur des auteurs ( en effet, comment croire en l'actrice Melissa George mère de trois enfants, dont le plus âgé aurait douze ans ? ). Ensuite, si les différentes situations reproduisent en partie la trame générale du film de Stuart Rosenberg, la volonté trop évidemment affichée de mettre en avant des effets visuels entraîne une accumulation de séquences qui, au lieu de générer des frissons, finissent par laisser indifférent, tant le spectateur s'attend ( à raison ) à une apparition ou à toute autre manifestation démoniaque lors de chaque séquence, vendangeant de la sorte l'efficacité des effets qui n'arriveront donc que très rarement à atteindre leur but.
Et donc, là où la version originale avait la bonne idée de laisser notre imagination travailler en ne montrant pas tout, c'est porté par la nouvelle vague horrifique que ce remake se croit obligé de céder à la tentation de la surenchère pour une visualisation généralisée de ce qui hante la maison ( symbolisé par le personnage de "Jodie", qui d'une quasi invisibilité passe ici à une présence à l'écran détruisant le mystère, en plus de s'éloigner complètement de la "véritable" histoire ).
Mais, paradoxalement, ce seront justement uniquement quelques unes de ces séquences graphiques qui donneront de l'intérêt au métrage au travers de scènes très graphiques ( le sort réservé à la baby-sitter, l'exploration finale du sous-sol ), car à aucun moment le film ne saura créer une quelconque ambiance, ni générer de la tension ( toujours à cause de ces effets parfois grotesques ) et surtout, en focalisant l'intrigue sur le personnage de George Lutz et sa décrépitude mentale, le métrage occulte beaucoup trop visiblement ses autres aspects ( en particulier l'aspect religieux, ici bâclé le temps de nous refaire la séquence du prêtre et des mouches, pas foncièrement utile même, à la vue du contexte ),et lorsqu'il tente d'approfondir l'origine de la hantise de la maison, ce ne sera que pour essayer vainement de choquer avec des effets gores certes assez graphiques, mais presque hors-sujet.
Enfin, le réalisateur ne gère pas forcément de la meilleure manière ses effets, notamment l'utilisation récurrente du "rêve dans le rêve" qui tombe définitivement à plat justement par son aspect répété, surtout lors d'un final à l'intensité plus que douteuse.
L'interprétation n'aide pas spécialement le métrage à gagner en crédibilité, comme on a pu le voir, et en plus Ryan Reynolds, malgré une bonne volonté évidente, a bien du mal à être réaliste en "possédé", un teint cireux et des lentilles de contact ne faisant pas tout. Les effets spéciaux sont probants, même si leur abondance nuit gravement au résultat final, aussi bien dans des maquillages réussis que pour des effets sanglants assez généreux.
Donc, à force de vouloir ressembler à un train fantôme pour espérer effrayer le spectateur, cette nouvelle version d'"Amityville" dérape et manque le coche, tout comme un certain "Hantise" de sinistre mémoire, prouvant ainsi que les maisons hantées n'aiment pas être revisitées !
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