C'est à un Tim Burton en grande forme que nous devons ce "Beetlejuice", maniant un humour noir délicieux au service d'une intrigue prétexte à des situations délirantes et joyeusement loufoques.
Le script suit le difficile apprentissage de la condition de fantôme pour un couple récemment décédé et obligé de rester hanter leur maison, bientôt habitée par une famille insupportable.
Le métrage nous présente directement ses deux personnages principaux, un couple heureux de vivre, Adam et Barbara, s'apprêtant à passer deux semaines de vacances dans leur maison, pour aussi bien y effectuer quelques travaux que pour permettre à Adam de s'occuper de sa maquette représentant leur village.
Mais hélas pour eux, un stupide accident de voiture va les tuer et les transformer en d'invisibles fantômes, nous faisant vivre avec eux cette transition dont ils auront bien du mal à s'accommoder, même s'ils vont rapidement se rendre compte qu'ils sont morts.
L'entame du film sera très gaie et souriante, pour mettre en avant ce couple visiblement bien assorti, et même leur accident de voiture prendra une tournure dérisoire et humoristique ( le chien ), tout comme les quelques situations au cours desquelles ils vont se rendre compte de leur passage dans l'autre monde, mais ce sera l'arrivée de cette famille new-yorkaise qui va lancer véritablement le film, avec une présentation de ces nouveaux protagonistes terriblement sarcastique et ironique, mais devenant également douloureuse pour notre couple de fantômes qui va voir leur habitat complètement remodelé au goût exécrable de l'épouse du nouvel occupant, tandis que leur fille au style "gothique" devinera bien vite la présence des fantômes et cherchera à en savoir plus sur eux.
Ensuite, après un passage dans les "bureaux" de l'au-delà jubilatoire dans son humour macabre excellent, le métrage va faire appel au Beetlejuice du titre, un bio-exorciste soit-disant capable de chasser les vivants des lieux, pour se focaliser quelque peu sur ce personnage haut en couleur, roublard et passablement pervers qui va essayer d'embobiner notre couple sous prétexte de les aider, avant que la nouvelle famille ne prenne conscience de l'existence d'Adam et de barbara dans leur condition fantomatique et ne cherche à exploiter cette situation.
Si le réalisateur a réussi au travers des déboires de ce couple envahi par cette famille irritante au possible ( surtout le personnage de cette femme artiste raté et de son conseiller aussi excentrique qu'elle ) à confronter deux styles de vie complètement différents, ce sera surtout grâce aux situations empruntant au fantastique que Tim Burton pourra insuffler une énorme dose de délire extrêmement jouissif et débridé, aussi bien lorsque le couple de fantômes va tenter d'effrayer les nouveaux arrivants ( avec les excellentes scènes du placard et du bureau jouant sur un grand-guignol macabre excessif ), qu'ensuite lors de tentatives plus frontales, débouchant sur une séquence de danse de "Calypso" tordante et décalée.
Mais les passages des deux fantômes dans le monde des morts seront aussi porteurs de détails d'un comique macabre imparable, entre cette salle d'attente peuplé de spectres très graphiques souriants et ces employés portant de terrible stigmates des causes de leur mort.
Enfin, le personnage de Beetlejuice enfoncera largement le clou en nous offrant un personnage obscène, à la limite du graveleux, qui servira le réalisateur pour se livrer à de nombreuses péripéties décoiffantes mais toujours accompagnées de humour loufoque flirtant régulièrement avec le macabre.
Les différents personnages présenteront des personnalités fouillées malgré une certaine légèreté de l'ensemble, notamment la fille de la famille new-yorkaise, dont certains tourments liés à l'adolescence seront ici présentés avec beaucoup de pudeur ( le suicide ), mais ce sera bien entendu la bonne humeur et la dérision qui caractériseront la plupart des protagonistes, même si on sent bien la sympathie allant naturellement au couple vedette.
L'interprétation est convaincante, porté par un duo formé par Alec Badwin et Geena Davis excellent de naturel même dans des situations saugrenues, tandis que Michael Keaton excelle dans un rôle à contre-emploi.
La mise en scène de Tim Burton est efficace, dynamique jusqu'à donner un rythme effréné au métrage et use de ses effets de style avec brio ( avec un déjà plus qu'étonnant générique ).
Les effets spéciaux sont probants, en utilisant la stop-motion de manière adaptée, renforçant ainsi l'aspect cartoonesque du film, pour visualiser parfaitement les délires du réalisateur.
Donc, ce "Beetlejuice" restera comme un condensé de l'univers comico-macabre caractérisant le réalisateur, tout en s'affirmant comme un pur moment de folie cinématographique toujours souriant et débridé !
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